C’est un rapport historique. Dans ce texte remis vendredi 26 mars au président de la République, des chercheurs français pointent les “responsabilités lourdes et accablantes” de la France, qui s’est massivement impliquée au Rwanda à partir des années 90, et “alignée” sur le régime hutu du pays, dans le génocide des Tutsis au Rwanda en 1994.
Le rôle central de Mitterrand
Le rôle de François Mitterrand, président de la République à l’époque, est particulièrement pointé du doigt. “La France s’est longuement investie au côté d’un régime qui encourageait des massacres racistes. Elle est demeurée aveugle face à la préparation” du génocide et “cet alignement sur le pouvoir rwandais procède d’une volonté du chef de l’Etat et de la présidence de la République”.
Cette relation, doublée “d’une grille de lecture ethniciste” de la situation au Rwanda, a justifié “la livraison en quantités considérables d’armes et de munitions au régime d’Habyarimana, tout comme l’implication très grande des militaires français dans la formation des Forces armées rwandaises” gouvernementales.
Au moment du génocide, la France “a tardé à rompre avec les responsables, et a continué à placer la menace du FPR (Front patriotique rwandais, l’ex-rébellion tutsi qui mit fin au génocide) au sommet de ses préoccupations”, écrivent les historiens. “Elle a réagi tardivement” avec l’opération militaro-humanitaire Turquoise entre juin et août 1994, “qui a permis de sauver de nombreuses vies, mais non celles de la très grande majorité des Tutsi du Rwanda exterminés dès les premières semaines du génocide”, ajoutent-ils.