Sonatel, sur la sanction de 16 milliards : ‘’toujours à la veille d’élection à très fort enjeu, l’Artp revient à la charge’’

Le Syndicat des travailleurs de la Sonatel compte contrecarrer la décision n°2007/001/ARTP/DG/DJ/DT de l’Artp qui a condamné la société  de téléphonie à plus de 16 milliards de F Cfa. Ce qui chiffonne le plus les membres dudit Syndicat dirigé par Mamadou Lamine Badji, c’est que l’Etat du Sénégal a pris pour habitude de prendre ce genre de décision à chaque veille d’élection. Des montants versés par  Sonatel et qui souvent ne sont pas inscrits dans une loi de finances rectificative. Dans cette interview accordée à ‘’Source A’’, le secrétaire général du Syndicat des travailleurs de la Sonatel prévient que son entreprise compte utiliser toutes les voies de recours que lui offre la loi, afin que cette décision de l’autorité ne soit pas appliquée.
Source A : En lisant votre communiqué sur les pénalités de l’Artp, on a l’impression que la Sonatel accuse les autorités de vouloir en faire sa vache laitière. Qu’en est-il réellement ?
Mamadou Lamine Badji : Effectivement, nous avons cette impression que Sonatel est aux yeux de l’Etat une vache à lait. Au lieu de la considérer comme un levier de notre indépendance numérique, un levier de notre diplomatie économique, l’Etat n’a qu’une seule obsession : comment gagner plus avec Sonatel, dans le court-terme.
Source A : Croyez-vous que les prochaines élections locales ont quelque chose à voir avec cette forte sanction ?
Mamadou Lamine Badji : Nous n’avons pas à croire, il suffit juste de regarder les faits. En 2007, à quelques jours de l’élection présidentielle, par décision n°2007/001/ARTP/DG/DJ/DT du 26 janvier 2007, l’Artp a infligé une sanction de 3 milliards à la Sonatel.

En 2011, à quelques mois de la Présidentielle de 2012, l’Artp a menacé de sanctions et collecté 20 milliards sur la taxe des appels entrants. Ce montant n’a toujours pas été inscrit dans une loi de finances rectificative de cette période.

En 2016, par la décision n°2016-002 du 19 mai 2016, à quelques mois des élections législatives de 2017, une sanction de 13 milliards tombe encore sur Sonatel. Elle est finalement ramenée à 1,5 milliard.

Et en 2021, toujours à la veille d’élections à très fort enjeu, l’Artp revient à la charge par décision n°2021-019 pour sanctionner Sonatel de 16 milliards.

Source A : Quelles conséquences le paiement de cette forte somme peut-il avoir sur la situation sociale et les résultats de la société, sachant que vous êtes très impacté par la concurrence dans le domaine des transferts d’argent ?

Mamadou Lamine Badji : D’abord sur l’image, l’Artp envoie au monde et à l’Afrique, sur la base d’une étude trop faible techniquement, l’image d’une Sonatel incapable de gérer un réseau. Ce qui est archi-faux. C’est aussi une insulte à l’expertise sénégalaise, depuis les temps d’Alassane Dialy Ndiaye, de Cheikh Tidiane Mbaye, d’Alioune Ndiaye à nos jours.

Ensuite, dès lors que les opérateurs se rendront à l’évidence que quels que soient les efforts d’investissements consentis pour améliorer leurs réseaux, le couperet de l’Artp leur tombera dessus. Ils arrêteront d’investir et attendront tranquillement la pénalité pour la payer.

Enfin, 16 milliards dans le contexte de rude concurrence dans le domaine du mobile money ne peuvent qu’avoir un impact dramatique pour les finances de Sonatel.

C’est pourquoi, on se pose la question de savoir qui a vraiment intérêt à fragiliser Sonatel. Une entreprise qui contribue à plus de 200 milliards dans le budget du Sénégal, si elle disparaissait c’est l’Etat du Sénégal en premier qui verrait la progression de sa croissance fléchir. Il serait même contraint de réviser son budget, en procédant à des ajustements. Alors, ne jouons pas avec le feu.

Source A : Que pouvez-vous faire pour remédier à cela ?

Mamadou Lamine Badji : Dénoncer l’abus d’autorité de l’Artp. Dénoncer les coïncidences troublantes de ses sanctions avec les élections. Dénoncer la nébuleuse qui entoure 179 milliards F Cfa qui devaient aller dans le service universel des Télécommunications.

Source A : Que vous offre la loi pour contester les résultats publiés par l’autorité de régulation ?

Mamadou Lamine Badji

: La loi nous donne le droit de nous exprimer. Nous nous exprimons partout où besoin se fera sentir pour marquer notre désaccord avec cette décision illégitime. La loi nous permet de déployer des plans d’actions de luttes syndicales, nous les déploierons jusqu’à ce qu’on nous entende.

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