Partie intégrante du Comité pour l’abolition des dettes illégitimes (Cadtm) le Réseau Droit au Développement pour d’Autres Alternatives (Reda) a organisé hier un forum sur le thème : « Femmes Dette et microcrédits : enjeux et perspectives dans le contexte du Covid 19 ». Présidente du Réseau Droit au Développement pour d’autres Alternatives, Bambi Soumaré constate, pour le déplorer, des pratiques généralisées au niveau des institutions de microfinance qui précarisent les femmes. Il s’agit plus particulièrement des taux d’intérêt pratiqués par les mutuelles d’épargne et de crédit. Un constat partagé à l’unanimité par les participantes, aussi bien du Sénégal que de la sous-région. Leurs témoignages concordants révèlent des difficultés qui, de manière globale, entravent les politiques d’autonomisation des femmes à travers le microcrédit. « On a constaté que nous subissons une situation difficile par rapport aux mutuelles d’épargne et de crédit. Il y a des taux d’intérêt très élevé. La Bceao a fixé des taux de 24% mais dans la réalité, si on calcule bien, on se retrouve avec 30 % de taux d’intérêt. C’est par rapport à cette situation que nous nous sommes organisées en tant que réseau au niveau international. Il y a une vingtaine de pays d’Afrique, d’’Asie, d’Europe et d’Amérique Latine aujourd’hui car le Comité pour l’abolition des dettes illégitimes est une organisation mondiale » laisse entendre Bambi Soumaré. Dans le même sillage, elle estime que les taux d’intérêts pratiqués par les mutuelles d’épargne et de crédit n’aident pas les femmes mais les appauvrissent. Elle assure qu’il y a aussi des individualités, il y a des usuriers qui s’activent sur le marché. « Il y a même des personnes qui vont prendre des crédits au niveau des banques et qui vont venir redistribuer ça aux femmes soi-disant pour les aider » dénonce la Présidente du Reda. Bambi Soumaré et ses camarades militent pour que des prêts à taux bonifiés soient accordés aux femmes. Dans l’idéal, elle préconise des prêts à taux 0 % pour vraiment venir en aide à ces dernières. « On va faire des mémorandums aux autorités, on va faire des plaidoyers, on va faire des sit-in pour atteindre notre objectif. Aujourd’hui on a fait une mobilisation générale pour permettre à toutes les femmes de s’exprimer, de dire ce qu’elles sont en train de vivre. Après cela on tiendra un séminaire au niveau de Rufisque. L’objectif est de lutter contre les taux d’intérêt très élevés. En tant que femmes on subit des maltraitances, on subit des menaces, des recouvrements de dettes musclés… On s’est levé pour crier haut et fort qu’il faut que ça cesse » déclare Bambi Soumaré. Pour conforter la position affichée par les femmes, elle ajoute que même le président de la République reconnait que les taux de crédit pratiqués sur le terrain sont trop élevés, d’où la nécessité d’inverser la tendance dans les meilleurs délais.
Tribune