Après la situation globale présentée par le directeur de la Prévention, Dr El Hadji Mamadou Ndiaye, le directeur du Centre des opérations d’urgence sanitaire (COUS), Dr Alioune Badara LY, a pris le relais pour livrer les détails de la situation épidémiologique. Le tableau qu’il dessine est inquiétant. Si la situation tendancielle se précise, il prédit la catastrophe notamment dans les régions. L’élément déclencheur est la Tabaski célébrée le 21 juillet, au Sénégal. Car signale-t-il, d’emblée : “aujourd’hui, l’analyse de (cette) situation ne peut pas se faire sans tenir compte de l’événement important de la Tabaski. Il va y avoir un avant Tabaski, du point de vue de la situation épidémiologique, un pendant mais surtout un après-Tabaski, qui aujourd’hui concentre toute notre attention.”
LA TABASKI, ÉLÉMENT DÉCLENCHEUR DE LA SITUATION CATASTROPHIQUE
D’après lui, il s’agira aussi de “regarder surtout la maladie entre Dakar et l’intérieur du pays.” D’autant plus que décrit le successeur du Dr Abdoulaye Bousso, “juste avant la Tabaski, on avait le maximum de cas hebdomadaires cumulés au niveau de notre pays. Pendant la semaine de la Tabaski, nous avons observé, pour la première fois, une baisse du nombre de cas qui avait, pendant neuf semaines successives, augmentée. Cela nous l’avons observé sur la courbe globale mais aussi au niveau de Dakar, en particulier.” Et, “cette baisse, analyse Dr LY, doit être prise avec beaucoup de précautions, pour deux principales raisons.” D’abord, décline-t-il, “avec la Tabaski, avec le mouvement important de populations qui a eu lieu, entre Dakar et les régions intérieures.”
Ensuite, “cette semaine correspond aussi à la semaine pendant laquelle on a commencé de manière importante les Tests de diagnostic rapide (TDR). Quand on parle de (TDR), cela veut dire que les PCR qui ont été faites jusque-là, et qui servaient de compteur pour avoir le nombre de cas, à la lumière de la procédure révisée et validée, et qui fait aujourd’hui qu’un (TDR) positif ne nécessite plus de faire un PCR, ceci va influencer naturellement le nombre de cas que nous allons avoir chaque jour.”
D’ailleurs, embraie-t-il, sonnant l’alarme, “la 3e raison pour être prudent, la semaine qui a suivi la Tabaski, au niveau de la courbe globale, nous avons commencé à observer une légère hausse, même si on n’a pas atteint le niveau qui était en place avant la Tabaski. Ça a légèrement monté” même si tempère-t-il, “on est toujours en deçà du maximum qui a été noté dans la semaine qui a précédé la semaine de la Tabaski.”
HAUSSE DES CAS GRAVES ET DU NOMBRES DE DÉCÈS
Mais, enchaîne le spécialiste : “si on regarde le nombre de cas comparé (entre le) mois de juin (et le) mois de juillet, le nombre de cas cumulé a été multiplié par neuf. Ceci n’est pas sans expliquer les difficultés que nous avions tous noté dans la prise en charge d’une certaine manière de la pandémie.
S’agissant des cas graves, “aujourd’hui, nous continuons d’observer une hausse continue de (leur) nombre”, alerte-t-il, par ailleurs. La preuve, détaille : “pour donner un exemple, cette semaine qui n’est pas encore terminée, nous sommes déjà à 63 cas en moyenne, comparée à la semaine dernière, où nous avions noté 57 cas graves.”
Pour le nombre de décès, relève-t-il, “cela fait six semaines consécutives que nous enregistrons une augmentation successive du nombre de cas cumulé chaque semaine. Et nous avons atteint un pic de 99 décès la semaine passée. Entre les deux dernières semaines écoulées, nous avons eu une augmentation de 68% du nombre de décès enregistré au niveau du pays.”
Sur le plan régional, Dr LY note “qu’après la Tabaski, toutes les régions ont, aujourd’hui, enregistré une hausse durant la semaine qui a suivi la Tabaski.” “Ceci est à souligner, et montre la nécessité, pour nous, insiste-t-il, d’anticiper sur la prise en charge en particulier des cas graves, au niveau de l’ensemble de nos régions. C’est ce qui justifie cette anticipation, mise en œuvre par le ministère de la Santé, pour superviser ou échanger de manière très étroite avec l’ensemble des autorités administratives, et des médecins chefs de région, pour anticiper ce que nous craignons.” Car, conclut-il : “au cas où ce phénomène (hausse) devrait se confirmer, que les régions ne soient pas surprises et être diligentes et à se préparer à faire face à une hausse relativement importante de la maladie”.