«Autant est noble et haute l’acceptation du sort en ce qui ne dépend pas de nous, autant est injustifiable la résignation et la souffrance quand la cause de cette résignation est dans l’iniquité ou dans l’abus de pouvoir».
Ces propos de Victor Hugo semblent coller à l’actualité du pays tellement les populations, ballottées entre accusations et contre accusations, sont en voie de se résigner face aux nombreux scandales financiers – réels ou supposés – qui agitent le pays. Aujourd’hui, les scandales à milliards qui secouent le pays ne se comptent plus et sont en voie d’être banalisés, s’ils ne le sont déjà. Il serait fastidieux de tous les lister et nous nous limiterons aux deux qui, actuellement, défraient la chronique, à savoir l’affaire Petrotim et les 94 milliards de Mamour Diallo.
Invité de l’émission Sen show sur la Sen Tv avant hier, l’ex Pm Abdoul Mbaye a encore accusé le pouvoir de «faux et usage de faux» dans l’attribution du permis d’exploration de pétrole à Frank Timis. Des accusations suffisamment graves qui devraient – quoi qu’il en soit ! – mettre la machine judiciaire en branle.
Ce qui est incompréhensible dans la situation actuelle vécue, c’est le manque de réaction de la justice qui pourtant, est non seulement habilitée à démêler cet écheveau, mais aussi, dispose d’assez d’outils pour le faire. Mieux, Abdoul Mbaye et cie ont interpellé le Doyen des juges d’instruction, Samba Sall. Abdoul Mbaye et cie exigent plus de célérité dans le traitement de la plainte déposée avec constitution de partie civile auprès du premier cabinet d’instruction près le Tribunal de grande instance de Dakar. Ceci, pour faux et usage de faux en écriture publique contre X, faux et usage de faux contre Frank Vasile Timis, Wong Joon Kwang, Aliou Sall, détournement de deniers publics contre Frank Vasile Timis, Wong Joon Kwang et pour complicité de détournement contre Aliou Sall et contre toutes personnes que l’information révélera comme ayant commis les infractions susvisées.
Malheureusement, du fait du manque de réaction de Dame Justice, ça va dans tous les sens. Pour le malheur des uns et pour le bonheur des autres, cette dernière avait pourtant activé le mode «super» fast-track en ce qui concernait l’affaire dite de la caisse d’avance de la Ville de Dakar. Autant dans l’affaire Petrotim que dans celle qui oppose Mamour Diallo à l’ex Inspecteur des Impôts, il y a à boire et à manger, et celles-ci méritent d’être élucidées parce que le peuple a le droit de savoir. D’autant que Sonko dit détenir par devers lui, toutes les preuves de ses accusations. Donc, ce qu’il attend de ses mandants, ce sont des réponses claires et précises. Même s’il n’est ni spécialiste du pétrole encore moins spécialiste du droit, il a quand même droit – et le peuple avec lui – à des explications concises et convaincantes face à des accusations aussi graves.
Malheureusement, c’est comme si ceux qui présidaient aux destinées du pays ne sont pas dans de telles disposions. D’ailleurs, le constat est qu’ils ont tendance à regarder de haut les accusations soulevées par les Abdoul Mbaye, Sonko et autres TAS, les taxant d’aigris et autres affabulateurs, alors que cela ne répond pas aux questions et angoisses des Sénégalais.
Et puis, ce sont des personnalités qui ont en commun un parcours professionnel d’exception et qui ont eu à exercer de hautes fonctions dans ce pays ou ailleurs. Ne serait-ce que pour cela, les traiter de tous les noms d’oiseaux, en faire la tête de turc voire le punching-ball des tenants du pouvoir, ne répond en rien aux questions posées et aux faits incriminés.
Vouloir les faire passer pour des sots ou des idiots, c’est vraiment s’en prendre au peuple, en voulant lui faire prendre des vessies pour des lanternes. En tout état de cause, il est certain que dans un pays où les institutions fonctionnent normalement, ces affaires auraient eu une suite judiciaire.
Mais ce à quoi on assiste aujourd’hui dans ce pays est indigne d’un «Sénégal de tous pour tous». Parce que nul n’est au-dessus de la loi, laisser perdurer de tels agissements, c’est mettre la paix et la stabilité du pays en péril. Étant donné que la justice est le seul et dernier rempart contre l’arbitraire, dès lors qu’il s’effondre, c’est la porte ouverte à tous les abus.
Et pour ignare qu’il soit, le peuple, au nom duquel tout ce petit monde gesticule et s’égosille, a le droit de savoir et d’avoir des réponses à ses questions, aussi «bêtes» soient-elles.
Que jaillisse la lumière, y en a assez des délestages !