Dramaturges, scénographes, metteurs en scène et comédiens se sont rassemblés hier au Théâtre national Daniel Sorano, sous le regard bienveillant des projecteurs, prêts à offrir un spectacle mémorable à un public avide de culture et d’expression artistique. Et dans un théâtre où chaque geste, chaque mot, chaque silence a son propre langage, la troupe Espoirs de la banlieue a offert une belle prestation. A travers des pièces poignantes, des mises en scène inspirantes et captivantes, les artistes ont transporté le public du Théâtre national Daniel Sorano dans un voyage émotionnel. Pourtant, la célébration revêtait une aura particulière car, en plein mois de Ramadan et de Carême, la sobriété était de mise. Mais la salle résonnait de cris de joie et d’applaudissements enthousiastes du public, rappelant la puissance du 6e art. Représentant le ministre de la Culture, des industries culturelles et créatives, du patrimoine et des loisirs, Habib Léon Ndiaye a souligné l’importance de cette célébration de la journée du 27 mars 2024, comme un moment de réunion familiale, un rendez-vous annuel entre les autorités en charge de la culture et celles et ceux qui incarnent l’éclat du spectacle vivant. Le Secrétaire général du ministère de la Culture a mis en lumière le rôle historique du théâtre dans l’affirmation de l’identité culturelle sénégalaise, ainsi que sa contribution à l’économie nationale. A l’en croire, le théâtre a permis au Sénégal, au lendemain de son accession à la souveraineté nationale, avec la troupe dramatique du Théâtre national Daniel Sorano qui a fait la fierté de la culture sénégalaise, de s’affirmer sur les scènes africaine et internationale. «D’année en année, le Sénégal, à travers le théâtre, s’est illustré comme le creuset de la dignité et de l’affirmation de l’identité culturelle noire, en offrant à la face du monde des spectacles riches et variés. Ce qui nous a valu une place de leader dans la coopération culturelle et les échanges internationaux», a fait savoir M. Ndiaye, annonçant que la validation du Plan stratégique de développement du théâtre (Psdt), élaboré en concertation avec les acteurs du secteur et des directeurs des centres culturels régionaux, le 23 mars 2022, suit son cours.
«Il faut protéger le comédien…»
La directrice des Arts, Ndèye Khoudia Diagne, a quant à elle insisté sur l’importance du thème choisi cette année par la communauté artistique du Sénégal. Elle a mis en avant le rôle du théâtre comme vecteur de messages de paix et de dialogue, appelant à la préservation de la stabilité au Sénégal. «Le message au niveau mondial tourne autour de la paix. Mais pour le Sénégal, avec ce que nous vivons actuellement, le choix n’est pas fortuit. Il a été bien pensé», a expliqué Ndèye Khoudia Diagne.
Le programme de la célébration comprenait également la lecture d’un message de la communauté artistique, écrit par Mamadou Seyba Traoré et lu par Yacine Sané. Ce message, empreint de réflexion et de poésie, a souligné l’importance du théâtre comme un lieu de rencontre humaine authentique. «Il est tout aussi indispensable, voire urgent, de prendre en compte le comédien, alpha et oméga du théâtre. Le comédien est le pilier de l’édifice théâtral. Ce n’est pas pour rien que le Maître Stanislavski le surnomme le Prince de la scène… Voilà pourquoi, au-delà des applaudissements, il faut le protéger en le mettant dans de bonnes conditions de l’exercice de son métier. Il ne s’agit pas de l’aider, il ne demande qu’à travailler, qu’à remplir sa part du contrat social qui lie chaque citoyen à la communauté. Pour notre part, nous continuerons, c’est notre rôle et notre mission, à rappeler inlassablement notre condition d’homme», dira Yacine Sané. Malgré les défis auxquels le secteur culturel est confronté dans un contexte électoral tendu, la célébration de la Journée mondiale du théâtre a démontré la détermination de la communauté artistique à poursuivre sa mission de partage, de réflexion et de célébration de la vie.