Pour une banale histoire de chapelet : Aladji Wilane administre un coup de ciseau mortel à M. L. Ndoye

Le parquet a requis 15 ans de réclusion criminelle contre  Aladji Wilane, né en 1973. Le 21 juin 2018 à Yoff, il a mis fin à la vie du jeune homme M. L. Ndoye en lui assénant un coup de ciseaux à la gorge. Le tribunal donnera son verdict le 16 juin prochain.

La méchanceté de l’homme fait de lui un démon. Aladji Wilane en est la parfaite illustration. Vendeur de chapelet d’où son surnom « Aladji Kourouss », il a emporté l’espoir de toute une famille pour une modique histoire qui ne vaut vraiment pas la peine de s’alarmer. Footballeur professionnel, la victime, Mouhamadou Lamine Ndoye, était venue du Portugal pour passer les vacances avec sa famille. Malheureusement, il n’est jamais retourné pour réaliser ses rêves. En effet, il ressort de la procédure que Mouhamadou Lamine avait été chargé par son grand-frère, Libasse Ndoye, d’aller lui récupérer son chapelet qu’il avait donné en réparation à Wilane. Une fois sur les lieux, Mamadou Lamine s’est présenté comme étant le petit frère du propriétaire du chapelet qui, compte tenu de ses préoccupations, ne pouvait pas venir récupérer le chapelet.

Mais, l’accusé qui est décrit comme un homme particulièrement irascible et belliqueux l’a éconduit, exigeant la présence de son client. Quelque temps après, Lamine est revenu à la charge et face au comportement troublant de Wilane qui lui a intimé l’ordre d’aller appeler son frère, il a décidé de farfouiller dans le lot de chapelets pour retrouver la commande. C’est en ce moment que Wilane l’a poussé. S’en est suivie une empoignade avant qu’Aladji Kourouss ne plante une paire de ciseaux au niveau de la gorge de la victime. Le jeune homme a subi des blessures et a été acheminé à l’hôpital Philippe Maguilène Senghor où il a succombé. Le certificat de genre de mort révèle une hémorragie profonde à la suite de coups et blessures reçus par arme blanche pointu ayant entraîné la mort.

Accusé : «l’étreinte qu’il m’a faite était tellement serrée que pour s’en sortir je lui ai asséné le coup de ciseau fatal»

Interrogé sur son acte, hier, par le juge de la chambre criminelle de Dakar, Wilane a sollicité la clémence de la chambre en arguant qu’il n’avait nullement l’intention de lui ôter la vie. « Quand Lamine est venu, il m’a trouvé en train de dormir. Il m’a réveillé et je lui ai dit de dire à son frère de venir lui-même prendre son chapelet parce que je ne le connais pas. Il m’a insulté avant de partir mais je n’ai pas réagi. Plus tard, il est revenu, insistant pour que je lui donne le chapelet. Campant sur ma position de ne restituer le chapelet qu’à son propriétaire, il s’est mis à rechercher le chapelet parmi ceux que j’avais exposés. Il a même voulu amener de force un chapelet, ce que j’ai refusé », a expliqué l’accusé d’une manière implicite. Poursuivant, il soutient que c’est à ce moment-là que le défunt s’est retourné pour l’étrangler. À l’en croire, l’étreinte était tellement serrée que pour s’en sortir il lui a asséné le coup de ciseau fatal.

Père du défunt : «certes il était mon fils mais Lamine était beaucoup plus pieux et vertueux que moi. L’altruisme et la générosité dénotent chez lui des qualités humaines dont ont pu bénéficier tous ceux qui l’ont connu»

Mais les témoignages émouvants du père du défunt contrastent violemment avec la version donnée par l’accusé. Habillé tout de blanc, le vieux s’est présenté devant le juge serein, malgré son désespoir qui ne pouvait être inaperçu.  « Certes il était mon fils mais Lamine était beaucoup plus pieux et vertueux que moi. L’altruisme et la générosité dénotent chez lui des qualités humaines dont ont pu bénéficier tous ceux qui l’ont connu. Il est allé jusqu’à me dire de choisir pour lui l’équipe où il va jouer car disait-il, il n’y pas d’argent au Portugal. Jusqu’à présent je n’ai pas osé regarder sa dépouille. Je n’ai pas non plus le courage de me présenter à sa tombe », a-t-il tristement témoigné.

Conseil de la partie civile : « Quand on examine l’attitude de Wilane, on voit que dans ses expressions il n’y a aucun repentir. Wilane est un criminel par nature »

Dans ses plaidoiries, l’avocat de la partie civile a réclamé la somme de 100.000.000 de francs à titre de dommages et intérêts. « Son père avait même refusé que je réclame cet argent. Mais il en vaut la peine. Quand on examine l’attitude de Wilane, on voit que dans ses expressions il n’y a aucun repentir. Wilane est un criminel par nature. Il avait soif de sang et attendait juste le moment propice. Il y avait une préméditation dans l’intention de tuer », a pesté la robe noire. Sa thèse de préméditation est appuyée par le maître des poursuites.

De son avis, il n’y a ni excuse de provocation, encore moins un motif. « L’intention est avérée et établie à son encontre. La volonté de donner la mort est manifeste. Pire, si on analyse les circonstances dans lesquelles l’altercation est survenue l’on se rend compte que le jeu ne valait pas la chandelle car le chapelet en question ne pouvait même pas coûter 10.000 francs », a déclaré le représentant du ministère public qui a demandé à la chambre de le déclarer coupable de meurtre et le condamner à une peine de réclusion criminelle de 15 ans. Le tribunal rendra sa décision le 16 juin prochain.

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