PRIX RECORD DE 1000 FCFA LE KILO – Le noix de cajou, l’or gris du sud

 

En un temps record le prix du kilo de noix de cajou est passé de 75 Fcfa à 1000 Fcfa. Une véritable aubaine pour les régions du sud où on enregistre de grandes plantations d’anacardier. Seul point d’achoppement, l’Etat du Sénégal n’intervient à aucun moment du processus de vente de cet or gris. Les producteurs se trouvent ainsi entre le marteau des usuriers ou «Baana Baana» et l’enclume des exportateurs indiens.

 

Par Ahmed Bachir NDIAYE (envoyé spécial)

 

 

Le kilogramme du noix d’accajou est actuellement vendu à 1000 Fcfa dans la région du sud. C’est de grande plantation d’anacarde qu’on trouve entre les régions de Kolda, Sedhiou et Zignuinchor. Mais jamais le chiffre record de 1000 Fcfa le kilo n’a été atteint. L’année dernière, le prix est monté jusqu’à 700 Fcfa. Auparavant, il variait entre 75 et 350 Fcfa. «On a longtemps caché au producteur d’annacarde l’importance de sa récolte. On ne savait ni la destination ni la fin de nos productions», fait remarqué Seydi, un producteur établi à Kolda depuis 1981.

 

L’exemple de la Guinée Bissau

C’est dans les années 90 que l’Etat de Sénégal a initié un programme de plantation d’anacardier dans cette zone du sud. C’est sans aucun frais que les détenteurs de terres étaient invités à planter ces arbres. Durant leurs premières récoltes, les producteurs se sont contentés de griller les noix, d’enlever les coques et de revendre les fruit sur le marché local. Le business est entretenu à cette échelle jusqu’au moment où le modèle de la Guinée Bissau porte ces fruits. En effet, dans ce pays voisin, c’est le Gouvernement qui régularise la commercialisation du noix d’acajou. Sachant qu’elle constitue un marché immense dans le monde, notamment chez les indiens. C’est à cet instant que les producteurs du sud du Sénégal commencent à ouvrir les yeux pour vendre leurs noix à l’état brut. Du coup, les acheteurs indiens ont installés des points d’achats à Ziguinchor et en Gambie. Ce sont ainsi les usuriers communément appelés «Baana Baana», qui leur revendent les noix collectés à travers les producteurs. Voilà donc des décennies que ces usuriers se sucrent sur le dos des producteurs incapables de dire la destination ou la finalité de leur récolte. Seydi est lui d’avis que «si les Baana Baana ont pu entretenir leur business durant tout ce temps, c’est parce qu’ils ont caché au producteur le véritable acheteur. Ils prennent chez nous les noix à des prix dérisoires, pour les revendre chères aux indiens. Et il faut dire que sans eux, on ne sait que faire de nos noix». Un usurier, Diallo, que nous avons rencontré conforte l’idée. «J’ai eu à faire de bonnes affaires durant les campagnes de commercialisation de noix d’acajou. Il y a deux ans environs, je suis allé dans un village où j’ai proposé d’acheter le kilo à 75 Fcfa. Ce jour, j’ai vu des personnes me suppliaient d’acheter leur récoltes. Au soir, je me suis retrouvé avec 2,5 tonnes de noix de cajou», se souvient Diallo sourire aux lèvres.

 

Des usuriers voraces

Mais si le pris au producteur a augmenté entre 2016 et 2017, c’est parce que les indiens commencent à descendre sur le terrain. En effet, en cette période de campagne, ces derniers sont visibles dans plusieurs artères du sud, roulant à bord de leurs bolides. Ils sillonnent ainsi les grandes plantations pour acheter le produit directement chez les producteurs. C’est ainsi que les vendeurs ont commencé à découvrir la véritable valeur marchande des noix de cajou. Face à la situation, les usuriers trouvent toujours le moyens de se faire une place de choix. Sachant que les petits producteurs sont obligés de se rabattre sur eux, ils proposent d’acheter le kilo à 800 Fcfa, quand le vendeur dispose de moins de 100 kilogrammes. A côté, il y a les plus teigneux qui sont financés par les indiens eux-même. Dotés de moyens, ils accèdent dans les coins les plus reculés pour y acheter les noix à des prix moindres. Par fois, c’est avant même la récolte qu’ils négocient la production entière. Devant le besoin pressant d’argent, les producteurs peuvent leur céder le kilo à 250 Fcfa.

 

L’argent coule à flot

Mais cela n’empêche que les populations locales y trouvent leur compte. Dans la zone, un foyer sur deux entretient une plantation d’anacarde, d’après une étude de 2004. Ce sont les enfants et les adolescents qui se chargent de ramasser les noix tombés de l’arbre. Cela après que les animaux domestiques (vaches, moutons, ânes, chèvres) aient consommé la pomme. Une partie de la récolte journalière est ensuite entassées dans le grenier familiale pour avoir une grosse quantité, et le reste est aussitôt vendu pour subvenir aux charges familiales. Même les plus jeunes subviennent à leurs besoins. Maillot et ballon de football neuf, Alaji (12 ans), indique qu’il ne les a pas payé chère. «Il suffit d’avoir un kilo de noix de cajou pour acheter une balle. Ce n’est pas grand-chose», dit-il avec les aires d’un nanti.

La phénoménale hausse du prix du kilo de noix de cajou est sur toutes les lèvres dans le sud. Une hausse qui va évoluer d’année en année, selon des acteurs du secteur. Le seul point qui inquiète, c’est l’absence du Gouvernement du Sénégal dans tout le processus de commercialisation. Les producteurs se retrouvent donc sans protection, coincés entre l’appétit des usuriers et les exportateurs indiens qui fixent des prix d’achat au grès de leur convenance.

486 Commentaires

  1. Thank you for sharing superb informations. Your web-site is very cool. I am impressed by the details that you have on this site. It reveals how nicely you understand this subject. Bookmarked this web page, will come back for more articles. You, my friend, ROCK! I found simply the info I already searched everywhere and just couldn’t come across. What a great web-site.

  2. You actually make it seem so easy with your presentation but I find this topic to be actually something that I think I would never understand. It seems too complicated and extremely broad for me. I am looking forward for your next post, I will try to get the hang of it!

  3. Hiya, I’m really glad I have found this info. Today bloggers publish just about gossips and net and this is really irritating. A good blog with interesting content, that is what I need. Thanks for keeping this site, I will be visiting it. Do you do newsletters? Can not find it.

  4. I would like to voice my respect for your kind-heartedness supporting people who should have guidance on this subject matter. Your real commitment to getting the solution up and down ended up being astonishingly interesting and has truly empowered guys and women like me to attain their aims. The valuable guide indicates a great deal to me and a whole lot more to my fellow workers. With thanks; from everyone of us.

  5. I¡¦m now not certain where you’re getting your info, however good topic. I needs to spend some time learning more or working out more. Thank you for excellent information I used to be searching for this information for my mission.

  6. I must convey my love for your kind-heartedness supporting those individuals that actually need help on that concept. Your very own commitment to passing the message all around has been extremely useful and has surely encouraged guys like me to arrive at their desired goals. This warm and friendly key points denotes a great deal to me and still more to my fellow workers. Many thanks; from each one of us.

LAISSER UN COMMENTAIRE

Please enter your comment!
Please enter your name here