Qui pour délivrer les enfants talibés ?

Par El Hassane SALL

 

Qui pour briser les chaînes de l’asservissement qui enchaînent les enfants talibés ? Cette question s’impose parce que le pouvoir qui était censé les protéger semble être lui-même ligoté par ses contradictions. Aussi, l’impression qui se dégage est, qu’autant les enfants mendiants sont dans les chaînes de l’asservissement, autant le pouvoir semble être ligoté, car n’étant pas libre de ses mouvements. Sinon, comment comprendre le fait qu’il promette tout le temps de les retirer de la rue avant de faire marche arrière ? Combien de fois a-t-il promis de les extirper des mains de ces exploiteurs qui usurpent le boubou de marabout pour les transformer en machines à sous ?

Aujourd’hui, le pouvoir semble incapable de trouver la bonne formule pour mettre un terme à la souffrance de ces pauvres bouts-de-chou. Alors que l’on ne cesse de parler de la maltraitance de ces enfants qui se termine souvent par un drame. D’ailleurs, la presse a fait cas de ce qui s’est produit à Louga où un talibé de 13 ans aurait été sévèrement réprimandé par son maître jusqu’à en subir des coups qui, quelques jours plus tard, lui auraient été fatals. Pourtant, lors du dialogue national du 28 mai, interpellé par Aïda Mbodj sur le cas des enfants mendiants, le Président Macky Sall, avait déclaré devant l’assistance :«L’affaire des enfants de la rue, je l’ai dit à Aly Ngouille Ndiaye, il faut qu’on la règle après la Korité, et définitivement. Les enfants qui mendient dans la rue sont différents des enfants des «Daaras». Et je suis d’accord qu’on répertorie les écoles coraniques afin de les aider».

Depuis lors, rien ! Les enfants continuent leur chemin de croix en arpentant les rues de la capitale à la recherche de pitance et piécettes, plus nombreux que jamais. Livrés à eux-mêmes, à la merci des prédateurs et autres dangers de la rue, ils souffrent en silence, dans l’indifférence générale, alors qu’ils devraient être protégés. Ce qui est le plus révoltant, c’est la faiblesse coupable dont fait montre l’État face à ce qui s’apparente à un esclavage moderne. Un État qui, pourtant, a ratifié toutes les conventions sur la protection de l’enfant, mais qui, paradoxalement, ferme les yeux sur les périls qui les guettent. Ce qui n’est rien d’autre qu’une non-assistance à enfant en danger. Et les autorités, au lieu d’anticiper sur les événements pour éradiquer ce fléau, attendent toujours qu’une catastrophe survienne pour jouer au médecin après la mort. D’ailleurs, comment un État qui est censé protéger les couches vulnérables peut-il rester indifférent devant le calvaire de ces jeunes innocents, malades, affamés, maltraités, dont la tranche d’âge est comprise entre 7, 8, 9… à 13 ans, dans les rues ? Quand est- ce qu’on va se rendre compte que c’est inhumain tout cela ?

Ce qui inquiète le plus de nos jours est la banalisation de ce phénomène. Pourtant, cette situation peut avoir de lourdes conséquences dans la société, une fois que ces enfants auront atteint la majorité. Il n’est pas exclu qu’ils se retournent contre elle pour solder leurs comptes avec elle. Parce qu’il est communément admis qu’une enfance malheureuse entraîne souvent une certaine dureté de cœur. Ayant l’habitude d’être malmenés, brutalisés etc. ne seront-ils pas tentés de se venger ? «Occupez-vous des enfants avant qu’ils ne s’occupent de vous», disait le prêtre italien, Saint Jean Bosco. À bon entendeur…. !!!

 

LAISSER UN COMMENTAIRE

Please enter your comment!
Please enter your name here