Pour mettre fin aux agissements du présumé dealer Pape M. Dieng : des jeunes de Keur Mbaye Fall le lynchent à mort

Accusés d’homicide volontaire sur la personne de Pape à Malick Dieng, six personnes habitant à Keur Mbaye Fall ont été appelées à la barre de la chambre criminelle du tribunal de Dakar, hier. Considérant la mort du défunt comme un crime collectif, le représentant du ministère public a requis à leur endroit l’acquittement au bénéfice du doute.

Les circonstances de la mort de Pape Malick Dieng sont juste atroces. Allongé dans la cour de la maison des Ndiaye du quartier Darou Salam de Keur Mbaye Fall, il était inerte, gisant dans une mare de sang. Le défunt n’était habillé qu’une petite culotte noire qui cachait ses parties intimes. Sa famille qui habitait le même quartier a été alertée de la mort de Pape Malick. Ce dernier, présumé dealer, a été lynché à mort par des habitants du quartier. L’enquête menée révèle que dans ce quartier, beaucoup d’agression, de vol et de trafic intense de drogue sont commis.

Outrés par ce phénomène, certains jeunes du quartier créent un comité de surveillance et de défense pour mettre fin à ces agissements qui commençaient à pervertir la jeunesse. Lorsque le défunt, dépeint comme un semeur de terreur, a eu échos de cela, il est entré dans une colère noire.

Ainsi, il s’est armé d’un couteau, torse nue, il est sorti dans la rue proférant des injures et des menaces à l’encontre de certaines personnes faisant partie de ce comité. Le lendemain, il a recommencé de plus belle en allant plus loin, entrant dans certaines maisons pour mettre en œuvre ses menaces de la veille. C’est sur ces entrefaites qu’il a été pourchassé par une foule. Il s’est réfugié dans la maison des Ndiaye, sous un lit où il a été extirpé. Ces habitants du quartier l’ont bien passé à tabac et malmené jusqu’à ce que la mort s’en suive.

L’enquête faite a permis l’interpellation de 6 personnes qui sont désignées comme étant les meurtriers de Pape Malick Dieng. Il s’agit de Mame Mara Diop, Cheikh Pouye, Aladji Bamba Wade, Mamadou Diop Seck, Ibrahima Niang et Serigne Diop. Ces derniers ont été identifiés par le jeune frère du défunt lors de l’enquête et qui a réitéré ses mêmes déclarations, hier. « Ils étaient tous là-bas. Diop Seck et Mara Diop, eux, détenaient, respectivement, une machette et une hache ensanglantées», argue-t-il. Ce que contestent naturellement les accusés qui comparaissaient libres, donnant, chacun, son alibi et son moyen de défense. Tous, à la barre, déclare n’avoir pas participé au lynchage qui a occasionné la mort de Pape Malick.

Pour Aladji Bamba Wade, instituteur de son état, il déclare n’avoir même pas été dans le quartier au moment des faits. «C’est mon père qui m’a appelé alors que j’étais à la banque SGBS de Keur Massar pour retirer mon salaire. Il m’a informé qu’une personne est entré dans la maison, un couteau à la main. Il proférait des insultes à mon encontre et menaçait d’abréger mes jours. C’est en cours de chemin que j’ai appris qu’il a trépassé à cause des coups que lui avait donnés des jeunes du quartier», se lave-t-il à grande eau. À l’instar de Aladji Bamba Wade, tous les autres accusés ont nié leur implication dans cette affaire de meurtre.

Pour le conseil de la partie civile, en l’occurrence la mère du défunt, les accusés nient les faits juste pour sauver leur peau. «C’est un plan machiavélique qui a été organisé. Ils se sont réunis la veille pour mûrir leur plan. Ils se sont fait une justice privée en tuant une personne sans aucun procès», regrette la robe noire qui réclame, pour toute cause de préjudice, la somme de 100.000.000 de francs pour le compte de sa cliente.

Dans ses observations, le maître des poursuites estime que l’interrogatoire d’audience fait resurgir beaucoup d’éléments qui sèment le doute. Pour lui, ce qui est constant dans le dossier c’est qu’il y’a mort d’homme et que celui-ci a rendu l’âme suite à des coups qu’il a reçus. Mais, révèle-t-il, personne ne connaît l’auteur de ces coups. «Le droit pénal est le droit de la certitude. Il nous faut donc des preuves certaines alors que celles versées dans le dossier sont très minces. Je suis dubitatif parce qu’il y a crime collectif. C’est l’imputabilité des actes qui posent un problème», soutient le parquetier.

À cet effet, vu le doute qui l’anime et l’insuffisance de preuve, il requiert l’acquittement pure et simple de Cheikh Pouye et cheikh Diop qui, selon lui, ont été constants depuis l’enquête.  Pour le reste, il a sollicité l’acquittement au bénéfice du doute car, se justifie-t-il, le doute doit profiter à l’accusé.

A leur tour, les conseils de la défense s’en sont rapporté au réquisitoire du ministère public car, plaident les robes noires, ce dernier a fait une analyse limpide du dossier. Délibéré le 06 avril prochain.

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