Adja Diariétou Seck a de la chance au vu des faits qui l’ont conduite, hier, à la barre des flagrants délits de Dakar. Jugée pour escroquerie portant sur une somme estimée à 2.735.000 francs au préjudice de différentes personnes, l’élève en classe de terminale a été dispensée de peine par le juge. La raison : elle déclare avoir agi sous la contrainte d’une personne qui la menaçait de publier les vidéos obscènes de son père.
«La famille est sacrée», dit-on. Le moindre que l’on puisse dire est que la jeune fille Adja Diariétou Seck a très tôt compris le sens de cet adage. Venant à peine de souffler sa 18ème bougie, elle s’est portée volontaire pour sauver l’honneur de la sienne. Néanmoins son engagement lui a coûté très cher car étant soldé par un séjour carcéral de presque une semaine. Ce, avant d’être dispensée de peine par le juge du tribunal des flagrants délits de Dakar à qui elle faisait face, hier, pour répondre du délit d’escroquerie. En effet, selon les débats tenus à la barre de cette juridiction, la prévenue, élève en classe de terminale, a été traduite en justice par une dizaine de commerçants qui lui reprochent de les avoir roulés dans la farine. Comment ?
Ces gérants de bijouterie, de magasins de tissus et de vendeurs de téléphones portables ont saisi la Sonatel pour se plaindre des agissements délictuels de la prévenue. À les en croire, Adja s’est présentée dans leur boutique comme étant une cliente. Ainsi, après avoir choisi des objets de valeur, elle a proposé de payer via Orange Money. Ce que ses victimes qui étaient loin de deviner ses intentions ont accepté. Mais leur surprise fut désagréable. Car, à peine a-t-elle mis les pieds au seuil de leur magasin que les transactions ont été annulées avant qu’elle ne se fonde dans la nature. Aussitôt le numéro de la jeune fille a été réquisitionné. Elle sera plus tard alpaguée par les éléments de la section de recherches à son domicile à Malika.
Ainsi, prévenue d’escroquerie, Adja Diariétou Seck a été appelée à la barre des flagrants délits de Dakar, hier. De petite taille, le visage de la prévenue est en réalité beaucoup plus jeune que les 18 ans qu’indique le procès-verbal. Contre toute apparence, Adja D. Seck a l’air innocente. Invitée à donner sa version des faits, elle explique avoir été utilisée par un réseau de malfaiteurs dont une certaine Angela Gomis: « J’ai agi sous le coup de la menace. Angela Gomis m’a une première fois contactée sur Whatsapp pour, dit-elle, me proposer un travail. Quand je lui ai demandé des détails sur ce travail, elle m’a clairement dit qu’elle voulait que je me prostitue. Ce que j’ai refusé. Elle m’a fait savoir qu’elle détenait des vidéos obscènes de mon père . »
Poursuivant, elle soutient avoir été contactée une seconde fois par Angela Gomis qu’elle ne connaissait pas. « Cette fois-ci, elle m’a envoyé les vidéos de mon père dans une posture inconfortable. Ainsi, elle m’a contrainte à travailler pour elle et j’ai accepté », reconnaît-elle. Non sans expliquer comment elle réussissait à gruger ses victimes. « Chaque matin, Angela me faisait un transfert d’argent. Cet argent était destiné à acheter un article dans des boutiques par Orange money. Mais une fois que je sors, c’est elle-même qui annule les transactions. Elle avait fait de mon numéro un double SIM. Du coup, elle avait accès à mon compte orange money. Les marchandises, je les écoulais après mais c’est à elle que je remettais tout l’argent. Elle m’avait envoyé de l’argent en guise de commission mais je n’ai pas accepté parce que je ne voulais pas de cet agent. C’était le fruit d’une arnaque », se dédouane-t-elle.
À la question de savoir la raison pour laquelle elle faisait tout cela, elle rétorque vouloir protéger son père et surtout, sauver l’honneur de sa famille. Ces mots prononcés, de chaque œil, coula une longue traînée de larmes qui alla mourir à une commissure des lèvres.
La Sonatel qui s’est constituée partie civile a réclamé le franc symbolique en guise de dédommagement. À sa suite, la représentante du parquet a requis contre Adja Diariétou Seck une peine d’emprisonnement ferme de 2 mois.
Dans ses plaidoiries, le conseil de la défense, Me Bamba Cissé, se dit surpris par les réquisitoires du parquet du fait des qualités de sa cliente. « Ma cliente a un sens élevé de l’honneur. Elle n’a pas agi parce qu’elle a été cupide mais pour sauver l’honneur de la famille. Il y a des circonstances atténuantes qui peuvent vous permettre de lui accorder le bénéfice du doute. Elle ne devait pas être dans cet engrenage parce que c’est une fille qui est à la porte de la vie », a plaidé la robe noire qui a demandé au juge de dispenser de peine la prévenue. Finalement le tribunal, après délibéré, a suivi la plaidoirie du conseil de la défense en dispensant de peine Adja Diariétou Seck. Néanmoins, elle a été déclarée coupable du chef d’escroquerie et elle doit également allouer le franc symbolique à la Sonatel.