L’évêque de Thiès, Monseigneur André Guèye, appelle au dialogue et à la concertation autour de la controverse portant sur la décision de l’institution Sainte-Jeanne-d’Arc, à Dakar, d’interdire le port de voile au sein de son établissement, afin de préserver les “belles relations” entre les religions au Sénégal.
“Ce que je peux faire, c’est d’appeler à la concertation, au dialogue et à la vigilance pour que ses pyromanes tapis dans l’ombre ne brûlent pas notre pays et ne ternissement pas nos belles relations qui existent entre les religions ici au Sénégal”, a-t-il dit.
L’évêque de Thiès, patron du diocèse de Thiès et Diourbel, s’exprimait samedi lors de la cérémonie d’inauguration de la nouvelle église de Badal, dans le département de Bambey.
Monseigneur André Guèye, évoquant la controverse née de la décision de l’école privée catholique Sainte-Jeanne d’Arc d’interdire le voile, parle d’une “situation à regretter”.
Il a souligné la nécessité de “ramener le débat à un niveau plus circonscrit dans le cadre d’une école parce que musulmans et chrétiens au Sénégal, il n’y a pas de difficultés majeures”.
L’homme d’église a magnifié la “belle cohabitation” entre musulmans et chrétiens qui pour lui “sont des frères et sœurs”.
“Nous cohabitons dans la paix. Bien sûr dans toute famille, il y a des difficultés, des problèmes mais si nous échangeons, si nous discutons, il y a toujours moyen de trouver une solution”, a indiqué Monseigneur André Guèye.
Le 1er mai dernier, les parents d’élèves de l’institution Sainte-Jeanne-d’Arc, un établissement catholique réputé de la capitale sénégalaise, avaient reçu un courriel les informant que leurs enfants devraient désormais assister aux cours avec “une tête découverte”, dans le souci de respecter “l’identité” de cette école privée catholique.
La rumeur, qui courait depuis plusieurs semaines, avait été initialement démentie par l’école dont la confirmation de la décision du port du voile a suscité depuis quelques jours une controverse, à travers les prises de position des uns et des autres.
Dans une lettre ouverte au ministre de l’Education nationale, Mamadou Talla, le Conseil national du laïcat du Sénégal, par exemple, a apporté son soutien à l’institution Sainte-Jeanne-d’Arc, accusant M. Talla d’avoir pris position, “avec un empressement déconcertant, sur un débat (…) dévoyé de son essence, en mettant au banc des accusés” l’école privée catholique.
Une sortie qui a fait réagir l’ancien ministre de l’Education nationale, Kalidou Diallo, dénonçant à son tour la “lettre ouverte d’un groupuscule de provocateurs qui, sous couvert de ce titre trompeur de laïc, est, en fait, un plaidoyer d’intégristes catholiques qui n’ont pas le courage de signer sur leur véritable identité et à visage découvert”.