Refus de rendre compte : L’Assemblée nationale hors la loi

L’Assemblée nationale est encore au devant de la scène avec la demande d’audit de l’institution formulée par Moustapha Cissé Lô, selon qui, «il y a une mauvaise gestion de l’Assemblée». «Je dénonce […] le mode d’organisation et de fonctionnement de la gestion de l’Assemblée nationale : il n’y a pas de transparence, ni de contrôle des ressources destinées à son fonctionnement. Je réclame la mise en place d’un comité adhoc pour auditer l’Assemblée nationale sénégalaise», a écrit Moustapha Cissé Lô dans une note transmise à la presse.
Seulement, le manque de transparence dans la gestion des fonds de l’Assemblée a toujours été dénoncée. Et ce n’est pas la première fois que des députés réclament des comptes à Moustapha Niasse qui ne semble guère pressé de leur donner satisfaction, alors que l’Assemblée nationale qui est censée contrôler l’action gouvernementale, devrait être une maison de verre. Mais tel ne semble pas être le cas. Pour rappel, en octobre 2013, Thierno Bocoum, alors député à l’Assemblée nationale et président de la commission comptabilité et contrôle de l’Assemblée nationale, s’était, à travers une tribune intitulée «Transparence à l’Assemblée nationale : les faits et les vérités», plaint du fait que la commission comptabilité et contrôle qu’il dirigeait à l’époque, n’ait pas pu accomplir son travail de contrôle du budget de l’Assemblée nationale. Ce qui, pour lui, «est une entorse grave à la transparence et à la bonne gouvernance de la part de la plus haute autorité de l’Assemblée nationale».
Dans le même sillage, le député de déplorer : «Le problème est que je suis venu à l’Assemblée nationale et j’ai trouvé que cette commission de comptabilité et de contrôle n’a jamais fonctionné. C’est une aberration. On ne peut pas attribuer un budget de plus de 10 milliards Cfa à une institution et qu’il n’y ait pas de contrôle. J’ai personnellement, après avoir regroupé les membres de la commission, écrit une lettre au Questeur de l’Assemblée nationale, avec ampliation au président de l’Assemblée nationale et envoyé une copie au président du groupe parlementaire Benno bokk yakaar (Bby), mais jusqu’au moment où je vous parle, je n’ai pas eu de réponse. La loi est claire. Elle dit que c’est le Questeur qui doit, après chaque trimestre, me donner les fiches de recettes et des dépenses pour que je puisse effectuer le contrôle. Cela n’a pas été fait. Ce sont des problèmes que nous devons régler à l’Assemblée nationale et nous allons nous battre pour les régler. Je n’ai pas cherché à salir l’image d’une institution. J’ai plutôt décrié le comportement de ceux qui l’incarnent et qui refusent de se soumettre à la loi. L’institution ne peut et ne doit répondre des dérives de ses dirigeants». Malgré cette sortie de Thierno Bocoum, président de la commission comptabilité et contrôle, l’Assemblée nationale avait fait comme si rien n’était et a continué de faire la sourde oreille jusqu’à soulever l’ire des députés de l’opposition et les parlementaires non-inscrits qui avaient fini par demander des comptes au président de l’Assemblée nationale, Moustapha Niasse.
En conférence de presse, le jeudi 22 novembre 2018, au siège de Bokk gis gis, ils avaient dénoncé avec vigueur le refus de l’application du règlement intérieur de l’Assemblée nationale, tout en exigeant du président Moustapha Niasse de clarifier l’utilisation faite du budget de la représentation parlementaire. Mais ces demandes ont été une foi de plus snobées. Aujourd’hui, on comprend mieux pourquoi l’Assemblée nationale est aussi servile devant l’Exécutif dont il est censé contrôler l’action.
Quand ceux qui votent les lois sont les premiers à se mettre en marge de ces mêmes lois, il y a vraiment du souci à se faire pour la bonne gouvernance.

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