Un rastaman séquestre des filles de 10 à 16 ans

Ibrahima Diallo a comparu, hier, à la barre de la chambre criminelle pour séquestration et viol. Si en rendant sa décision le 7 novembre prochain les juges suivent le parquet dans son réquisitoire, le mis en cause risque 20 ans de travaux forcés.

Au courant du mois de mai 2011, la gendarmerie de Keur Massar avait été saisie par un individu suite à la disparition de jeunes filles. Et le suspect a été décrit comme étant un homme avec des rastas. Ainsi, un comité de recherches a-t-il été mis en place. Ibrahima Diallo a été retrouvé chez lui en présence de sa femme et des filles. Il s’agit de S. Camara, F. Cissé Dieng, A. Mbaye et F. Thioye. Agées entre 10 et 16 ans, les filles ont raconté leurs mésaventures aux enquêteurs.

A les croire, Ibrahima Diallo avait exercé des attouchements sexuels sur elles. Et, son souhait était de les emmener à Saly pour les vendre à des blancs. Pis, il les photographiait nues. Une perquisition a été faite chez le mis en cause et les enquêteurs ont découvert un papier avec des écritures en arabe qui expliquent des pratiques qui envoûtent les gens ou comment faire sortir les détenus de prison. Interrogée, la femme de l’accusé a confié que son mari présentait les filles comme ses nièces. Et, il leur avait intimé l’ordre de ne pas révéler ses pratiques.

De son côté, Aïdara a confirmé les filles, arguant que le mis en cause avait des pouvoirs mystiques. Il utilisait les versets du Coran et il lui suffisait de les réciter pour que les filles lui obéissent au doigt et à l’œil. Pis, il disait vouloir les emmener à Saly pour les soumettre à la prostitution ou pour leur faire jouer des films pornographiques. Interrogé, l’accusé a reconnu partiellement les faits. «Pour les deux filles, je reconnais mais pour le reste, je ne les connais pas. Ce qui est constant, c’est que les filles ont été retrouvées chez moi. Ma réputation est celle d’un peintre-décorateur, et non d’un mec qui kidnappe les filles», a-t-il déclaré.

Avant de poursuivre : «Je regrette ce que j’ai fait. Je leur ai dit des choses qui n’étaient pas vraies et je ne sais pas pourquoi. J’ai dit que j’étais un ami à Viviane qui était en concert dans un centre culturel et qu’elles pouvaient venir. C’est ainsi que je les ai séquestrées», semble-t-il regretté. Il faut dire que les filles qui ont été retrouvées avaient des gris-gris autour des reins. Seule à comparaître parmi les plaignants, la maman d’A. Mbaye a réclamé 5 millions à titre de dommages et intérêts.

Par ailleurs, dans ses réquisitions, le maître des poursuites a soutenu que le mis en cause envoûtait les filles. Il leur donnait soit des gris-gris, soit du lait caillé. Et pour la séquestration, dit-il, c’est avéré même s’il conteste le viol. Selon le parquet, l’accusé est un véritable maniaque sexuel. «Il veut faire croire que c’est sous l’emprise d’esprit satanique. Une fois, c’est une erreur, mais trois fois…», a dit le maître des poursuites, avant de requérir à son encontre 20 ans de travaux forcés.

De son côté, Me Ciré Clédor Ly a expliqué : «ces enfants l’ont suivi. En droit, ce qu’il a fait caractérise l’enlèvement de mineures. Tout le reste, vous ne pouvez dire qu’il est coupable». Selon la robe noire, l’accusé ne pourrait le nier car les enfants ont été retrouvés chez lui. Il a eu un comportement anormal et il aurait eu un procès équitable s’il avait accepté d’être diagnostiqué par un psychiatre. En tout état de cause, la défense a plaidé pour une application bienveillante de la loi pénale. L’affaire a été mise en délibéré pour jugement devant être rendu le 07 novembre prochain.