La soirée a tourné au cauchemar vendredi 20 décembre, vers 19 heures, dans la ville allemande de Magdebourg, au nord-est du pays, quand une voiture a foncé sur la foule du marché de Noël. Cinq personnes sont mortes et plus de 200 ont été blessées, a indiqué ce samedi le chef du gouvernement de la région de la Saxe-Anhalt, Reiner Haseloff.
L’assaillant était au volant d’un SUV noir qui a enfoncé des barrières de sécurité, effectuant ensuite des zigzags dans l’enceinte du marché, selon les témoignages de visiteurs sur le site d’informations locales « Volksstimme ».
Les motivations cet homme, présenté dans les médias comme Taleb A., restent peu claires car il n’était pas connu de la police comme islamiste. Selon des médias allemands, il avait même publié des opinions sur les réseaux sociaux rejoignant celle de l’extrême droite allemande, l’AfD. « En l’état actuel de l’enquête il n’est pas encore possible de catégoriser ce qui s’est passé sur le marché de Noël » vendredi soir, a indiqué la police locale.
Un médecin saoudien de 50 ans
L’auteur présumé est un médecin de 50 ans originaire d’Arabie saoudite. Il exerçait dans la région de Saxe-Anhalt, dont Magdebourg, à 160 kilomètres de Berlin, est la capitale régionale. Taleb A. a « agi seul », selon Reiner Haseloff.
D’après l’hebdomadaire allemand « Der Spiegel », Taleb A. un médecin spécialisé en psychiatrie et psychothérapie. Arrivé en 2006 en Allemagne, il aurait obtenu l’asile en 2016, poursuit le magazine.
La piste d’un attentat islamique semble s’éloigner
Au début, un élément de calendrier poussait les enquêteurs vers la piste d’un attentat islamique : l’attaque est survenue huit ans presque jour pour jour après un acte similaire commis sur un marché de Noël de Berlin. Pour les autorités la date n’est pas une coïncidence et a été choisie à dessein. Mais personne n’en a tiré immédiatement la conclusion qu’il s’agit, comme à Berlin en 2016, d’un attentat islamiste.
Car Taleb A. n’était pas du tout connu pour des sympathies avec la mouvance djihadiste. Au contraire même, ses prises de position fréquentes sur les réseaux sociaux dressent le portrait d’un homme se sentant persécuté, ayant rompu avec l’islam et dénonçant au contraire les « dangers » d’une islamisation de l’Allemagne. « Les motivations restent mystérieuses, un arrière-plan islamiste semble exclu », écrit le « Der Spiegel ».
En 2016, Taleb A. a même fondé un site destiné à aider les ex-musulmans des pays du Golfe, notamment les femmes, à demander l’asile dans des pays étrangers, remarque « Libération ». « Il est considéré comme une figure très importante au sein de la communauté saoudienne en exil et était considéré comme une personne de contact pour les demandeurs d’asile, en particulier les femmes », indique également le média d’investigation public allemand WDR sur X.
En 2019, dans le journal allemand « Frankfurter Rundschau » présente dans une interview Taleb A. comme un médecin qui a demandé l’asile « car il avait été menacé de mort pour avoir renoncé à l’islam ». Une autre interview avait été réalisée avec la BBC.
Des accointances avec l’extrême droite
Plusieurs médias allemands ont même relevé des affinités avec le parti d’extrême droite allemand, l’AfD (Alternative pour l’Allemagne) en épluchant les réseaux sociaux du suspect. En 2016, Taleb A. avait indiqué sur Twitter qu’il souhaitait lancer une académie pour anciens musulmans avec l’aide de l’AfD, note « Der Spiegel ». L’hebdomadaire a également trouvé un tweet plus récent, dirigé contre l’ex-chancelière allemande : « L’Allemagne doit protéger ses frontières contre l’immigration illégale. Il est désormais clair que la politique de frontières ouvertes était un plan de Merkel pour islamiser l’Europe. »
Selon le « Berliner Morgenpost », Taleb A retweetait régulièrement des messages issus de comptes de militants d’extrême droite comme le chef du« Mouvement identitaire » Martin Sellner. Il partageait aussi des vidéos de politiques d’extrême droite français prônant une « remigration » et un « islam hors d’Europe », note le « Der Spiegel ».
L’AfD, deuxième force politique d’Allemagne : mais qu’arrive-t-il à la République fédérale ?
Pour le journal « Die Welt », les messages sur les réseaux sociaux du principal suspect montrent un sentiment de persécution. En juin dernier il aurait écrit ce message rapporte le journal allemand : « D’après mon expérience, la police allemande est le véritable moteur de l’islamisme en Allemagne. Mon expérience s’étend sur 7 années au cours desquelles la police, la dernière en mars 2024, a utilisé des tactiques sales contre moi ainsi que contre d’autres critiques de l’Islam pour détruire notre activisme anti-Islam. La gauche est folle. Nous avons besoin de l’AfD pour protéger la police d’elle-même. »