Annulation de la dette : L’appel de Macky Sall sera-t-il entendu ?

Par El Hassane SALL

 

«Le chef de l’État a lancé l’Appel de Dakar pour une stratégie d’annulation de la Dette des pays africains assortie d’un Plan de rééchelonnement de la dette commerciale qui permettra à l’Afrique, dans le cadre du nouvel ordre économique mondial, d’avoir un nouveau départ», lit-on dans le communiqué du Conseil des ministres. À entendre cette demande du Président Sall, c’est comme si nous étions sujets à un éternel recommencement sans espoir d’apercevoir le bout du tunnel. Parce que si cette annulation pouvait aider le pays à emprunter un cycle vertueux, on aurait pu comprendre, mais il semble que c’est pour encore aller emprunter et emprunter encore. Parce que les différents régimes, que ce soit celui de Diouf ou de Wade, tous ont eu, à un moment donné, vu leurs dettes épongées avant de retomber dans ce cycle infernal des dettes.

D’ailleurs, il semble que cette requête du Président Sall risque de ne pas être satisfaite étant donné qu’actuellement tous les pays au monde sont logés à la même enseigne, car corona a mis toutes leurs économies à terre. Et nul doute qu’après son départ, c’est vers nos pays qu’ils se tourneront pour se refaire une santé financière comme cela a toujours été le cas. Mais ce qui est incompréhensible dans l’endettement chronique de nos dirigeants, c’est que plus ils paient, et plus ils s’appauvrissent alors que l’on a tendance à dire que qui paie ses dettes s’enrichit. Ce qui est le plus déplorable dans ce cycle d’endettement est que toujours ce sont les populations qui trinquent.

Passe encore si les milliers de milliards empruntés en leur nom avaient servi à financer des projets générateurs d’emplois comme des usines de transformation, ou encore à doter le pays de structures sanitaires performantes etc. Mais la plus grosse part de cet argent est engloutie par des projets de prestige dont les principaux bénéficiaires sont les étrangers. Aussi, ces dirigeants de par leurs choix hasardeux, soumettent le pays à un cycle infernal de dettes, souvent à des taux insurmontables par son économie à balance déficitaire. Et le drame est que ces élites dirigeantes ne cherchent pas souvent à rationaliser et à rentabiliser les dettes, étant donné qu’il y a trop souvent des investissements qui sont loin d’être prioritaires pour les populations et des détournements de fonds qui dépassent l’entendement. Ainsi, les secteurs qui sous-tendent les bases d’un développement sont laissés à quai. Aucun investissement conséquent n’est noté dans le secteur primaire : agriculture, élevage et pêche… Ce qui affecte l’essor du secteur secondaire (l’industrie, dont l’apport économique demeure relativement insignifiant).

Aujourd’hui, corona semble avoir ouvert les yeux au Président Sall, du moins si l’on se fie à ses propos contenus dans sa Tribune intitulée «Revenons sur terre», dans laquelle il dit ceci : «Il est temps d’apprendre de nos erreurs et de nos limites, de redéfinir l’ordre des priorités, de redonner plein sens à l’économie réelle en investissant plus dans l’agriculture, l’énergie durable, les infrastructures, la santé, l’éducation et la formation, pour réaliser un développement soucieux du bien-être de l’homme intégral».

Pour lutter contre le covid-19, la Banque mondiale avait annoncé la fourniture d’une aide rapide d’un montant allant jusqu’à 12 milliards de dollars dans les pays en développement. Seulement, si l’on sait que ce sont les institutions de Bretton Woods qui dictent les choix et orientations économiques de nos pays, il semble que l’on n’est pas encore sorti de l’auberge, parce que cet argent sera payé jusqu’au dernier centime avec des intérêts exorbitants. Pour dire que l’on n’est pas au bout de nos peines.

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