Prévenue de diffusion d’écrits contraires aux bonnes mœurs par moyen de publication électronique, Khadidiatou Diop dite Adja Diop comparaissait, hier, devant la barre du Tribunal des flagrants délits de Dakar. Elle est poursuivie en justice par la styliste Bigué Ndoye, propriétaire de la grande boutique Bise Collection qui lui reproche d’avoir tenu des propos injurieux à l’encontre de ses parents. Ayant finalement échappé à une peine ferme en écopant d’une peine de 2 ans avec sursis, Khadidiatou Diop est, tout de même, condamnée à payer une amende de 1.000.000 de francs CFA à la partie civile.
Devenus une foire de règlements de comptes par excellence, les réseaux sociaux constituent, de nos jours, la plateforme virtuelle où se lave le linge sale. Mais la plupart de ces bisbilles se terminent à la barre d’une juridiction. La preuve : pas plus tard qu’hier, des faits de diffusion d’écrits contraires aux bonnes mœurs par moyen de publication électronique se sont invités à la barre des flagrants délits de Dakar. La partie civile dans cette affaire n’est autre que Bigué Ndoye la propriétaire de la grande boutique Bise collection. Elle a traduit en justice la dame Khadidiatou Diop ; elle lui reproche d’avoir proféré des injures à l’encontre de sa mère Salimata Dia.
Attraite à la barre pour répondre de ses actes, la commerçante nouvellement mariée, Khadidiatou Diop, a reconnu être l’auteure de l’audio par lequel la mère de Bigué Ndoye l’a traitée de tous les noms. Pour se défendre, la prévenue a parlé de provocation. À l’en croire, tout est parti d’une publication qu’avait faite une personne sur le compte de la nommée Rokhaya Niabaly. Sur ce post, cette personne qui jusque-là est inconnue insultait Bigué Ndoye. “ Croyant que c’était moi qui suis l’auteure de cette publication, elle a répliqué en postant ma photo pendant 48 heures. Bigué a adressé des paroles vulgaires et violentes à l’encontre de ma mère. Elle m’a traumatisée en disant sur moi et ma maman des propos qui ne nous honorent pas. C’est ce qui est à l’origine de ma publication”, explique la mise en cause.
Interrogée sur le contenu de sa publication, elle rétorque : “Je lui ai dit qu’elle est en train de dire des choses offensantes sur ma mère, alors que la sienne est pire qu’elle parce qu’elle est de mœurs légères. Je lui ai aussi fait savoir que son père était un bandit et qu’il est mort en prison. Aujourd’hui, je suis à la fois perturbée et blessée. Je ne connais pas sa mère, mais elle m’a lancé des insanités et j’ai répondu”. Selon la prévenue, elle n’a pas adressé son message à Bigué Ndoye directement parce que celle-ci l’a bloquée partout mais elle l’a envoyé à Rokhaya Niabaly. Toutefois, l’enquête révèle que si la prévenue a publié son audio à travers le compte de Rokhaya Niabaly, c’est parce que cette dernière est très suivie sur Snapchat.
Pour le conseil de la partie civile, Me El Hadji Diouf, la prévenue est de mauvaise foi car, elles est incapable de fournir la moindre preuve que c’est sa cliente qui a commencé. Ainsi, Me Diouf a traité Khadidiatou Diop de menteuse. Pour réparer le préjudice moral subi par Bigué Ndoye et sa maman Salimata Dia, l’avocat a réclamé un dédommagement de 300.000.000 de francs CFA.
À la suite de la représentante du Ministère public qui a requis l’application de la loi, les conseils de la défense, en l’occurrence, Mes Konaté et Barro, ont sollicité une application bienveillante de la loi pénale et la réduction du dédommagement demandé par la partie civile, non sans déplorer la plaidoirie de son confrère, Me El Hadji Diouf qui s’en est pris à sa cliente. “Ce délit ne nécessite pas de tels agissements. Toute personne attraite à la barre d’une juridiction, fût-elle coupable, doit être respectée”, soutient la robe noire. Pour cette dernière, sa cliente ne peut être poursuivie en tant qu’auteure de cette publication mais en tant que complice.
“C’est la dame Rokhaya qui a diffusé cet audio. Ma cliente a agi sous le coup de la provocation. Soyez clément à son égard M. Le président ! C’est une nouvelle mariée qui n’a pas encore profité de son mariage. Elle a passé la saint Valentin en prison ”, plaide Me Moussa Konaté qui demande au juge Cheikh Mbacké Guissé de retenir l’excuse de provocation et de lui faire une application bienveillante de la loi pénale. Pour le montant demandé par la partie civile, l’avocat a demandé au magistrat de le ramener à 300.000 francs. « Je suis convaincu que la plaignante veut s’enrichir indûment. Donc, il faut leur faire savoir que le tribunal n’est pas un endroit pour battre monnaie. »
Khadidiatou Diop a finalement été reconnue coupable du délit pour lequel elle était poursuivie. Pour la répression, elle a écopé d’une peine de 2 ans avec sursis. Elle est aussi condamnée à allouer la somme de 1.000.000 de francs à la plaignante.