Le résume du 10ème jour du procès de Khalifa Sall

Le procureur à Khalifa Sall : “Vous êtes mon grand frère…”
Bousculé de questions par le procureur de la République, Serigne Bassirou Gueye relativement à la Caisse d’avance de la ville de Dakar, le député-maire de Dakar répond en ces termes: “l’existence des fonds politiques est indéniable”.
“Moi je le nie”, réplique le maître des poursuites: “Pour l’avenir on doit croire qui ? Khalifa Sall contre-attaque : “Pourquoi n’avez-vous pas instruit à décharge ? Vous ne m’avez pas posé une seule question qui m’aurait permis de m’expliquer”.
“Je ne veux pas répondre à cette question”, indique le procureur. “Je pose des questions pour que tout soit clair afin que je puisse rentrer chez moi et dormir tranquille”, assène Serigne Bassirou Guèye. “Visiblement, c’est que vous avez un problème”, rétorque Khalifa Sall. Le procureur réplique: “Le problème, c’est celui qui a détourné les fonds”. “Monsieur le procureur, coupe le juge Lamotte, nous devons respecter les règles”. Le procureur revient à la charge : “Je n’ai pas dit que Mr Khalifa Sall a détourné, j’en ai terminé avec ses attaques”. “Je ne vous ai pas attaqué”, répond Khalifa Sall. Serigne Bassirou Gueye clôt le débat en gentleman: “Vous êtes mon grand frère, je vous pardonne”.

 

Khalifa Sall : “Je récuse le détournement de deniers publics”

Le procès de Khalifa Sall et Cie se poursuit à la mythique salle 4 du Palais de justice de Dakar. Au 10ème jour de ce marathon judiciaire, le Maire de Dakar a nié à nouveau les faits qui lui sont reprochés. “Je recuse le détournement de deniers publics”, a-t-il martelé. Soumis au feu roulant des avocats de l’État, Khalifa Ababacar Sall a refusé de confirmer les propos du Directeur administratif et financier relativement à la bagatelle de 30 millions qu’il recevait souvent directement des mains de l’ancien percepteur Mamadou Oumar Bocoum. Le Daf Mbaye Touré rappelé à la barre pour éclairer la lanterne du tribunal, a campé sur sa position. Il a déclaré à qui voulait l’entendre que la Caisse d’avance servait de support pour disposer de disposer de fonds politiques. Abondant dans le même sens, Khalifa Ababacar Sall a infirmé les propos de son Daf. “Tous mes collaborateurs savaient tous que l’argent de la Caisse d’avance étaient des fonds politiques”, a-t-il précisé.

Révélations de Khalifa : “On m’avait menacé de m’amener en prison”

« On m’avait même menacé publiquement de m’amener en prison. Que je me retrouve en prison aujourd’hui ne me surprend pas.
Lors de mon premier mandat, j’ai demandé au Président Wade pourquoi vous voulez jeter les maires en pâture parce que je voulais changer le mode de fonctionnement. Mais, il m’a dit que ce n’est pas un problème. Si tu le changes tu n’auras pas un autre moyen de le faire fonctionner. Et aucun Président n’ira aussi loin en vous créant des problèmes. Parce que la classe politique connaît déjà cette caisse. Malheureusement, le Président actuel que j’ai soutenu m’en a parlé et il a sollicité les fonds ».

« La caisse d’avance a été approuvée par le ministre des finances. C’est l’arrêté de 2003 signé par le maire Pape Diop qui fait fonctionner les fonds. Jusqu’en décembre 2015, ces fonds existaient encore. L’autorité politique c’est l’Etat  et il a laissé ces fonds continuer»

«  J’ai voulu être discret parce que c’est la tradition. A la ville de Dakar, il n’y a pas d’archives montrant les noms des bénéficiaires et Pape Diop vous l’a dit. Les fonds sont mis à ma disposition et ça a toujours marché ainsi. Malheureusement à part Mamadou Diop, il n’y a pas les autres maires. C’est le même procédé qui a été utilisé depuis 1996 jusqu’à maintenant »

« De 14 heures à 20 heures, c’est toute la population du Sénégal qui accourait. Il y’a quelqu’un qui vient à la ville avec un minicar et on pouvait voir un cercueil dessus. Il n’a pas de quoi enterrer son mort. Un autre vient avec un papier parce qu’il n’a pas de quoi sortir son mort qui est à la morgue. Il y’a plusieurs raisons pour justifier les dépenses. Ces fonds n’ont pas servi qu’aux dakarois »

« Jusqu’à présent, on demande à la ville de participer lors de la visite d’un chef d’Etat, etc. C’est après qu’on a élargi l’intervention des fonds politiques aux populations »

« Ce sont des fonds politiques mis à la disposition du maire qui les utilise. Il ne les justifie pas. Je ne veux pas déflorer parce que c’est la vie de l’Etat. Le Président sollicite le maire pour certaines dépenses de l’Etat. Après 1996, l’autorité n’est plus concernée mais elle demeurait. La mairie fait des dépenses de sécurité et de sûreté. On ne peut pas tout dire à tout le monde. Quand l’Etat a voulu que la caisse s’est arrêtée mais elle s’est arrêtée. C’est l’Etat qui a voulu mettre un dispositif et qui ne veut pas que ces fonds soient justifiés ».

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