Financement du gaz d’ici 30 ans, exclusion des dépenses sécuritaires sur le calcul budgétaire et plus d’institutions de développement francophones. Voila le vif plaidoyer du ministre Amadou Hott, ce 16 mars, à l’occasion du sommet de la francophonie économique à l’Ucad.
Venu représenter le chef de l’Etat à la cérémonie d’ouverture du troisième sommet de la francophonie économique qui se tient à l’Ucad du 16 au 18 mars 2022, le ministre de l’Economie Amadou Hott a profité de la tribune qui lui a été offerte pour faire un plaidoyer à l’intention des pays africains sur plusieurs sujets.
D’abord sur l’énergie. Le ministre regrette la décision des pays riches de ne plus financer le gaz. Une mesure brutale aux yeux du Sénégal. « La transition énergétique doit se faire de manière intelligente. Et nous invitons tous les pays francophones à plaider pour le gaz pour une énergie de transition surtout pour les pays africains », a-t-il lancé à l’assistance.
Dans le secteur de la production, affirme Hott, il n’y a pas d’inquiétude à se faire puisque le secteur privé assure largement le financement nécessaire. « Mais pour la conversion du gaz en électricité, pour le gaz to industry, nous avons encore besoin du financement des institutions multilatérales de développement telles que la Banque africaine de développement (Boad), la Banque mondiale, AFC, la BEI. C’est un combat que le Sénégal mène et nous souhaitons que tous les pays francophones nous rejoignent dans ce combat », a invité le ministre sénégalais de l’Economie.
Exclure les dépenses de sécurité du calcul du déficit
Ce dernier pense que les pays africains ont besoin d’une transition de 30 ans. Il faut donc attendre d’ici 2060 pour abandonner le gaz. « On a 650 millions d’Africains qui n’ont pas accès à l’électricité. Donc c’est primordial que le gaz que nous avons qu’on puisse le convertir en électricité ».
Ensuite la sécurité. Sur ce point, Hott rappelle que sans paix ni stabilité, rien ne peut se faire, donc pas de développement. D’où la nécessité de renforcer la coopération entre pays qui partagent le français pour sécuriser la zone francophone. « Certains pays du Sahel dépensent plus de 2 à 3% de leur PIB dans des dépenses militaires et sécuritaires. Pour certains pays, c’est 20 à 25% du Pib. Le Sénégal plaide également dans le calcul du déficit budgétaire qu’on exclut, pour un temps, les dépenses de sécurité », a ajouté Hott.
Ide exclusivement dédiée aux pays francophones
Enfin, il y a le financement. Amadou Hott pense qu’il faut plus d’institutions de financement francophones. Le ministre de l’Economie semble dire que les pays francophones sont marginalisés à la Banque africaine de développement. « C’est une banque où les gens sont bilingues, mais tout le travail se fait en anglais, après on traduit en français. Il nous faut plus d’institutions de développement francophones comme la Boad qui est exclusivement une institution francophone ».
Amadou Hott estime donc qu’il est indispensable d’avoir plus d’Institutions de développement (Ide) venant des pays francophones. Ces institutions venant de la France, du Canada, de la Belgique, même de la Suisse, bref des pays francophones représentent moins de 10%, maximum 15% des Ide en Afrique. « C’est pour cela qu’il est important de promouvoir des échanges entre ces pays francophones et nos pays africains pour créer une banque de développement francophone qui sera exclusivement dédiée aux pays francophones », appelle Hott.