Vacances anticipées, calculs politiques : Les élèves, entre le marteau de l’opposition et l’enclume du pouvoir

Au Sénégal, la crise politique est en train de prendre des proportions insoupçonnées et les élèves en sont inéluctablement victimes. En effet, alors que les enseignants annoncent une série de grèves, l’opposition des manifestations tous azimuts en perspective du procès d’Ousmane Sonko de ce 30 mars, le gouvernement n’a pas hésité à les envoyer tous en vacances anticipées de Pâques à partir de ce lundi à 18h. Chez les potaches, certains, innocents, en rigolent, parlant de « vacances forcées ». Mais faut-il réellement en rire ou en pleurer ? Même si la note du ministère de l’Education nationale n’a donné aucune précision sur les motifs de ce changement si brusque, force est de constater que le contexte politique en est la principale raison, d’après des informations obtenues. 
 
Car, faut-il le rappeler, les violentes manifestations du 16 mars dernier ont fortement impacté le milieu scolaire et universitaire. Depuis quelques jours, des élèves ont déserté les salles de classe pour défier les forces de l’ordre dans les rues en vue d’exiger la libération « sans délai » de leurs camarades arrêtés. A l’Université Gaston Berger (Ugb), les étudiants ont décrété, ce mardi, une cessation de toutes les activités pédagogiques pour réclamer la libération de leur camarade Doudou Lèye, actuellement dans les liens de la détention. 
 
Il est peut-être compréhensible que l’Etat joue la carte de la prudence pour éviter tout méli-mélo, mais il est tout aussi nécessaire que ce même État, attributaire de la puissance publique, prenne ses responsabilités. Il a les moyens d’encadrer les écoles comme c’est le cas pour les enseignes françaises à chaque manifestation. 
 
« Évidemment, ces fêtes anticipées peuvent semer un climat de peur et d’angoisse chez certains enfants, les abattre psychologiquement et cela peut impacter sur leurs études », a tranché un psychologue-conseiller contacté par Seneweb.  Et d’ajouter : « Si l’Etat continue d’agir de la sorte, d’ici à la Présidentielle de 2024, l’on peut affirmer d’ores et déjà que l’avenir des élèves est hypothéqué ».

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