Pour réparer le téléphone de son petit ami : l’histoire rocambolesque d’une fille de 18 ans

Pour des faits d’escroquerie, vol de chèque, usage de chèque volé et complicité de faux en écriture privée de banque, la jeune fille Coumba Fadé et ses acolytes, Cheikh Sow, Doudou Diop et Abdoulaye Sylla, ont comparu, hier, à la barre du tribunal des flagrants délits de Dakar. Ils sont poursuivis par Khardiata Ka, la mère de Coumba. Elle lui a volé des chèques qu’elle a remis à ces garçons. 

Un profond étonnement a gagné toute l’assistance hier, à l’audience du tribunal des flagrants délits de Dakar. Même le tribunal n’était pas épargné. La cause, une jeune fille répondant au nom de Coumba Fadé et trois garçons, en l’occurrence Cheikh Sow, Doudou Diop et Abdoulaye Sylla ont été appelés à la barre. Ils ont été traduits en justice par la dame Khardiata Ka, mère de Coumba Fadé. Ils répondaient des faits d’escroquerie, vol de chèque, usage de chèque volé et complicité de faux en écriture privée de banque. En effet, Coumba voulait faire plaisir à son copain dont le téléphone était tombé en panne. N’ayant pas de sou pour l’aider, elle a décidé de voler 3 chèques à sa maman qu’elle va ensuite remettre à son camarade de classe, Cheikh Sow, pour qu’il l’aide à retirer la somme de 200.000 francs. Celui-ci qui ignorait la procédure à emprunter pour utiliser ces chèques, s’en est ouvert à son ami Abdoulaye Sylla qui, à son tour, a remis les chèques à Doudou Diop. Les chèques sont finalement tombés entre les mains d’un nommé Pape qui les a utilisés pour un retrait de 1.825.000 francs. Il était convenu que le montant retiré serait partagé entre  eux. Mais Pape a été le plus futé du groupe. À sa sortie de la banque, il les a bernés en leur faisant croire qu’il n’avait retiré que 1.000.000 de francs. Pis, il a fait le partage du lion en s’attribuant la plus grosse part, soit la moitié de la somme. Les 500.000 francs restants ont été partagés entre le reste du groupe. Coumba a reçu les 200.000 francs pour régler le problème de son chéri et ces trois co prévenus se sont partagé les 300.000 francs. Au moment des arrestations, Pape, lui, s’est évaporé dans la nature.

Le magistrat à la prévenue Coumba : « Xanaa bo amee 30 ans dangay tojj dëk bi? »

Âgée de 18 ans et étudiante de première année en informatique, Coumba est revenue sur les faits. « J’avais besoin d’argent pour aider mon ami à réparer son téléphone. J’en ai parlé à Cheikh Sow et il m’a demandé de lui fournir 3 feuilles de chèque. Ce que j’ai fait sans hésiter. Trois jours plus tard, j’ai reçu un appel et au bout du fil, un certain Doudou Diop que je ne connaissais pas. Ce dernier m’a dit de venir récupérer mon argent à la cité Alioune Sow. Cheikh m’a proposé de m’accompagner puisque je ne connaissais pas la cité. Quand nous sommes arrivés, nous avons trouvé Doudou et Abdoulaye sur place », narre la prévenue qui confirme que seul l’un des chèques avait la signature de sa mère apposée derrière. Le juge lui coupe la parole lui demandant combien d’années elle avait.

-18 ans, répondit-elle

« Xanaa bo amee 30 ans dangay tojj dëk bi? », réplique le magistrat qui était stupéfait.

Poursuivant, Coumba déclare n’avoir reçu que la somme de 200.000 francs.

Des allégations que réfute son camarade Cheikh Sow : Coumba a reçu 300.000 francs. « Ce n’est pas moi qui lui ai demandé de me donner les chèques. Elle m’a appelé pour me demander de lui prêter la somme de 200.000 francs. Je lui ai répondu que je n’en disposais pas. Ainsi, elle m’a dit qu’elle a la possibilité de voler le chéquier de sa mère si je peux gérer ça. Je lui ai répondu par la négative car je n’avais pas de carte d’identité. Je suis allé voir Abdoulaye pour lui expliquer la situation. Finalement, c’est un certain Pape que Doudou a sollicité qui a réglé l’affaire », déclare le jeune homme de 20 ans qui ne cessait de varier dans ses propos.

Doudou Diop, prévenu : « C’est Abdoulaye et moi qui avons accompagné Pape pour qu’il retire l’argent à la BCEAO qui se trouve au marché de Pikine. Quand il est sorti, il nous a montré les 1.000.000 dont il a pris les 500.000 francs avant de monter à bord de sa voiture et de partir.»

Selon Doudou, c’est face aux enquêteurs qu’il a su que Pape les a dupés. « C’est Abdoulaye et moi qui avons accompagné Pape pour qu’il retire l’argent à la BCEAO qui se trouve au marché de Pikine. Quand il est sorti, il nous a montré les 1.000.000 dont il a pris les 500.000 francs avant de rentrer dans sa voiture et de partir ».

La partie civile, Khardiata Ka, s’est désistée pour sa fille. Toutefois, il persiste sur sa plainte contre les trois autres prévenus. « Si je savais que c’était ma fille qui était derrière tout cela, je n’allais pas porter plainte. J’allais la corriger », dit-elle dès l’entame. « J’amenais mon fils à l’école et je suis passé au GAB pour retirer 10.000 francs. Je ne sais même pas ce qui m’a poussé à consulter le solde de mon compte. À ma grande surprise, j’ai constaté qu’on y avait soustrait une importante somme.

Après renseignement, on m’a appris que l’argent a été retiré le 25 février par un certain Mandela Guèye. C’est après enquête que j’ai su que ma fille était l’instigatrice de tout cela », renchérit la dame au teint clair qui réclame 2.500.000 francs en guise de dommage et intérêt. À l’en croire, elle a récupéré les 200.000 francs que Coumba avait offerts à son copain.

Malgré le désistement de la plaignante pour sa fille, la représentante du parquet a requis la peine de 2 ans dont 8 mois ferme contre tous les prévenus. Pour elle, les faits sont établis. Il y a recel de chèques parce qu’ils savaient que Coumba avait volé les chèques. Il connaissait les personnes vers qui aller pour retirer la somme.

Les avocats qui assurent la défense des prévenus ont imploré la clémence du tribunal en plaidant une application extrêmement bienveillante de la loi pénale.

Ils seront fixés sur leur sort le 07 avril prochain.

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