La Bceao, à l’instar de beaucoup de banques centrales, veut rester prudente dans ses orientations de politique monétaire. Ainsi a-t-elle décidé, à l’issue de la réunion de son Comité de politique monétaire (Cpm) tenue hier, de maintenir ses taux inchangés.Par Dialigué FAYE –
Le principal taux directeur auquel la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Bceao) prête ses ressources aux banques, 3, 50%, ainsi que le taux d’intérêt sur le guichet de prêt marginal, 5, 50%, restent inchangés. Après avoir analysé la conjoncture économique, notamment l’évolution de l’inflation, le Comité de politique monétaire (Cpm) de l’institut d’émission des huit pays membres de l’Uemoa a décidé de les maintenir à leur niveau en vigueur depuis le 16 décembre 2023.
«L’inflation a atteint au deuxième trimestre 2024, un taux de 4, 1%, un taux supérieur à la cible de la politique monétaire de la Bceao, c’est-à-dire un taux compris entre 1 et 3%. Ce taux de 4, 1% s’est inscrit dans une dynamique haussière. En décembre, on était à 2, 3%, au mois de mars 2, 9% et en juin 4, 1%, et le dernier chiffre qu’on a pour le mois de juillet, c’est 4, 4%. Nous avons deux préoccupations : le taux est au-dessus de notre cible et la tendance est haussière», a expliqué hier le Gouverneur de la Bceao, Jean-Claude Kassi Brou, lors d’un point de presse sanctionnant la réunion du Cpm. Cette évolution haussière de l’inflation est imputable à plusieurs raisons, notamment la hausse des prix liée à une campagne agricole 2023/2024 moins favorable, aux difficultés d4approvisionnement des marchés consécutives à la situation sécuritaire, à l’augmentation des cours des produits alimentaires importés, ainsi qu’au renchérissement de l’énergie dans certains pays.
Selon les dernières prévisions, note le Cpm, «l’inflation s’établirait à 3, 7% en 2024, au même niveau qu’en 2023. En outre, le taux d’inflation devrait revenir dans la fourchette cible d’1 à 3% en 2025, grâce à l’anticipation d’une campagne agricole 2024/2025 plus favorable, à la baisse attendue des prix mondiaux des produits alimentaires importés, ainsi qu’aux mesures prises par certains Etats pour lutter contre la vie chère».
Toutefois, alerte le Gouverneur, «l’inflation reste sujette à des risques haussiers liés notamment à la persistance de la situation sécuritaire dans certains pays, à l’impact de conditions climatiques défavorables sur la production agricole et à l’effet d’une accentuation des tensions géopolitiques sur les prix mondiaux des produits énergétiques et alimentaires».
Quid de la situation extérieure de l’Union ? Le Cpm relève une amélioration au second trimestre, «grâce à l’évolution favorable des termes de l’échange et à la mobilisation plus importante de ressources extérieures par les Etats membres de l’Union».
L’activité économique est restée également dynamique, d’après le Cpm, «avec une progression du Pib réel de 5, 3% au deuxième trimestre 2024. Sur l’année 2024, la croissance de l’Union est prévue à 5, 9%, contre une réalisation de 5, 3% en 2023. La hausse des crédits à l’économie est ressortie à 5, 3%, en rythme annuel, à fin juin 2024».