Habitués à abattre les espèces protégées, Boubacar Ba, Oumar Ba, Siradio Sidibé Jallow et Sakhoba Simakha ont encore été sanctionnés par la Justice, à Tambacounda. Ce, après leur interpellation le 22 octobre dernier. Ces quatre braconniers ont en effet écopé d’une peine de «3 mois de prison avec sursis pour braconnage et trafic de peaux d’animaux». C’est ce qu’on peut lire à travers les lignes d’un communiqué du projet Eagle Sénégal, rendu public hier. La faute à ce quatuor de délinquants : avoir «abattu une lionne dans la périphérie du parc. Les investigations, menées de concert entre les parcs nationaux, l’Ong Panthera et le projet Eagle, ont permis d’apporter suffisamment d’éléments au procureur de Tambacounda, qui a aussitôt saisi la Brigade de recherches de la gendarmerie pour interpeller les présumés braconniers dans leur cachette. Ce qu’ils réussirent».
Lors de l’arrestation des futurs condamnés, «une peau de ratel, un mammifère assez méconnu des Sénégalais dont le repas préféré est le miel, est retrouvé chez les présumés braconniers. Ce sont aussi plusieurs fusils et munitions dont un fusil de guerre, qui ont été saisis», souligne le communiqué du projet Eagle Sénégal.
L’opération ayant conduit à l’interpellation des quatre braconniers a permis de se rendre compte de «l’importance du commerce illicite des lions au Sénégal, des grands félins en général, malgré les efforts de conservation des autorités environnementales nationales et internationales au Sénégal». Poussant ainsi ces acteurs de la lutte contre la criminalité faunique à soutenir : «Le Sénégal oriental constitue en définitive, un haut-lieu de trafic et d’échange de peaux de lions et de léopards.» Suffisant donc pour en déduire : «L’abattage de cette lionne viendrait encore plus exacerber ce fléau puisque les deux lionceaux, qui se seraient retrouvés seuls dans la brousse, sans protection de leur mère, sont voués à une mort certaine.»
Déjà «connus des parcs nationaux» et considérés comme des «récidivistes», ces quatre braconniers avaient déjà fait l’objet d’une condamnation à une peine qui était assortie du sursis de 2 ans. Et les délits, qui leur avaient valu d’être sanctionnés par le juge, ont pour noms : «détention, circulation, tentative de commercialisation de 2 peaux de léopard et plusieurs pattes d’oryctérope (2 espèces intégralement protégées) dans le Parc national de Niokolo Koba (Pnnk)». C’est ce qui a amené l’Ong américaine Panthera, installée à Tambacounda dont la mission principale est de préserver les derniers lions d’Afrique de l’Ouest, à demander et obtenir l’appui du projet Eagle Sénégal «pour les aider à retrouver les auteurs d’un crime faunique ignoble».
«Menacée en Afrique, vulnérable et en danger critique d’extinction», la lionne, rappelle le projet Eagle Sénégal, «est une espèce intégralement protégée aux termes de l’article D36 du décret n°86-844 du 14 juillet 1986 portant Code de la chasse et de la faune».
Inscrit sur la liste rouge de l’Uicn (Union internationale pour la protection de la nature), le lion «bénéficie d’une protection dans l’Annexe II de la Cites. Le Sénégal possède une grande partie des derniers lions d’Afrique de l’Ouest. D’où l’impératif et l’immense responsabilité de les protéger jalousement».