Trafic international de drogue : un trio démantelé aux Almadies

Si ce n’était pas l’exception portant sur la nullité de la procédure soulevée par leurs avocats, Moussa Sy, Cheikh Diop et Codou Mbow ne sortiraient pas de prison de sitôt. Appelés à la barre des flagrants délit de Dakar pour des faits de trafic international de drogue, ils ont été relaxés par le juge sans être jugés.

De la chance, Moussa Sy, Cheikh Diop et Codou Mbow peuvent se vanter d’en avoir. Et à juste raison. Attraits à la barre du tribunal des flagrants délits de Dakar pour des faits de trafic de drogue et complicité de ce chef, ils ont été relaxés, sans même être jugés. En effet, le juge a donné raison aux avocats de la défense qui, dès l’appel du dossier, ont soulevé une exception portant sur la nullité de la procédure. Les robes noires ont estimé que la durée de garde-à-vue de leurs clients a expiré. Après leurs plaidoiries, le représentant du Ministère public, qui n’a pas été de leur avis, avait demandé au tribunal de rejeter l’exception soulevée.
Le juge a donné raison aux avocats de la défense qui, dès l’appel du dossier, ont soulevé une exception portant sur la nullité de la procédure. Les robes noires ont estimé que la durée de garde-à-vue de leurs clients a expiré
Les faits, qui ont valu aux prévenus leur comparution à la barre des flagrants délits de Dakar, ont eu lieu dans la nuit du 15 août 2021, vers les coups de 4 heures du matin. En effet, selon le capitaine, commandant de la Section de recherches, depuis un certain temps, des renseignements leur étaient parvenus et qui faisaient état d’un trafic intense d’une substance enivrante dénommée ” volley” (Ecstasy) dans les boîtes de nuit aux Almadies. Cette substance très prisée par les jeunes, garçons et filles a un effet dépressif chez les amateurs. La source, qui a informé les enquêteurs, a fait un lien entre le fournisseur Cheikh Diop et le nommé Moussa Sy, revendeur. Constamment en patrouille dans cette zone depuis plus d’un mois, les gendarmes ont pu constater qu’effectivement Moussa Sy mène des activités douteuses dans la zone des Almadies et ses environs. Le jour de leur interpellation, un rendez-vous téléphonique a été fixé par un supposé client.
En attente aux environs du Casino de Ngor, en parfaite coordination avec le supposé acquéreur du jour qui faisait l’objet d’une surveillance permanente par les enquêteurs, Moussa Sy est tout bonnement sorti du véhicule de Cheikh Diop pour aller livrer la substance en forme de comprimés et qui leur semble être de la drogue. C’est ainsi qu’il a été surpris et appréhendé avec un sachet contenant 50 comprimés d’Ecstasy supposé être de la drogue qu’il devait céder moyennant la somme de 325 mille francs.

Les éléments de l’enquête et les conclusions de l’analyse du prélèvement de poudre blanche supposée être de la drogue

Face à des revendeurs de drogue notoires, particulièrement futés qui agissent avec perspicacité pour déjouer les plans de forces de police au sens large du terme, seules des investigations minutieuses peuvent permettre d’établir leur implication. L’ayant compris au risque de voir tous les efforts déployés pour les arrêter tomber à l’eau, les enquêteurs ont allié enquête classique (audition, constatations, confrontations etc.) et investigations scientifiques et techniques (analyse du produit par la police scientifique). Ainsi, après l’analyse du prélèvement de poudre blanche supposée être de la drogue, la conclusion suivante a été donnée : « Stupéfiant comprimé d’Ecstasy contenant du Méthylène-dioxyde-amphétamine-chlorhydrate 100%. Stimulant du système nerveux central ». Le laborantin a précisé que «le chlorhydrate est un stupéfiant, de la drogue stimulante du système nerveux central.»

Les aveux détonants des mis en cause, lors de leurs auditions
Entendu sur les faits après son interpellation, Cheikh Diop, marié à une épouse et père de trois enfants, a reconnu avoir acheté ces comprimés en Gambie, à la demande de sa copine, Codou Mbow qui lui a fait les éloges de la rentabilité de ce produit qu’il pouvait écouler en raison de 7.500 francs à 10 mille francs par comprimé. Toutefois, il déclare ignorer ses effets et ne savait pas que la vente était proscrite. «J’étais partie en Gambie, le vendredi passé. En revenant, Codou Mbow m’a suggéré d’amener les comprimés ecstasy qui, d’après elle, marchent très bien dans les boîtes de nuit aux Almadies. C’est ainsi que j’en ai acheté une cinquantaine en raison de 2500 F Cfa l’unité pour les revendre à Dakar à 6.000 F Cfa la pièce.
J’en ai acheté en Sénégambie auprès d’un nommé Barry à 125.000 F Cfa le sachet de 50 pilules. J’ignorais qu’il s’agissait de drogue, la dame m’a tout juste dit que c’est un stimulant. Je pensais que ça avait un rapport avec le désir sexuel», a confié le courtier résident à Nord-Foire.

 

Pour sa part, Codou Mbow, célibataire et mère de deux (2) enfants, a fait de la dénégation systématique sa stratégie de défense. En effet, si elle reconnaît avoir été trouvée en compagnie de Cheikh Diop, elle demeure innocente dans cette affaire de vente d’ecstasy. Restauratrice demeurant à Ouest-Foire, Codou a réfuté toute cession à titre onéreux du produit.

Quant à Moussa Sy, étudiant en 3ème année en Science juridiques, retrouvé en possession des comprimés qu’il a tenté d’avaler au contact avec les gendarmes, il déclare avoir reçu le produit des mains du sieur Cheikh Diop dont il venait de faire la connaissance, par l’intermédiaire de Codou Mbow, principale organisatrice de ce trafic. « C’est Codou Mbow qui m’a contacté et signifié qu’elle détenait un produit qui pouvait nous rapporter de l’argent, si on parvenait à l’écouler.
Il s’agissait de ces comprimés. Elle avait à sa possession 50 comprimés dans un sachet et elle m’avait suggéré de les vendre à 325 mille F Cfa. Après 1h passée, je suis allé à la rencontre de Codou qui était en compagnie d’un homme dont j’ignore l’identité et qui est le propriétaire du produit, d’après ces dires. L’homme en question conduisait une voiture de marque Golf et il m’a clairement dit que ces comprimés provenaient de la Gambie, d’où il revenait.
C’est à la suite de notre conversation que ce dernier m’a convaincu de mettre en vente le produit. J’ai aussitôt contacté un ami du nom de Amath qui, à son tour, m’a mis en rapport avec un acheteur au Casino de Ngor. Nous sommes tombés d’accord avec le client sur le montant de 36 000 francs. C’est au moment de la livraison au Casino que les éléments nous sont tombés dessus», avait-il déclaré à l’enquête.

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