Réappropriation du littoral : Un combat citoyen

Par El Hassane SALL

 

Depuis quelque temps, Barthélemy Dias, le maire de Sacré-cœur Mermoz, a entrepris un combat très noble qui est d’inviter ses compatriotes à se réapproprier leur littoral que les régimes qui se sont succédé ne cessent d’agresser. Un littoral qui continue de subir une agression de la part de cette élite d’hommes politiques, autorités locales et hommes d’affaires avec tous les risques encourus comme l’érosion côtière, l’avancée de la mer. Entre autres désagréments, la privatisation des plages publics et l’espace vital des populations. N’en pouvant plus de supporter une telle impunité, le maire de Mermoz a battu le rappel de troupes et son collègue de la Médina Bamba Fall a décidé de rallier le front, de même que Guy Marius Sagna, l’ex député Cheikh Omar Sy et tant d’autres patriotes excédés par la voracité des élites dirigeantes qui se partagent sans retenue le bien commun.

Des gens qui n’ont comme mérite que leur proximité avec le chef se partagent les ressources publiques sans retenue, répandent la corruption et semblent imposer la loi du plus fort. Au lieu de se soucier du bien-être des populations qui leur ont accordé leur confiance, ils les spolient et les enfoncent dans la misère de jour en jour. Ce qui est le plus désolant dans cette situation est que tous ceux qui sont censés protéger les citoyens se sont coalisés pour se sucrer sur leur dos. Face au désarroi des populations, aucune autorité ne prend sa défense : l’Assemblée nationale, la justice, les corps de contrôle, tous sont au service du pouvoir, laissant en plan le peuple, qui pourtant les paye.

Devant cette situation qui s’apparente à une non-assistance à peuple en danger, les citoyens ont décidé de prendre leurs responsabilités. Parce que, à bien considérer les choses, ce combat entrepris par tous ceux qui veulent la réappropriation de leur bien n’aurait pas dû avoir lieu si les autorités avaient joué franc jeu avec eux. Il aurait seulement suffi qu’elles fassent respecter la loi sur le domaine public maritime en s’opposant à toutes ces constructions illégales et traduire en justice ceux qui ont délivré les autorisations de complaisance. Et aujourd’hui, le seul responsable dans la situation vécue reste le président de la République qui peut et doit mettre fin tout de suite à cette anarchie.

L’État étant une continuité, Macky Sall avait le devoir de mettre de l’ordre dans ce désordre étant donné que le domaine public maritime est «inaliénable et imprescriptible». Donc, il avait les moyens légaux d’agir parce que rien ne s’opposait à ce que la loi s’applique dans toute sa rigueur. Aussi, avait-il toute la latitude détruire toutes les occupations illégales. Avec l’affaire du mur de l’Ambassade de Turquie qui avait soulevé la colère des populations et de la société civile en 2014 ; sur instruction du pouvoir, l’ancien directeur général de la Dscos, Mamadou Diène, avait fait un rapport exhaustif sur l’état d’occupation du domaine public maritime. Lequel rapport avait listé toutes les constructions irrégulières, y compris celle de l’ambassade de Turquie. Qu’est devenu ce rapport ?

Sans suite comme d’habitude. Pour dire que le pouvoir a la fâcheuse manie d’instrumentaliser les corps de contrôle. Et justement, il semble que la Dscos n’échappe pas à ce qui semble être une règle établie. Cette entité chargée de la Surveillance et du contrôle de l’occupation du sol est une structure dont l’utilité reste à démontrer, car elle a toujours une longueur de retard sur les gros bonnets de la République. Et la vérité est qu’elle est souvent mise devant le fait accompli par des pontes du régime devant qui elle ne peut rien faire. Et son pouvoir de démolition ne semble s’exercer que sur les faibles (Gadaye, Tivaouane Peulh…). Aujourd’hui, face au tollé soulevé par Barthélemy Dias et compagnie, le Président Sall a décidé de sortir de sa léthargie en donnant des instructions aux autorités concernées pour l’arrêt des constructions irrégulières sur le littoral. Et le seul fait qu’il ait réagi montre que ce sont les populations qui sont dans le vrai. Seulement, la question qui s’impose est de savoir si un régime dont les membres ont des intérêts vitaux dans l’occupation du domaine public maritime peut-il être dans les dispositions de faire respecter la loi ?

Nous interpellons l’ensemble des patriotes sincères, à faire de la préservation de nos biens et du patrimoine de l’État qui nous sont communs, un principe inaliénable. Nous n’avons pas le droit de laisser les rapaces et autres caïmans récidivistes saccager, piller et spolier systématiquement ce patrimoine, au risque de subir les procès de notre descendance, pour démission et défaillance dans nos responsabilités.

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