Restauration de la dignité des anciens malades : Le Sénégal ferme la page des villages des lépreux

Fadiga, Sowane, Peynouk, Tébi, Djibelor, Koutal, Mballing, Diambo, ces villages, bien qu’étant de régions différentes, ont un point en commun. Ils ont été érigés en villages de reclassement après l’adoption de la loi numéro 76-03 du 25 mars 1976. Dans ces villages habitaient les malades atteints de lèpre. Ladite loi a été abrogée ce lundi 05 juin 2023. Le projet de loi a été défendu devant les parlementaires par le ministre de la Santé et de l’Action sociale. 
 
La décision de mettre à l’écart les lépreux a été prise dans un contexte où la maladie faisait encore des ravages. Il fallait donc stopper la chaîne de transmission. Cette mesure, 47 ans après, semble être caduque. « Cela se comprenait en 1976. A l’époque, la science n’était pas tellement développée. On n’avait pas cette poly chimiothérapie qui permet aujourd’hui de guérir la lèpre. En 1976, nous n’avions pas également tous ces moyens de diagnostic. Aujourd’hui, les différentes enquêtes épidémiologiques montrent que le Sénégal est en dessous du seuil de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Nous sommes à un cas de lèpre pour presque 55.000 habitants alors que le seuil c’est un cas pour 10.000 habitants », renseigne le ministre de la Santé et de l’Action sociale, Marie Khemess Ngom. Autre fait motivant la décision d’abrogation de la loi, « les nouveaux cas de lèpre sont observés en dehors des villages de reclassement » fait savoir le ministre.
 
En effet, les habitants de ces villages ont fondé des familles et ont eu des enfants qui vivent normalement. L’État du Sénégal, dans sa politique d’équité territoriale a donc tenu à lutter contre la stigmatisation. Suivant Mari Khemess Ngom, « ces villages constituent une stigmatisation hors pairs, l’État du Sénégal a pris la décision d’abroger ladite loi afin de rendre leur dignité à ces citoyens qui ont le droit d’avoir accès aux différents services de base mais qui ont aussi le droit de s’épanouir ».
 
 L’abrogation de la loi 76-03 du 25 mars 1976 vient en complément des efforts déjà consentis par l’État du Sénégal visant à améliorer les conditions de vie de ces populations. Le ministre de la Santé affirme qu’à « l’intérieur de ces villages, il y a des projets de développement économique, un appui pour le renforcement de la scolarisation des enfants, un renforcement sur tout ce qui est projet d’agriculture, il  y a aussi un accompagnement dans la réadaptation parce que nous le savons, la lèpre est une maladie invalidante. Il y a des cas de lèpres qui se retrouvent avec des handicaps très lourds »
Les députés présents à l’hémicycle ont donc voté à la majorité ce projet de loi portant abrogation de la loi numéro 76-03 du 25 mars 1976 relative au traitement de la lèpre et au reclassement social des lépreux guéris ou mutilés au grand bonheur des populations.   

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