Poumons vert de Dakar : Vers l’asphyxie des populations…

Par El Hassane SALL

 

Jusqu’où s’arrêtera la boulimie de nos élites dirigeantes ? Non contents d’accaparer tout le littoral situé sur la corniche ouest, privant les populations d’air pur, mais aussi de vue panoramique sur l’océan, les dirigeants ont jeté leur dévolu sur la bande des filaos de Guédiawaye. Comme si cela ne suffisait pas, c’est au tour de la forêt classée de Mbao, un des poumons verts de la capitale, de subir leur assaut.

Voudraient-ils asphyxier les populations qu’ils ne s’y prendraient pas autrement. Car accaparer leur espace vital, c’est tout simplement les pousser vers une mort certaine, étant entendu que la santé des poumons verts et bleu conditionne celle de l’humain. Parce que les arbres tiennent une place plus importante qu’on ne le pense dans notre vie de tous les jours. Outre leur fonction esthétique et apaisante qu’ils constituent dans notre cadre de vie, ils possèdent également des vertus écologiques non négligeables.

En effet, les arbres tiennent une place importante dans la purification de l’air, et grâce à leur végétation, ces derniers font écran et interceptent les poussières présentes dans l’air. Ce rôle de filtres à air leur permet de purifier l’air que l’on respire. Malheureusement, cela, nos dirigeants ne semblent pas le comprendre ou feignent tout simplement de l’ignorer. Aveuglés par leur voracité, ils ne reculent devant rien et profitent de leurs positions pour dépouiller les populations sans retenue, quitte à hypothéquer leur santé et leur survie.

Et aujourd’hui, c’est la forêt classée de Mbao avec ses 700 hectares, qui les fait saliver. Une forêt qui a été aménagée pour permettre à la capitale de mieux respirer. Mais actuellement, un projet de déclassement de 10 hectares, en vue de la construction de cimetière, est agité par le ministre de l’Environnement, Abdou Karim Sall, en phase avec Abdoulaye Thimbo, le maire de Pikine. Ce à quoi les populations comptent s’opposer de toutes leurs forces : «Nous refusons que l’on brade la forêt classée de Mbao. Mbao dit “Non” au maire Abdoulaye Thimbo et au ministre Abdou Karim Sall pour leurs agissements machiavéliques dévoyés. La forêt classée est un patrimoine. C’est l’unique poumon vert qui nous reste. On avait 815 hectares dans cette forêt classée de Mbao. Par la suite, on a pris un espace et il y a 722 hectares. Actuellement, on veut encore prendre 10 hectares. Pourquoi et au nom de quoi ? Je dis aux gens que la forêt classée n’est pas un gâteau de partage. Nous disons au ministre de l’Environnement qu’il lui revenait d’être le premier défenseur de cette forêt de Mbao non seulement en tant qu’habitant de la Commune, mais aussi, en tant que protecteur de la nature. Donc, nous les imams, les délégués de quartiers et Ndèy ji Rew, nous disons “Non” au ministre Abdou Karim Sall et au maire Abdoulaye Thimbo. Nous n’allons pas accepter que l’on touche à la forêt classée pour des cimetières. Si Thimbo est animé d’une bonne foi pour un cimetière, il y a un espace qui reste derrière le cimetière musulman de Pikine. Pourquoi ne pas aller là- bas ?», a déclaré le président des Ndey ji Rew, Mansour Ndoye, face à la presse.

Cette colère des populations de Mbao se justifie par le fait que nos autorités ont souvent tendance à abuser de leur crédulité. Parce que la plupart du temps, quand ils veulent s’approprier d’un terrain, leur subterfuge consiste d’abord à leur faire miroiter un projet d’utilité publique avant de faire main basse sur la surface restante. Aujourd’hui, face au bradage du foncier, le chef de l’État doit réagir de façon énergique. Car laisser perdurer une telle situation, n’augure rien de bon, parce que si les populations ne voient pas de solution à court terme, elles seront obligées de prendre en charge ce problème avec tous les risques d’affrontement que cela comporte. Et dire qu’aujourd’hui c’est de leur survie qu’il s’agit, c’est finalement admettre qu’elles sont prêtes à tout.

Le Président Sall qui d’ailleurs est mieux informé que quiconque des dangers que ce bradage du foncier peut entraîner, lui qui disait «plus de 90% des alertes sur les risques de conflits que je reçois au quotidien viennent du foncier». À bon entendeur !!!

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