GFM, Origines Sa et Sirius Télécoms Afrique sont les nouveaux opérateurs virtuels mobiles au Sénégal. Si leur arrivée est saluée par le Restic, elle est surtout une occasion pour l’Asutic de pointer du doigt les manquements dans la gouvernance du secteur.
Le Sénégal enregistre l’arrivée de trois nouveaux opérateurs dans le secteur des télécommunications. Cela ne veut pas dire pour autant que le pays en compte six désormais, car les nouveaux venus sont des opérateurs mobiles virtuels (MVNO). Un MVNO est ‘’une société détentrice d’une licence pour l’exploitation d’un réseau télécoms, mais qui ne possède pas de concession de spectre de fréquences, ni d’infrastructure de réseau propre’’, explique le Rassemblement des entreprises du secteur des technologies de l’information et de la communication (Restic) a travers un communiqué. Cette organisation qui se félicite de l’arrivée de ces nouveaux acteurs ajoute que ‘’pour fournir ses services, il (le MVNO) passe des accords de service avec les opérateurs détenteurs d’une licence d’établissement et d’exploitation de réseau télécoms, (Mobile Network Operator), pour acquérir des forfaits d’utilisation de leur réseau qu’il vend ensuite aux consommateurs’’.
Selon nos confères de Dakar Actu qui ont donné l’information, les attributaires sont le Groupe futur média de Youssou Ndour (en collaboration avec Sonatel), Origines SA de El hadji Ndiaye, patron de la 2Stv (avec Expresso) et Sirius Télécoms Afrique de Mbackiyou Faye (avec Tigo). Les licences ont été attribuées à 400 millions pour GFM et 300 millions pour chacun des deux autres. D’après ce site d’information qui dit avoir contacté le Directeur des affaires juridiques et du contentieux de l’ARTP, Kalidou Gaye, l’ouverture des dépôts a eu lieu le 6 juin dernier. 23 entreprises avait retiré le dossier de candidature, mais finalement seules 11 parmi elles ont déposé. Il s’agit de Sirius Telecom Afrique, Origines S.A, Oumou Leader Distribution Equipement, Vectone Mobile S.A, CCBM, Africa Access, GFM, Starlog, Wiss Africa, Wotel et la Poste. Après l’ouverture des plis, deux ont été éliminés avant que les trois ci-devant cités ne soient retenues.
Dans ce communiqué susmentionné, le Restic estime que désormais, avec les opérateurs virtuels, d’autres types de mini-operateurs pourront s’adosser aux infrastructures des opérateurs classiques et ‘’offrir des services taillés pour répondre à des segments de marchés avec des tarifs compétitifs’’. Le Restic se montre même très enthousiaste. ‘’Leur arrivée consacre un niveau de maturité pour notre secteur des télécommunications et peut contribuer à booster les niveaux de chiffres d’affaires et d’activité en ajoutant une couche supplémentaire de pourvoyeurs de services avec un business modèle innovant’’, se félicite-t-il, tout en demandant à ses membres d’anticiper sur les tendances du marché pour en profiter.
Cependant, cet optimisme du Restic est loin d’être partagé par l’Association sénégalaise des utilisateurs des tics (Asutic). Ndiaga Guèye son président, joint par téléphone, n’est pas du tout satisfait de la manière dont cela s’est déroulé. ‘’Ce que nous déplorons, c’est la procédure. Ce n’est pas très clair, c’est assez flou’’, regrette-t-il. D’après M. Guèye, ce qu’il y a de plus regrettable dans la politique du secteur des télécoms, c’est que quand le gouvernement prend des décisions, il n’y a pas de document officiel. Tout se fait par voie de presse. C’est le cas à la fois pour les MVNO et les fournisseurs d’accès internet, relève-t-il. ‘’Nous trouvons cela très dommage. Il faut au minimum un document officiel’’, recommande-t-il.
Pourquoi des MVNO à la place d’un quatrième opérateur ?
Au-delà des considérations sur la forme, Ndiaga Guèye n’est pas non plus emballé, dans le fond, par ces nouveaux venus. Pour lui, ces opérateurs mobiles virtuels ne sont que des relais de croissance des trois opérateurs existants. Il se pose d’ailleurs des questions sur les types d’opérateurs virtuels que l’ARTP a autorisés. S’agit-il d’opérateurs minimalistes, intermédiaires ou complets. Il se demande même pourquoi des opérateurs virtuels à la place d’un quatrième opérateur pour casser l’oligopole. En fait, l’homme n’est pas convaincu que l’ARTP travaille à l’instauration d’un marché concurrentiel au bénéfice du consommateur. Cet interlocuteur invite l’Etat, 20 ans après le début de la libéralisation du secteur, à faire une évaluation du chemin parcouru, voir si les objectifs fixés au départ ont été atteints ; sinon pourquoi.
Par ailleurs, le Restic a adressé ses encouragements à l’ARTP pour avoir choisi ‘’des groupes nationaux à la suite d’une procédure de sélection transparente et rigoureuse au plan réglementaire et ethnique’’. L’Asutic lui demande qu’il y ait une définition claire de ce qu’est une entreprise nationale pour éviter que des étrangers profitent du vide pour s’installer. Bref, il appelle à une révision en profondeur du secteur. Ce qui passe par un cadre légal qui prend en compte l’intérêt général et non ce nouveau code en gestation qu’il qualifie de dangereux et taillé sur mesure et qu’il promet de dénoncer dans les semaines voire les jours à venir.
BABACAR WILLANE
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