Pourquoi Madické Niang n’a pas tort… (Par Cheikh Yerim Seck)

Tout est déjà dans la forme de l’échange épistolaire entre les deux hommes. Le ton d’Abdoulaye Wade est dur, accusatoire, à la limite extrémiste. Celui de Madické Niang est calme, modéré, à la limite excessivement conciliant.

Abdoulaye Wade reproche en somme à Madické Niang d’être l’instigateur de cette lettre signée de plusieurs cadres libéraux qui réclame pour le Parti démocratique sénégalais (Pds) une candidature alternative à celle de Karim Wade aujourd’hui juridiquement compromise.

Madické Niang lui rétorque qu’il n’a besoin de se cacher derrière personne pour lui tenir pareil langage. Pour preuve, il lui a adressé, le 3 septembre 2018, une « lettre confidentielle » dans laquelle il lui indique cette autre voie à suivre pour que la grande famille politique du Pds ne soit pas exclue du rendez-vous majeur de février 2019.

Qui, d’ailleurs, a plus de légitimité que lui pour soumettre pareille proposition à Abdoulaye Wade ? Avocat, avocat de Karim Wade dans l’affaire qui lui a valu sa condamnation, Madické Niang connaît les obstacles juridiques qui s’opposent à la candidature de son client. Interlocuteur du pouvoir au cours des pourparlers qui ont précédé la grâce accordée à Wade-fils, il maîtrise mieux que quiconque les engagements pris par ce dernier auprès de Macky Sall, sous le parrainage du Qatar, pour pouvoir humer l’air de la liberté…

Et puis, au nom de quel principe, au Pds, une organisation constituée d’adultes, ne peut-on pas poser le débat d’un plan B vu que le plan A, censé porter les couleurs du parti, n’est même pas inscrit sur les listes électorales ? Lorsque Abdoulaye Wade, dans le confort de son palace de Dubaï, proclame dans son courrier que le Pds va imposer à Macky Sall la candidature de Karim Wade, peut-il être crédible ? Depuis 2012, quel rapport de force victorieux a pu imposer l’ex-parti au pouvoir au régime actuel ?

Madické Niang n’est ni fourbe ni lâche. Sa démarche, couchée sur une lettre confidentielle adressée à Wade, procède d’un principe de réalité. Le président du groupe parlementaire du Pds à l’Assemblée nationale est dans son rôle. Son geste traduit du courage et non de la trahison. C’est un fidèle absolu. Au cours de la dernière fête de Tabaski, nombre de chefs religieux et de responsables du parti ayant reçu des béliers ne savent pas que c’est Madické qui les a achetés de sa poche pour les donner au nom d’Abdoulaye Wade. Ce geste est une pure preuve de fidélité.

Dans une organisation d’adultes doués de bon sens, on ne file pas droit dans le mur motus et bouche cousue. Le débat sur un plan B du Pds ne peut être empêché. Madické Niang l’a posé dans une forme respectueuse de la qualité de ses rapports avec Wade. Il n’a pas tort, même si ce dernier monte sur ces grands chevaux jusqu’à atteindre le sommet de la terre…

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