Depuis quelque temps nous étions dans l’attente du retour du Président Wade dans le pays, un come-back plusieurs fois avorté. Nous y sommes enfin arrivés ce Jeudi à 16 heures. Ce retour tant attendu par ses partisans dans le désarroi depuis qu’ils ont réalisé que rien ne pouvait plus désormais empêcher la tenue des élections à bonne date, est malheureusement rendu infâme par un message précurseur de leur leader. Wade ne se serait-il lui-même pris dans son propre jeu consistant en une obsessionnelle posture à l’effet d’imposer la candidature utopiste de son fils. Avec tout le respect que les sénégalais vouent à l’ancien Président et que son successeur le Président Macky Sall a magnifié lors de son passage dans sa vie natale Kébémer, j’attendais de wade qu’il disât aux sénégalais, après avoir foulé l’aéroport AIBD et parcouru l’autoroute AIBD – Dakar: <<mon successeur a bien travaillé>>. Puisque pour beaucoup moins qu’il aura vu le long de ce trajet, il avait eu á adresser à son fils devant tous les sénégalais, << je dirais à ta maman que tu as bien travaillé >>. Cela aurait été cohérent mais que nenni! La cohérence pour Wade est juste un crédo simple, qui veut que rien ne vaille si ce n’est faire trôner son fils au dessus de tout le peuple Sénégalais, qui ne mérite pas plus que cela. Dussions-nous à moins de vingt jours près, reporter des élections dont la campagne bat son plein, pourquoi pas? – Seule la victoire de Karim est bonne et suffisante à valider l’élection présidentielle. Hormis ça le Sénégal tomberait dans les travers funestes de malheureux pays voisins, d’après son père.
Qui pour nier l’indéniable élan d’émergence du Sénégal?
Mon pari est que ce message est un baroud d’honneur esbroufant plutôt pathétique, qui ne suscitera des sénégalais aucune réponse. De quel Sénégal nous convie-t’il à porter secours? – de ce Sénégal gagnant, sur orbitre d’émergence depuis l’avènement du Président Macky Sall? – Oh que non! De ce Sénégal où les routes et autoroutes, les écoles, hôpitaux, centres de santé et universités, ponts et nouvelles villes, trains, avions, émergent depuis son départ du pouvoir, au bonheur des populations? – Oh que non! De ce Sénégal où l’électricité jadis au temps de son magistère était aléatoire et aujourd’hui fiable? Oh que non! De ce Sénégal traversé de long en large de Programmes d’urgence salutaires (PUDC,PROMOVILLES, DER ETC…)? Oh que non! – Ce Sénégal n’a besoin que de stabilité et de paix sociale pour passer le test du scrutin du 24 Février avec succès.
Mon opinion est que l’on assistera alors à une massive vague de “Feddëli koleuré”, qui assurera le renouvellement du mandat du candidat Macky au soir même de ce jour.
Qu’est-ce qui donc fait courir Wade à en trébucher?
Wade est dans une confusion totale d’époque, de contexte, d’objectifs et de genre, due soit à son âge, soit à une mésinformation de la part de ses proches. Le temps n’est pas aux rassemblements pour des chimères, mais plutôt au galop des candidats pour arriver à un scrutin dans la paix.
À près de 100 ans l’on a, ou la sagesse ou le fléau de son âge. Du Président Wade, le peuple Sénégalais pouvait à juste raison s’attendre à sa sagesse. Voilà un homme instruit, qui a persévéré 26 ans durant dans l’opposition avant d’accéder au pouvoir et de conduire les destinées de notre peuple pendant 12 ans. Une expérience qui fait de lui un éléphant politique. Mais à près de 100 ans un être humain doit avoir comme souci de mettre de l’ordre dans le bilan de sa vie et non prétendre conduire une bataille qui certes n’est pas la sienne, mais celle de la génération de ses petits enfants. Ceux qui l’aiment doivent l’amener à se consacrer à ses mémoires, d’un grand intérêt pour le patrimoine de notre nation, plutôt que de l’appeler à la rescousse et le mettre au supplice. Le Président Wade a réussi beaucoup de choses dans sa vie, notamment son combat victorieux pour la conquête du pouvoir avec le parti qu’il avait fondé, celui d’avantage d’ouverture de la démocratie dans notre pays et du défi de développement du pays dans plusieurs domaines, tout cela bien apprécié du reste. Cependant une vie ne peut être faite que de succès et il faut savoir accorder du respect aux échecs également: ils peuvent servir dans d’autres circonstances. Le président Wade aurait aimé que son fils lui ressemblât et surtout qu’il fût le prolongement du meilleur de lui même, pour finir en une dynastie Wade. Malheureusement sur ce plan – Échec et mat! Il lui faudra se résigner de l’échec de faire de son fils un homme politique, faute pour ce dernier de n’avoir du tout pas une once de ce talent là. C’est bien beau qu’au Sénégal que l’on arrive facilement avec une bonne dose de charge émotionnelle dans les relations, à embarquer des masses dans des projets chimériques, mais ça ne garantit pas la bonne fin. Un projet “Karim président” ne pouvait pas se fonder juste sur l’aura du père. Si les conseiilers de Wade avaient manqué de le lui faire savoir en son temps, les citoyens s’étaient bien chargés de la corriger ce manquement lors des municipales de 2009, de la plus cinglante manière.
Pour l’heure le Président Wade est dans nos murs, j’ose espérer que son message était une simple tactique pour susciter une certaine attention et qu’au contact de la géométrie des coalitions flexibles à l’œuvre sur le terrain et des risques insondables d’un faux pas, il fera un choix qui l’honore et redore notre blason.
Ibrahima Niang, conseiller spécial du Premier Ministre