Au moins 38 personnes ont été tuées près d’une semaine après l’attaque d’un autre village dogon qui avait fait 35 morts.
MALI – Au moins vingt personnes, voire une quarantaine, selon différents bilans, ont péri lundi 17 juin dans l’attaque de deux villages dogons au centre du Mali, ont indiqué différentes sources à l’AFP ce mardi 18 juin.
Les villages de Gangafani et de Yoro, près de la frontière avec le Burkina Faso, ont été touchés par des attaques, a annoncé le procureur du pôle judiciaire spécialisé de lutte contre le terrorisme, Boubacar Sidiki Samaké, évoquant un “bilan provisoire de 14 morts” à prendre avec prudence.
Une source militaire malienne évoque pour sa part un bilan de “40 civils tués”. Des estimations confirmées à l’AFP par des élus locaux sous le couvert de l’anonymat. Aux alentours de 22h30, un nouveau chiffre a été annoncé par le gouvernement malien: “le bilan provisoire officiel est de 38 morts et de nombreux blessés”.
Les auteurs de ces attaques “ont tué et éventré certains corps et brûlé des greniers. En quittant ils scandaient Allah akbar” (Dieu est le plus grand, en arabe), a décrit à l’AFP Goundjou Poudiougou, conseiller communal à Dinagourou.
Ces nouvelles attaques ont lieu une semaine après le massacre d’un autre village dogon le 10 juin qui avait fait 35 morts.
La lourde menace du conflit ethnique
Depuis l’apparition en 2015 dans la région du groupe jihadiste du prédicateur Amadou Koufa, recrutant prioritairement parmi les Peuls, les affrontements se multiplient entre cette communauté et les ethnies bambara et dogon qui ont créé leurs “groupes d’autodéfense”.
Les violences, qui déchirent cette région depuis quatre ans, ont culminé avec le massacre le 23 mars, attribué à des chasseurs dogons, de quelque 160 Peuls, dans le village d’Ogossagou, près de la frontière avec le Burkina Faso.
Lors d’un déplacement à Sobane Da le 13 juin, le président malien Ibrahim Boubacar Keïta a récusé toute notion de “conflit interethnique” mais la menace reste lourde.
Le nord du Mali était tombé en 2012 sous la coupe de groupes jihadistes, en grande partie dispersés par une intervention militaire, toujours en cours, lancée en janvier 2013 à l’initiative de la France. Mais des zones entières échappent encore au contrôle des forces maliennes, françaises et de l’ONU.
Depuis 2015, ces violences se sont propagées du Nord vers le centre, voire parfois le Sud, se mêlant très souvent à des conflits inter-communautaires.