Des syndicalistes invitent l’État à privilégier l’expérience et l’opérationnalité dans le recrutement en urgence des 2000 enseignants au titre de cette année scolaire. La transparence, disent-ils, doivent être de mise dans tout le processus.
Dans le cadre de la stratégie de résorption du déficit en personnel enseignant, le gouvernement a autorisé un recrutement spécial en urgence de 2000 enseignants au titre de l’année scolaire 2024/2025. Lancé le 23 janvier, le dépôt des candidatures se fait en ligne sur la plateforme Mirador jusqu’au 1er février, indique un communiqué du ministère de l’Education nationale. Cette mesure prise par l’Etat, retient l’attention de certains membres de la communauté éducative notamment les syndicats d’enseignants.
Le secrétaire général national du Cadre unitaire syndical des enseignants du moyen-secondaire (Cusems) a salué la décision, notant un déficit criant d’enseignants dans le système éducatif. « Cela se traduit sur le terrain par une tension dans la gestion du personnel. Une situation que les autorités déconcentrées essaient de gérer par le redéploiement », a soutenu, hier, Ndongo Sarr. Outre le déficit, M. Sarr estime que le recrutement spécial apportera une réponse à l’équation du quantum horaire et de la surcharge de travail des enseignants.
« Nous avons des collègues qui font 30 heures de cours dans la semaine alors que la norme indiquée est de 21 heures au maximum », a fait savoir le syndicaliste, rappelant que ces 21 heures peuvent être défalquées d’une ou de deux heures si on tient une classe pléthorique ou de chair à savoir les classes d’examen ou celles qui préparent à un examen. « Depuis trois ans, nous portons le plaidoyer pour un recrutement massif en urgence d’enseignants. On ne peut que saluer cette décision des autorités », a déclaré Ndongo Sarr.
Toutefois, le patron du Cusems insiste sur la transparence du processus notamment les conditions d’enrôlement et les profils. « Ce dont nous avons besoin dans l’immédiat, ce sont des gens qui ont de l’expérience et seront opérationnels dès leur recrutement. Nous n’avons pas besoin de gens qui vont apprendre à enseigner mais qui pourront aller directement servir dans les classes car c’est une opération en urgence », a indiqué le syndicaliste. Selon Ndongo Sarr, la transparence doit être de mise dans le processus. « En tant que syndicat, nous avons toujours tenu à la transparence. Et nous l’avons martelé lors de la rencontre avec le ministère sur le sujet. Nous leur avons dit de tout faire pour qu’à terme, qu’on ne puisse pas pointer une seule tâche noire dans le processus », a-t-il souligné.
Même s’il n’exclut pas les diplômés de la Fastef, de l’avis de M. Sarr, l’État doit privilégier les gens qui sont déjà titulaires de diplômes professionnels et qui servent dans les écoles privées, les enseignants communautaires, les animateurs polyvalents et autres volontaires du système pris en charge par des organismes ou les collectivités territoriales. En d’autres termes, des gens qui ont décidé de servir leur pays dans des zones et conditions difficiles. Cependant, dit-il, pour ce qui concerne certaines disciplines comme les mathématiques et la philosophie (dans lesquelles il est même rare de voir des chômeurs), l’État peut accorder une attention particulière aux titulaires de diplômes professionnels.
Amidou Diédhiou, du Syndicat des enseignants libres du Sénégal (Sels) tient à saluer aussi la décision des autorités étatiques de procéder à ce recrutement en urgence. Toutefois, il estime que la transparence doit être de mise dans tout le processus. « L’initiative est à saluer car elle entre dans le cadre du plan quinquennal de recrutement qui a pour objectif de résorber le gap d’enseignants de manière progressive pendant quatre ans. Cette année, il prévu de recruter 2000 de la tranche d’âge de 18 à 35 ans. Les différentes étapes ont été présentées aux syndicalistes. Une commission sera mise en place pour la sélection finale et nous pensons que le ministère va veiller à ce que tout se passe normalement », soutient Amidou Diédhiou.
actunet avec Seydou Prosper SADIO