La crise sociale s’accentue au Sénégal. Grand Théâtre national, Port autonome de Dakar, ministère de l’Energie… Selon Sud Quotidien les licenciements se multiplient depuis quelques mois au Sénégal, dans certains cas avec l’activation de plans sociaux. Ce qui met en péril l’avenir des travailleurs dans un contexte de vie difficile.
Alors que le coût de la vie devient de plus en plus cher au Sénégal, la situation économique et sociale risque de s’aggraver face à la perte d’emplois. Pour cause, depuis quelques mois, les vagues de licenciements se multiplient dans plusieurs structures particulièrement publiques. Pour des motifs économiques, structurels, politiques ou encore en raison des contrats arrivés à termes, elles sont en tout cas loin d’être bien accueillies. La dernière en date concerne des travailleurs du Grand Théâtre national Doudou Ndiaye Coumba Rose. Dans une note, l’établissement évoque de « sérieux problèmes organisationnels et structurels» mais aussi des « raisons économiques très difficiles pour la structure ». Cette séparation avec les travailleurs intervient après le rejet de l’offre faite pour un départ négocié.
Au Commissariat à la Sécurité alimentaire et à la Résilience, on parle de dix travailleurs licenciés, parmi lesquels des titulaires de contrat à durée indéterminée. Au Port autonome de Dakar (Pad), la vague de licenciements y est intervenue depuis la fin de l’année. Des centaines de travailleurs ont été remerciées par la Direction générale.
«Ce sont plus de 700 jeunes qui ont été renvoyés. Ce qui se passe au Port de Dakar est un drame social. En réalité, ce ne sont pas 700, mais 781 personnes qui se retrouvent actuellement sans emploi», a précisé représentant du syndicat des agents du PAD Abdoul Ndiaye vendredi dernier, lors du grand rassemblement des centrales syndicales. Autre structure qui a mis fin à sa collaboration avec certains de ses travailleurs, c’est bien sûr le Fonds de Garantie d’Investissement Prioritaire (Fongip).
Au ministère de l’Energie, du Pétrole et des Mines, 44 agents ont été licenciés en octobre dernier. « Il s’agit d’un problème de finances. Mes prédécesseurs ont signé des contrats avec des personnes qui, pour les payer, ont eu recours à un fonds dénommé caisse d’avance pour payer ces agents alors que ce fonds était destiné à autre chose. Pour les 298 personnes qui ont été recrutées, leurs salaires en 2023 étaient estimés à 1, 052 milliard FCFA. Ce qui signifie qu’on a dépassé le fonds de la caisse d’avance et pour payer le reste des 234 millions, ils sont allés puiser un autre fonds », avait expliqué le ministre de l’Energie, du Pétrole et des mines, Birame Soulèye Diop. Toujours dans le cadre du départ des agents, dans d’autres structures publiques, il est proposé un plan social aux agents. C’est le cas par exemple de la Caisse des Dépôts et Consignations (CDC) et à l’Agence nationale de sécurité routière (Anaser).
Ce n’est pas seulement le secteur formel qui est impacté. Depuis la suspension des travaux de construction dans les régions de Dakar et de Thiès, par exemple, par les nouvelles autorités, une crise sociale s’installe. Des milliers d’ouvriers, maçons, ferrailleurs et manœuvres, majoritairement issus du secteur informel, se retrouvent sans emploi. Faute de revenus, ces travailleurs peinent à subvenir aux besoins de leurs familles, aggravant la précarité dans les foyers. Certains tentent de se reconvertir dans d’autres activités, tandis que d’autres s’endettent pour survivre. L’arrêt brutal des chantiers impacte aussi les commerces liés au secteur, comme les vendeurs de matériaux et les transporteurs de sable et de ciment.
De leur côté, les promoteurs immobiliers et les propriétaires de chantiers en arrêt expriment leurs inquiétudes face aux pertes économiques. Si la situation perdure, elle pourrait freiner l’ensemble du secteur du bâtiment, moteur de l’économie nationale. Ne dit-on pas « quand le bâtiment va, tout va ? »