Sous la pression des centrales syndicales, le ministre du Travail tente de désamorcer une éventuelle grève. Il a cherché à apporter des réponses à leurs revendications, mais en vérité, plusieurs questions restent en suspens, alors que le Saes et les syndicats de la santé ont commencé leur cycle de grève.
Au lendemain de l’annonce d’une éventuelle grève générale des centrales syndicales, le ministère du Travail, de l’emploi et des relations avec les institutions a apporté ses réponses à leurs revendications. Abbas Fall affirme avoir pris des engagements, le 30 janvier dernier, après leur tête-tête pour faire un examen de la plateforme revendicative de la coalition des centrales syndicales. Elle était à la fois vaste et spécifiée selon les secteurs, qui sont minés par une succession de crises allant de licenciement au gel de certains avantages.
Pour les cas des travailleurs licenciés au Port autonome de de Dakar, Abass Fall explique : «Un licenciement est jugé abusif par le Tribunal du travail et l’obligation de réintégration ne vaut que pour le délégué du personnel dont le licenciement est refusé par l’Itss (Inspecteur du travail et de sécurité sociale). Cependant, si l’intervention de ce dernier suffit à faire reconsidérer la décision de l’employeur, les instructions utiles seront données aux services compétents.» En clair, l’avenir des 700 employés semble être scellé, en dépit des agitations des organisations syndicales. Pour le cas du ministère des Mines, il révèle que ce département a assuré que les ruptures de contrat concernent pour l’essentiel des agents recrutés en marge de la réglementation qui encadre l’engagement de personnel contractuel dans la Fonction publique.
Pas de baisse du prix de l’eau
Pour le paiement des salaires échus à la Croix-Rouge et à La Poste, Abbas Fall avance que les conditions économiques difficiles de ces deux entreprises ont fait l’objet de différents collectifs connus par la Dgtss (Direction générale du Travail et de la sécurité sociale). Selon lui, les difficultés rencontrées étant d’ordre structurel, il convient d’impliquer les ministères de la Santé et de la Communication et des télécommunications pour trouver une solution définitive. Pour la restructuration de La Poste, il rappelle que cette question est évoquée depuis plusieurs années et les hautes autorités y sont sensibles. «Il faut redynamiser le cadre composé des services du Mfb et du Mctn», dit-il. Quid de la suppression des équivalences sur la durée légale du travail ? Il marque son accord et annonce qu’un projet d’arrêté sera soumis au prochain Ccntss (Conseil Consultatif national du travail et de sécurité sociale).
Par ailleurs, le ministre du Travail est revenu sur la régularisation des contrats de travail des agents renouvelés deux fois au Port et à la Rts, en estimant qu’ils sont encadrés strictement par le Code du travail suivant des règles dont la violation est sanctionnée par une requalification par majoration. «Les services du Travail ou le Tribunal du travail peuvent être saisis», ajoute-t-il.
Dans le cadre de la revalorisation des salaires des agents des collectivités territoriales, Abbas Fall rappelle qu’il a été proposé l’élargissement de la mesure à tous les agents certifiés fonctionnaires comme non factionnaires, par le biais de l’octroi d’une indemnité compensatrice globale et uniforme de 80 mille pour un total de 6 mille 613 agents, l’accompagnement du gouvernement dans la mise en œuvre de politiques pour une effectivité de la Fonction publique locale comme le gel des recrutements au sein des collectivités territoriales, l’organisation des concours professionnels, l’audit physique des agents certifiés et la révision des organigrammes-types.
Il a aussi évoqué l’accord collectif d’entreprise de la Rts qui a été, dit-il, conditionné à la signature d’un décret renvoyé à son tour à un autre arrêté interministériel qui n’est pas encore pris. «Il n’empêche que les parties ont convenu de renégocier l’accord pour tenir compte des possibilités de la Rts. Un comité restreint est mis en place et des discussions sont en cours», rappelle le ministre du Travail.
Dans le cadre des doléances pour l’amélioration du pouvoir d’achat des travailleurs, notamment la baisse de la fiscalité sur les salaires, Abbas Fall soutient que cette «question requiert l’intervention du Mfb et des plus hautes autorités». Pour la baisse des prix de l’eau, ce «n’est pas envisageable». Pourquoi ?
Il avoue que cela risque de compromettre «l’équilibre financier de la Sones qui pourrait avoir des difficultés à honorer ses obligations de dette et à poursuivre ses investissements, en particulier pour les branchements sociaux au bénéficie des ménages». Même si, tente-t-il de relativiser, une étude révision tarifaire du sous-secteur urbain sera prochainement lancée. «Cette étude examinera, entre autres, la possibilité de réduire le prix de l’eau pour la tranche sociale. Une mesure qui pourrait être facilitée par la baisse attendue des coûts de l’énergie suite à la découverte du pétrole et du gaz», se projette le ministre du Travail.
Pour l’instant, il est peu probable que ces réponses satisfassent les centrales syndicales lassées par ces 10 mois d’attente et de contentieux sociaux. Abass Fall rassure qu’il s’agit de propositions susceptibles d’être approfondies et actualisées à l’occasion «de concertations tripartites prévues par mon département et de la rencontre avec les partenaires sociaux prévue par le Premier ministre». Cela suffira-t-il pour désamorcer la bombe avec le début de la crise dans l’enseignement supérieur et la santé ?
Avec Lequotidien.sn