L’irruption d’Ousmane Sonko dans le champ politique et son entrée à l’Assemblée nationale auront au moins permis d’élever le niveau du débat politique et inciter notre classe politique à plus de prudence. Malgré les dénégations et les tentatives de décrédibilisation des politiciens à l’endroit de Sonko, ses révélations ne sont, à ce jour, pas encore démenties.
Au contraire ! Les faits semblent lui donner même raison, aujourd’hui. Que ce soit le non-paiement d’impôts par les députés et la mal gouvernance des ressources naturelles qu’il avait dénoncée et qui lui avaient valu d’être radié de la fonction publique, Sonko n’a pas tout faux.
Et depuis quelque temps, Ousmane Sonko est revenu à la charge, bulletin de salaire en main à l’appui, pour démontrer que les députés ne paient pas l’impôt. Ce qui est le plus cocasse dans cette situation, c’est de voir qu’à chaque fois que Sonko s’exprime et sort les cafards des placards, c’est le branle-bas de combat chez les tenants du pouvoir, qui tentent de lui porter la réplique. Et la plupart du temps, ce sont des attaques personnelles, des invectives qui, le plus souvent, sont l’œuvre de politiciens professionnels plus soucieux de préserver leur onctueux fromage qu’autre chose.
Mais il faut se rendre à l’évidence ! Il est difficile de contredire le leader de Pastef qui, quand même faut-il le rappeler, était un Inspecteur des Impôts, donc il maîtrise son sujet. Malheureusement, dans ce pays, il semble aujourd’hui que la stratégie des politiciens est de divertir les populations ; et c’est à croire même s’ils ne les prennent pas simplement pour des demeurées.
Face aux révélations de Sonko, les députés, pour noyer le poisson, s’adonnent à un jeu de mots en soutenant qu’ils n’ont pas de salaire mais des indemnités. Au même moment on assiste à un ballet d’autorités devant le juge pour audition concernant le scandale Petrotim.
Autant de faits qui confortent Sonko qui, quoi qu’on puisse lui reprocher, semble plus honnête que nombre de politiciens à la fortune douteuse qui essaient de le discréditer aujourd’hui. D’ailleurs, combien sont-ils actuellement qui osent se mettre devant le public comme le leader de Pastef et le regarder dans les yeux pour lui dire qu’ils n’ont pas profité du régime en s’en mettant plein les poches ?
En tout cas Sonko lui, affirme à qui veut l’entendre, qu’après 15 ans de service aux Impôts et domaines personne ne peut lui imputer le détournement de ne serait-ce que 50 francs. Au moment où les régimes politiques qui se sont succédé se sont adonné et continuent de s’adonner à des orgies avec les deniers publics, les populations ont besoin d’hommes politiques honnêtes ; et jusqu’à preuve du contraire Ousmane Sonko, en fait partie. Parce que depuis qu’il s’est lancé dans le champ politique, il essaie quand même de combattre la force des routines et l’usure des caractères en dénonçant avec véhémence les personnes qui dilapident les ressources publiques, couvertes par une justice à la solde de sa majesté. Ses interventions à l’Assemblée nationale sont toujours pertinentes, car bien argumentées. Ce qui le place parmi les rares députés qui jouent convenablement leur rôle de contrôle de l’action gouvernementale. C’est justement son refus de la compromission et de participation à ce qui ressemble à un vaste concours de complaisance qui vaut aujourd’hui à Ousmane Sonko d’être autant «haï» comme il le reconnaît lui-même par ses adversaires.