Le nombre des pauvres au Sénégal a augmenté de près de 500 mille personnes entre 2018/2019 et 2021/2022.
L’Agence nationale de la Statistique et de la Démographie (ANSD) vient de publier, ce 25 juillet 2024, les résultats de la deuxième édition de l’Enquête harmonisée sur les conditions de vie des ménages (EHCVM).
Cette enquête a été réalisée avec l’accompagnement de la Commission de l’Union Economique et Monétaire Ouest-Africaine (UEMOA) et de la Banque Mondiale (BM).
L’objectif de l’EHCVM est de renforcer les capacités des Etats membres de l’Union dans la conception, la mise en œuvre, le traitement et l’analyse des données d’enquêtes pour l’évaluation de la pauvreté. La première enquête du Programme a été réalisée en 2018-2019.
Cette deuxième enquête d’envergure nationale a porté sur un échantillon de 7 120 ménages. La collecte s’est tenue en deux vagues et sur les mêmes périodes que la première édition. La première vague s’est déroulée du 06 novembre 2021 au 05 janvier 2022, et la seconde du 22 avril au 22 juillet 2022
Les principaux résultats de cette enquête montrent que le taux de pauvreté monétaire est évalué à 37,5% en 2021/2022 ; soit une légère baisse de 0,3 point de pourcentage par rapport à 2018/2019 (37,8%).
Toutefois, en termes d’effectifs, le nombre de personnes vivant dans la pauvreté a augmenté de près de 500 000 personnes entre 2018/2019 et 2021/2022 du fait d’un rythme d’évolution annuelle de la population plus rapide que celui de la baisse de la pauvreté.
L’extrême pauvreté a également enregistré une diminution, passant de 6,8% à 5,6%. La pauvreté est plus accentuée en milieu rural avec un taux de 53,3% contre 20,0% pour le milieu urbain.
- Les régions où il y a plus de pauvres
Au niveau régional, la pauvreté est plus accentuée dans les régions de Kédougou (65,7%), Sédhiou (64,4%), Tambacounda (62,8%) et Kolda (62,5%). Par contre, elle est moins importante dans les régions de Dakar (9,3%), Thiès (29,9%), Saint-Louis (37,3%) et Diourbel (37,4%).
Les personnes vivant dans des ménages dirigés par des hommes sont les plus affectées avec un taux de pauvreté de 42,0 % contre 24,7% parmi les personnes vivant dans des ménages dirigés par des femmes.
De plus, 41,0 % des personnes vivant dans des ménages dirigés par des chefs âgés de 50 à 59 ans se trouvent sous le seuil de pauvreté. Il a été relevé que le taux de pauvreté est plus élevé chez les personnes dont le chef de ménage n’a aucun niveau d’instruction (44,9 %).
Le milieu rural concentre 74,6% des pauvres
Au Sénégal, en 2021/2022, le taux de pauvreté monétaire est évalué à 37,5%. Néanmoins, d’importantes disparités sont constatées à la fois au niveau des milieux de résidence et entre les régions du pays.
Les résultats montrent des disparités entre le milieu rural et le milieu urbain en termes de niveau de vie. En effet en milieu urbain, le taux de pauvreté est de 20,0% tandis qu’en milieu rural, plus de la moitié de la population se trouve dans une situation de pauvreté monétaire (53,3%).
Ce milieu concentre aussi 74,6% des pauvres. En outre, entre autres mesures, la profondeur de la pauvreté, estimée à 10,2% au niveau national, est plus marquée en zone rurale (15,7%) qu’en milieu urbain (4,2%).
En ce qui concerne la sévérité de la pauvreté, elle est estimée à 1,4 en milieu urbain contre 6,3 en milieu rural.
Par ailleurs, il est noté qu’une personne en milieu rural alloue en moyenne 1 102 FCFA par jour pour ses besoins de consommation, aussi bien alimentaires que non alimentaires. À l’inverse, en milieu urbain, ce montant se situe à 1 912 FCFA, soit presque le double (1,7 fois) qu’en milieu rural.
De même, les inégalités de niveau de vie, mesurées par l’indice de Gini, se révèlent plus prononcées en milieu urbain, atteignant un niveau de 32,8%, que dans les zones rurales, où elles se situent à 26,8%.