A la cité la Linguère de la commune de Keur Massar, les nuits sont longues. Les habitants veillent dans l’espoir de trouver de l’eau. Mais au petit matin, les robinets restent désespérément vides. Adama Diouf supporte mal ce manque d’eau. Elle a les yeux bouffis de sommeil.
La preuve de ses heures de veille dans l’espoir de trouver de l’eau. Mais rien ! Même pas de quoi se laver le visage pour être présentable. Et en cette période de chaleur pour une femme, ça devient infernal.
« J’ai deux petits enfants. Un garçon de 5 ans qui est à la grande section et depuis le matin nous manquons d’eau. D’ailleurs, le petit est allé à l’école sans prendre sa douche. J’ai vidé le peu d’eau qui nous restait pour doucher ma petite fille qui a juste cinq mois. Mon mari non plus n’a pas pris son bain. Vous imaginez ce que cela fait de se lever le matin sans prendre son bain surtout en cette période de chaleur », s’étrangle de colère Mme Diouf.
Au-dessous du robinet, se trouve une grande bassine vide. Juste à côté, les ustensiles qui ont servi au diner de la veille attendent d’être nettoyés, attirant une nuée de mouches. Dans une autre maison avoisinante à celle du couple Diouf, le chef de famille a dû aller à la boutique pour se procurer de l’eau minérale de dix litres et pouvoir se laver.
« Je peux tout supporter sauf le manque d’eau le matin. J’en ai également trouvé pour ma femme. Cette situation coute cher et ça ne peut pas continuer. Car, déjà, les charges sont difficilement soutenables. S’il faut en ajouter avec le problème de l’eau, là, nous sommes vraiment mal barrés » se désole le chef de famille.
La voisine d’à côté, Madame Diallo, est également dans la même situation.
« J’ai un nourrisson et j’ai besoin en permanence de l’eau pour faire le linge. Je suis allée chez ma voisine en chercher. Mais apparemment, nous sommes dans la même situation » déplore la jeune dame, portant sur le dos son bébé.
Dans la même cité, les maçons qui travaillent dans quelques chantiers sont également impactés par le manque d’eau. Interpellé sur la raréfaction du liquide sans lequel le travail serait au ralenti, Issa Guèye, chef de chantier, avoue souffrir de ce manque d’eau.
« Cette situation commence à durer. En temps normal, nous pouvions utiliser plus de quinze sacs de ciments. Mais avec cette situation, la journée est déjà gâtée. Tous ces jeunes qui sont là risquent de passer la journée à faire palabre » regrette le jeune chef de chantier.
Dans un autre chantier, le chef a dû avoir recours à un charretier pour lui trouver de l’eau. Pour en savoir sur les raisons de ce manque d’eau, les riverains l’expliquent par les conséquences d’un conducteur d’eau percé au niveau de la route qui mène vers le grand centre commercial Auchan.
L’endroit est en effet en chantier dans le cadre de la construction d’un autopont. Le tuyau percé inonde ainsi la ruelle. Rendant d’avantage la circulation plus difficile. Et presque dans tous les quartiers, la situation est la même. En effet, même avant que le tuyau ne soit percé, Keur Massar souffrait beaucoup du manque d’eau.
Avec Le témoin