PÔLE URBAIN DE DAGA KHOLPA : Le rapport de l’Étude d’impact environnemental et social (EIES) passe en Comité technique et en audience publique

La société d’aménagement foncier et de rénovation urbaine SAFRU S.A. a présenté, ces 13 et 14 octobre 2022, les rapports d’étude d’impact environnemental et social de l’opération d’aménagement de la zone prioritaire du Pôle urbain de Daga Kholpa en Comité technique de validation et en Audience publique de consultation en présence du Gouverneur de la Région de Thiès, du Préfet du Département de Mbour, des services techniques de l’Etat, des Collectivités territoriales et des représentants des communautés. Ce nouveau pôle urbain, qui fait l’objet d’une attention particulière, après Diamniadio et Lac rose, est à cheval entre les communes de Yenne et Diass. Ce projet sera financé par l’Etat du Sénégal, grâce au principe de la captation de la plus-value foncière,  à travers  des ressources générées par la SAFRU et la CDC-CGIS,  en plus d’une contribution du Fonds de l’Habitat social, des concessionnaires de réseau,  et d’un Prêt  en cours de négociation avec le Groupe de la Banque Mondiale, dans le cadre d’un financement IDA pour l’appui à la production de logements abordables.

Les aménagements prévus dans ce pôle, assis sur un ensemble de villages qui seront impactés par les travaux d’aménagement et le développement urbain, ne sont pas sans inquiéter les villageois qui habitent la zone depuis des décennies, même si l’Etat assure qu’aucun village ne sera déplacé et que des zones d’extensions, correspondant à  l’évolution des villages pendant 100 ans, seront réservées aux communautés. À travers ce projet les communautés accusent l’Etat de vouloir leur arracher le reste des terres de leurs ancêtres après les expropriations effectuées pour le compte de l’AIBD, qui a entrainé le déplacement de certains villages, de la Zone économique spéciale, du Port de Ndayane. Elles qualifient, par ailleurs, ce projet d’ «ethnocidaire» envers la communauté SAAFI évoluant dans la zone. Ces craintes rejoignent celles de subir les impacts négatifs des travaux d’aménagement, notamment avec les risques d’inondations des villages situés en contrebas, comme c’est le cas actuellement avec les eaux de drainage issues de l’aéroport.

De son côté, la Société d’aménagement foncier et de rénovation, assure que ce projet, à la différence des projets d’infrastructure est un projet de développement urbain qui permettra de canaliser l’urbanisation inéluctable de la zone tout en jugulant ses effets pervers et de réguler la spéculation foncière qui existe dans la zone. Elle affirme que l’Etat ne saurait investir autant de ressources publiques dans la zone au nom de l’intérêt général et laisser la jouissance de la plus-value d’une ressource foncière non aliénable  et les retombées positives à des propriétaires terriens privés, au détriment des populations.

De plus, si l’Etat n’agit pas, les communautés ne pourront plus continuer à vivre dans cette zone, objet de convoitises de la part de promoteurs fonciers du fait de l’installation des infrastructures précités (AIBD, ZES, Port de Ndayane, etc.). D’ailleurs, le Maire de Diass confirme cette hypothèse, en rappelant que le Rapport d’étude du Plan d’action et de réinstallation (PAR) fait ressortir qu’au moins 80% des PAP (personnes affectées par le projet, expropriées et devant faire l’objet d’une compensation foncière)  ne sont pas issues de la zone, donc ont eu à bénéficier des terres par une cession de promoteurs fonciers. Les consultants recrutés par la SAFRU, de leur côté, sont largement revenus sur l’importance accordée à la mitigation des impacts négatifs, notamment en termes de drainage et de perte de ressources issues de l’exploitation des terres.

Le panel d’intervenants a également insisté sur le fait que le Projet prend en charge l’inclusion économique et sociale des communautés, à travers  notamment l’élaboration et la mise en œuvre d’un plan d’ingénierie sociale et d’un plan d’accompagnement social, avec un budget d’environ 4 milliards, en plus de la mobilisation des compensations financières estimées à plus de 9 milliards et de la mobilisation d’autres acteurs étatiques comme le 3FPT, la DER/FJ, l’ASER, l’ADIE, l’AGEROUTE etc. Par ailleurs, les équipements à réaliser dans la zone prioritaire serviront en priorité aux habitants des villages environnants parce qu’ils seront là avant les premiers habitants, d’autant plus qu’il  n’y aura pas de limites entre la zone prioritaire et le reste, avec un  traitement des interfaces pris en compte pour qu’il y ait une continuité. Le budget pour élaborer les plans de restructuration des villages est déjà défini. Au sortir de la réunion, les populations ont réclamé leur meilleure prise en charge dans les projets de l’Etat,  une consultation en permanence et une meilleure communication.

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