Selon un nouveau rapport de l’Association européenne d’urologie, les motifs de consultation chez les hommes pour troubles sexuels ont changé, au cours de ces dix dernières années. Si le trouble érectile reste le principal motif de consultation, les hommes interrogés dans le cadre de l’étude consultent également de plus en plus pour faible désir sexuel ou courbure du pénis, notamment les plus jeunes.
Publié dans “Nature”, ce rapport suggère que le nombre de patients souffrant de problèmes de dysfonctionnement érectile a augmenté entre 2009 et 2013, puis a commencé à diminuer. «Le dysfonctionnement érectile reste la principale raison de se rendre à la clinique. Mais ce nombre est en baisse, alors qu’environ 35 % des hommes qui fréquentent la clinique se plaignent maintenant de la maladie de la Peyronie», constate le Dr Paolo Capogrosso, Directeur de recherche à l’hôpital San Raffaele à Milan, en Italie.
D’après les auteurs du rapport, ces changements s’expliquent notamment par le succès des traitements des troubles de l’érection tels que le Viagra et le Cialis. «Nos patients sont également de plus en plus jeunes, ce qui peut refléter un changement générationnel dans l’attitude face aux problèmes sexuels», analyse le Dr Capogrosso.
Pour aboutir à ces résultats, les scientifiques ont interrogé 3 244 visiteurs masculins de la clinique de santé sexuelle de l’hôpital San Raffaele, sur une période de 10 ans (2009 à 2019) et se sont basés sur le motif principal de la visite médicale.
Les chercheurs ont constaté qu’il y avait comparativement peu de patients se plaignant de baisse de libido ou de maladie de Lapeyronie (fibrose de la verge entraînant une courbure du pénis) en 2009, mais que les plaintes concernant ces deux affections ont augmenté tout au long de la décennie étudiée. En 2019, environ 30 % de plus d’hommes ont consulté pour la maladie de Lapeyronie qu’en 2009 et environ 32 % pour une baisse de libido.
«Ces chiffres n’indiquent aucun changement dans la prévalence de ces maladies, mais les raisons pour lesquelles les hommes sont venus à la clinique. En d’autres termes, ils montrent ce qui les préoccupe», précise le Dr Capogrosso.
«Ces changements reflètent probablement aussi la disponibilité de nouveaux traitements : comme les traitements pour les maladies sexuelles sont devenus disponibles ces dernières années, les hommes sont moins susceptibles de souffrir en silence», ajoute le médecin.