Trafic de cocaïne et blanchiment à Ouagou Niayes : Les nouvelles révélations de l’enquête

Packets of fentanyl mostly in powder form and methamphetamine, which U.S. Customs and Border Protection say they seized from a truck crossing into Arizona from Mexico, is on display during a news conference at the Port of Nogales, Arizona, U.S., January 31, 2019. Courtesy U.S. Customs and Border Protection/Handout via REUTERS ATTENTION EDITORS - THIS IMAGE HAS BEEN SUPPLIED BY A THIRD PARTY.

L’Office central de répression du trafic illicite de stupéfiants (Ocrtis) a frappé un grand coup dans la nuit du 13 au 14 juillet, à Ouagou Niayes. Appuyés par des agents de la Brigade d’intervention polyvalente (BIP), des éléments de cette branche de la police ont démantelé un puissant réseau de trafic de cocaïne aux méthodes sophistiquées, dignes des cartels d’Amérique latine.

Celui-ci était dirigé par S. O. Diop, alias «Capo Keuz». Il s’agit d’un multirécidiviste, habitué des séjours en prison pour trafic de drogue, blanchiment de capitaux, recel, notamment. Il a été arrêté en même temps que dix-neuf membres présumés de son gang dont quatre dames, N. C. K. Diakhaté, R. Diédhiou, K. Doucouré et M. Faye.

Les éléments de la bande ont été présentés au procureur de la République. Ils sont poursuivis pour association de malfaiteurs, détention de crack aux fins de trafic, complicité de trafic, usage collectif de crack, facilitation à l’usage de crack, séquestration, détention de munitions sans titre, blanchiment de capitaux et tentative de corruption, entre autres chefs.

L’enquête suit son cours. Trois membres importants du réseau sont recherchés, selon L’Observateur qui, dans son édition de ce lundi, a rejoué le film de la chute de «Capo Keuz» au terme d’une traque de plusieurs semaines de l’Ocrtis.

Forteresse, barbelés et gardes armés

Fort d’un renseignement recueilli de l’activité de ses antennes invisibles, l’Ocrtis avait le cartel de Ouagou Niayes dans le viseur. Les informations selon lesquelles ce quartier planté au beau milieu de Dakar était le théâtre d’un trafic de différentes drogues, seront confirmées par une dénonciation anonyme. L’alerte du dénonciateur, dont le neveu a failli mourir par overdose dans le QG du cartel, poussera l’Ocrtis à ouvrir une enquête et à échafauder un plan pour faire tomber «Capo Keuz» et sa bande.

Mais l’affaire n’est pas simple. Le dealer en chef a établi ses quartiers à l’intérieur du R+2 familial. Une véritable forteresse, surmontée de barbelés et gardée 24h/24 par des gros bras armés. Les entrées sont strictement filtrées. «À l’aide de grilles, portes et fenêtres en fer, il [‘Capo Keuz’] procède à un aménagement des compartiments [de la maison], délimités en zone de stockage, fumoir, dépôt de meubles de luxe, fruit du blanchiment de l’argent issus de la vente des stupéfiants», décrit L’Observateur.

Le journal souligne que ce dispositif est «sécurisé» par la vigilance d’une armée de guetteurs. Ces derniers sont postés à différents endroits stratégiques du quartier. Leur mission est de signaler toute présence suspecte. L’enquête révélera aussi que «Capo Keuz» bénéficie de la complicité de certains de ses voisins en échange d’un soutien financier régulier.

Après avoir envoyé des éclaireurs, chargés d’épier le voisinage, l’Ocrtis réussit à trouver une faille qui lui permet d’envoyer un de ses éléments à l’intérieur de la maison. Sous les habits d’un client, le policier passe une commande de dix pierres de crack.

Ocrtis et BIP, main dans la main

L’agent infiltré profite de l’occasion pour «photographier» les lieux. D’après L’Observateur, il relève que le saint de saints, les appartements de «Capo Keuz», est niché à l’étage, gardé par des hommes armés. Il note aussi la présence de toxicomanes transformés en loques humaines et parvient à enregistrer les noms des plus proches collaborateurs du chef de la bande : P. Gama, M. M. Fall, A. Z. Thiam, D. Fall, R. Diédhiou, la dame N. C. K. Diakhaté et M. Fall.

Ce travail préalable effectué, l’Ocrtis décide de lancer l’assaut. Pour mener à bien sa mission, il sollicite l’appui de la BIP. Les deux unités de la police lancent l’assaut le 13 juillet.

L’opération a failli virer au fiasco. «Dès qu’ils ont flairé la présence des limiers, les occupants de la forteresse ont aussitôt coupé l’électricité, rapporte le journal du Groupe futurs médias. Progressant dans le noir, les policiers vont faire face à une autre impasse de taille : des barricades (portes, rideaux et grilles en fer, fils de barbelés…) sont érigées à l’intérieur de la maison pour délimiter les compartiments qui mènent à l’étage où sont stockées les drogues.»

Ce dispositif retardera les policiers et permettra aux dealers de se débarrasser d’une bonne partie des produits illicites. Mais l’intervention se soldera par l’arrestation de «Capo Keuz» et ses complices présumés. La perquisition du QG permettra de mettre la main sur 21 pierres de crack, cachées sous des matelas orthopédiques, selon L’Observateur, huit munitions pour calibre 22 mm, des rouleaux de papier aluminium, des boîtes de bicarbonate de sodium, des pipes de crack, trois balances électroniques, un lot de briquets, des cadenas, notamment.

La même source rapporte que des passeports, des cartes d’identité, des chéquiers et des meubles de luxe ont été également saisis.

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