Scandales banalisés : Quand l’État Apr encourage l’impunité

Par El Hassane SALL

 

Sous le magistère du Président Sall la floraison de scandales impunis est telle que l’on ne peut s’empêcher de nous demander si l’État-Apr n’est pas simplement en train d’encourager l’impunité. Rien ne semble arrêter ce régime, même la pandémie du coronavirus n’a pas réussi à freiner l’ardeur des prédateurs. En atteste le scandale dans l’achat des denrées pour les couches défavorisées et la création du comité de suivi qui fait plus figure de…figurant que de contrôleur.

On a vraiment du mal à croire que c’est le Président Macky Sall qui, fraîchement élu, tenait alors ces propos :«S’agissant de la gouvernance économique, je serai toujours guidé par le souci de transparence et de responsabilité dans la gestion vertueuse des affaires publiques. Je mets à ma charge l’obligation de dresser les comptes de la Nation et d’éclairer l’opinion sur l’état des lieux». Ne s’arrêtant pas en si bon chemin, le nouvel élu avait ajouté : «Je compte restituer aux organes de vérification et de contrôle de l’État la plénitude de leurs attributions». Non sans avertir les éventuels détourneurs : «À tous ceux qui assument une part de responsabilité dans la gestion des deniers public, je tiens à préciser que je ne protégerai personne. Je dis bien personne !».

Mais aujourd’hui, la déception et la frustration sont les choses les mieux partagées chez les populations qui se sentent flouées. Parce que non seulement le chef de l’État n’a pas restitué aux corps de contrôle la plénitude de leurs attributions, mais aussi il les tient en laisse, les utilise à sa guise et protège même les malfaiteurs. Malgré la succession d’affaires, plus scandaleuses les unes les autres, ni le procureur de la République, censé être l’avocat de la société, ni aucun corps de contrôle ne lève le plus petit doigt. C’est comme s’ils se bouchaient les oreilles et fermaient les yeux devant ce qui ressemble fort à du «je m’en foutisme». C’est comme si leur message aux populations était «parlez, parlez, il en restera toujours».

Aujourd’hui, les scandales à milliards non élucidés ne se comptent plus : de l’affaire Petrotim en passant par les licences de pêche, l’affaire Akilee, celle de l’achat des denrées alimentaires destinées aux couches vulnérables, les 94 milliards… Et la liste est loin d’être exhaustive. Ce qui inquiète et révolte le plus dans cette promotion de l’impunité, c’est que si elle n’est pas enrayée, elle risque du jour au lendemain de plonger le pays dans des situations extrêmes, étant entendu que là où règne l’injustice et l’impunité le chaos n’est pas loin. Parce que cette forte corruption entretenue et encouragée fait souvent naître dans la société des disparités criantes qui sont souvent l’objet de frustrations. Car les populations assistent avec impuissance à l’émergence d’une classe de milliardaires spontanés qui s’est faite sur leur dos. Une situation gravissime qui finit souvent par entraîner une fracture sociale terrible entre une petite élite fortement enrichie des ressources du peuple et une populace pauvre abandonnée à elle-même et obligée de recourir à une criminalité de toute sorte pour survivre. Pour dire que cette culture de l’impunité risque de nous perdre si l’on n’y met pas un terme. Parce qu’au-delà de l’impunité dont jouit les auteurs d’actes de prévarication, c’est l’absence de volonté politique des gouvernants pour y remédier qui inquiète le plus. Ainsi, il incombe au pouvoir qui est garant de la sécurité et de la quiétude des populations de se réajuster, de créer un environnement sain, propice au respect du bien commun pour mettre fin à cette situation qui menace les fondements de la République, étant entendu que tant va la cruche à l’eau qu’à la fin elle se casse. Parce que ce n’est pas pour les beaux yeux de Macky Sall que les Sénégalais avaient congédié Wade, mais pour une autre façon de faire avec à la clé une gestion saine et transparente des ressources publiques.

Mais l’amer constat est que les choses semblent être devenues pires sous son magistère, avec des dirigeants qui semblent être au-dessus des lois et qui narguent leur peuple.

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