Les voix de l’amour sont impénétrables et les amoureux sont bien placés pour le savoir. Si certains ont écouté les échos du cœur malgré le milieu professionnel. D’autres ont attendu l’officialisation pour enfin pouvoir chanter leur amour au grand jour.
«Je m’étais toujours dit que je n’allais pas entretenir de relation amoureuse au quartier, à l’école encore moins avec les collègues. J’avais réussi jusqu’en 2020», confie Soda Diop. C’est lors d’une mission à Kolda qu’elle va rompre cette promesse malgré elle. L’animatrice communautaire va tomber sous le charme de son superviseur, venu voir leurs activités sur le terrain. La jeune femme a eu un coup de foudre à ce moment précis mais ne veut rien laisser paraitre. C’est par un caprice du destin que Soda Diop se retrouve à travailler avec celui qui va devenir son futur époux. «Mon technicien était tombé malade et monsieur a proposé de m’accompagner pour continuer la mission», avoue-t-elle. De fil en aiguille, ils apprennent à se connaître et à se découvrir des points communs.
De retour à Dakar, les tourtereaux restés amis doivent travailler à nouveau ensemble et cèdent à l’appel de l’amour. Vivons heureux, vivons cachés. Le couple entame une relation secrète. Entre sorties et petites attentions, ils consolident leur relation en dehors des murs du bureau. Ils finissent par se marier quelque temps plus tard. Cependant les amoureux ont tout fait pour ne rien laisser paraître au boulot. «Nous avons tout fait pour faire la part des choses entre le professionnel et le personnel», reconnaît-elle. Après deux ans de mariage, c’est avec beaucoup d’humour que Soda Diop conte la rencontre avec son mari. «Je dis toujours qu’il est venu à Kolda pour m’évaluer, amener un rapport et mon cœur dans ses bagages», dit-elle guillerette.
Yousouph Konté a également rencontré sa femme sur le terrain. Coup de chance, elle évolue aussi dans le même milieu. Lors d’un reportage au “bois-sacré” de la faculté des sciences juridiques et politiques de l’université Cheikh Anta Diop de Dakar, le journaliste rencontre sa dulcinée en pleine révision. « Je lui ai tendu le micro et la discussion a vite tourné sur la profession», fait savoir l’homme de média. Ils s’échangent leurs contacts et c’est le début d’une idylle qui va durer deux ans. Ils finissent par se marier en décembre 2021. Le journaliste se dit «chanceux» d’avoir une épouse qui fait la même chose que lui et qui puisse le comprendre sur tous les plans.
Le travail, c’est mieux à deux
Les avantages de partager ce même univers sont énormes selon, El Hadj Mbaye. «Mon épouse et moi nous donnons des conseils mutuels dans le cadre du travail car nous occupons des postes stratégiques au cœur de notre structure», renseigne l’ingénieur. Le matin, le couple part ensemble dans une même voiture avec les enfants. Ils rentrent aussi ensemble le soir. «Nous ne connaissons pas les scènes de jalousie des personnes qui rentrent tard à la maison», avoue-t-il. Ce dernier affirme même que madame veille sur son régime alimentaire au restaurant d’entreprise. «Notre vie ne se limite pas à l’entreprise, mais elle se poursuit jusqu’à la maison», affirme-t-il.
« Nous sommes très complices et parfois si le temps nous le permet de bosser sur un document urgent à la maison, il m’aide à décanter un blocage ou vice versa», reconnaît Soda Diop. L’animatrice communautaire trouve en son mari un partenaire de tous les jours. Aissatou Diack Sow affirme également découvrir des avantages à travailler avec son époux au quotidien. «On s’entraide sur tous les plans concernant le travail d’autant plus qu’il est cuisinier et étant pâtissière de formation», avoue la mère de deux enfants.
Fatou Seck abonde dans le même sens. «C’est bénéfique car cela nous permet de nous voir chaque jour même si n’y a pas possibilité de s’afficher», déclare la cadre dans une entreprise de la place. Elle cite notamment le fait d’avoir l’aide de son mari concernant le boulot et de partager des réunions ou des rencontres.
Pour vivre heureux, vivons cachés !
Le fait de partager le même milieu avec un (e) amoureux (se) installe tout de suite des points communs. Mais ils sont difficilement avouables au grand jour. «Notre mariage s’est fait dans la plus grande discrétion et tous nos collègues étaient ébahis», glisse El Hadj Mbaye. L’ingénieur avoue être rapidement tombé sous le charme. « Ce fût un coup de foudre qui s’est abattu sur nous», révèle le cadre. L’ingénieur et sa future femme ont su rester professionnels en dépit de la naissance de leurs sentiments.
Fatou Seck a aussi eu des soucis à cause de sa relation en milieu professionnel. «Quand le mariage n’est pas encore acté c’est dur de se voir en secret surtout quand les collègues commencent à avoir des soupçons», avoue la cadre dans une société de la place. Cette relation secrète oblige le couple à rester prudent. «Vous ne pouvez pas vous voir tout le temps de peur de croiser un collègue ou une connaissance dans un espace public», explique-t-elle.
Une idylle à mille risques
La ligne séparant le professionnel du personnel est mince. Partager le même univers peut être à double tranchant. Soda Diop explique qu’ils sont obligés d’être plus professionnels que la normale et éviter tout rapprochement. « Les collègues se permettront de faire une remarque ou d’aller même jusqu’à oublier que tu as des compétences et toutes tes faveurs seront liées au fait que tu sois l’épouse du manager de la team », confie-t-elle tristement. Elle avoue que son époux qui est très rigoureux et sérieux l’est deux fois plus au boulot.
Awa Gueye a connu son mari en 2015 dans un hôpital. Assistante de recherche, son futur époux est le responsable du service informatique du centre et du service des maladies infectieuses. « C’était un coup de foudre immédiat. Mais étant donné que nous étions dans un milieu professionnel, il fallait justement faire preuve de professionnalisme et éviter certaines choses, surtout moi qui venais juste de débuter», dit-elle sur le ton de la confidence. La mère de famille côtoie son conjoint lors de séminaires. «Mais nous restons toujours très professionnels en dissociant notre vie de couple et notre vie professionnelle», affirme-t-elle.
«Je m’étais jurée de ne jamais fréquenter quelqu’un dans mon milieu professionnel». Les retrouvailles de Fatou Seck avec son amour d’enfance sur son lieu de travail vont compromettre cette résolution. Un jour, assise dans une salle d’attente pour aller en réunion, elle retrouve cet homme connu à l’âge de dix ans. «Je l’avais reconnu et j’avais l’impression qu’il se disait la même chose. Ce contact visuel m’a donné des frissons», narre-t-elle avec enthousiasme. De fil en aiguille, ils scellent le début d’une idylle en toute discrétion. «On se croisait au bureau mais on s’ignorait de peur qu’on devine ce qui se passait», conte-elle. Fatou Seck explique que cette idylle est difficile à canaliser en milieu professionnel. «Je pensais tout le temps à lui. Il m’arrivait de perdre l’usage de mes jambes lorsqu’on se croise dans les couloirs et mon cœur battait la chamade», avoue-t-elle. La cadre reconnait que c’est très éprouvant en milieu professionnel car il est difficile de laisser aller ses sentiments et envies. «Tout doit être calculé et bien réfléchi», dit-elle. Cependant la jeune femme ne regrette rien de son histoire d’amour car elle estime que le risque en vaut la chandelle. L’amour vaut bien des compromis !