Paradoxe ! La presqu’île de Saint-Louis manque d’eau. Dans plusieurs quartiers de Ndar, le liquide précieux ne coule plus à flots, et ce, depuis quelques semaines. Les populations, désemparées, appellent au secours. Les autorités, quant à elles, rassurent.
Les images sont tristes. A Saint-Louis, les populations rencontrent d’énormes difficultés pour s’approvisionner en eau potable. Dans le populeux quartier de Pikine, c’est deux à trois camions citernes, qui font des rotations quotidiennes pour « soulager » les milliers d’âmes qui y réveillent chaque jour, les robinets étant secs.
Selon des informations obtenues, c’est quasiment le même cas dans les quartiers de Guinaw Rail, Eaux Claires, Médina Course, Goxu-Mbacc, Diaminar, ainsi qu’à Sanar où se situe l’Université Gaston Berger (Ugb). Dans ces contrées, les habitants sont de plus en plus confrontés à des problèmes de baisse de pression. Conséquence, pour avoir quelques gouttes, il faut veiller la nuit entre 3h et 5h du matin.
Pourtant, le château d’eau de Leybar, construit à hauteur de plusieurs milliards, devrait permettre de résoudre « définitivement » les problèmes de coupures récurrentes, plus précisément à Pikine et environs, selon le président de la République, Macky Sall, qui était présent lors de l’inauguration de l’ouvrage, le 5 mars 2017.
Ce château d’eau, financé à hauteur de 15 millions d’euros par la Banque européenne d’investissement dans le cadre du Programme eau potable et assainissement du millénaire (Pepam) au moment où l’actuel maire de Saint-Louis, Mansour Faye, était également le ministre de l’Hydraulique et de l’Assainissement, n’a pas encore fourni les résultats escomptés. Selon certains riverains, il s’agit d’un « simple monument ».
Face à cette situation malheureuse, la Société nationale des eaux du Sénégal (Sones) et la Sen Eau annoncent que leurs équipes sont à pied d’œuvre pour y apporter une solution durable.
On apprend, en effet, que des travaux sont en cours pour la réalisation de nouveaux ouvrages de production d’eau potable, dont une usine de traitement et un autre château d’eau.
Les assurances de la Sones et de la Sen’eau
C’est le cas de deux forages implantés à Ndiock Sall, à 50 kilomètres de Saint-Louis, avec une production globale de 8000m3 par jour, un chantier de prise d’eau à Nango, un château d’eau à Sanar et d’une nouvelle station à Khor.
Lors d’une visite des chantiers, la semaine dernière, le directeur des travaux de la Sones, Abdou Diouf, a donné des assurances sur le bon déroulement du projet, notamment le montage des équipements des deux forages, la pose de la conduite sur 50 kilomètres, l’optimisation de la distribution en faveur des quartiers déficitaires de Saint-Louis, non sans confirmer la ferme résolution à terminer les travaux suivant les directives du Directeur général de la Sones, Charles Fall, et les orientations définies par les autorités étatiques.
A l’en croire, « ce projet d’urgence, qui aborde le virage des 80% de taux d’exécution ».
Pour sa part, la Sen’eau, par la voix de son Directeur territorial, Alpha Sall, a également apporté des réponses sur l’alimentation alternée, et les dispositions prises pour soulager les populations. Interpellé, hier dimanche, sur la question dans une émission de la radio Dunya Fm Saint-Louis, il a livré quelques « éléments d’explication ».
Le premier problème, dit-il, est lié à l’essor démographique de la vieille ville. « A Saint-Louis, seule une usine de traitement d’eau approvisionne toute la ville, elle est située à Khor, avec une capacité de 18 000 m3 par jour. Elle puise le liquide de la réserve d’eau de Bango », a-t-il déclaré, soulignant que de milliers nouveaux d’abonnements sont enregistrés chaque année.
« Nous avons planifié, parce que le processus a démarré depuis plusieurs années, mais les statistiques de l’Ands montrent nettement l’augmentation du nombre d’habitants et les ouvrages n’ont pas été augmentés en conséquences »
Aussi, a-t-il pointé la forte demande, de forte consommation en cette période de canicule. Car, selon toujours Dr. Sall, « il y a des moments de la journée où l’on a le plus besoin de l’eau et la tension est parfois causée par la simultanéité. Et c’est la même durant l’année : les besoins sont démultipliés au mois de mai-juin par rapport aux mois de décembre-janvier », a rappelé le son directeur territorial de la Sen’Eau. Pour preuve, l’expert souligne qu’il y a quatre mois derrière, la situation n’était pas aussi compliquée, pourtant la capacité de production reste la même.