Et si le Nord refusait le développement de l’Afrique ? (Mamadou SY Albert)

La pandémie du covid-19 et ses conséquences multiples constitueront le sujet privilégié pour faire avancer l’Humanité vers de nouveaux horizons politiques. Toutes les communautés scientifiques se préparent à une réflexion profonde sur la crise en cours. Les Africains saisiront-ils cette opportunité historique de réflexion sur le monde présent et futur pour avancer de manière significative dans la maîtrise des processus du développement du continent noir ou seront-ils de nouveau laissés en rade par les autres continents ?

Les réponses à cette interrogation fondamentale à laquelle tous les pays se confronteront dépendront évidemment des capacités techniques et intellectuelles, des réponses scientifiques et de la volonté politique de devenir désormais un partenaire d’égale dignité et de souveraineté que ces partenaires techniques et financiers. Et si l’Afrique décidait définitivement de changer sa relation avec le  monde ?

Le covid-19 et ses conséquences seront certainement des sujets majeurs de la réflexion des scientifiques et des acteurs politiques au cours des prochaines années, voire décennies. Ce qui se passe sous nos yeux, depuis quelques mois déjà, sera la matière première des prochains récits de l’Histoire humaine. Tous les continents composant la Planète-Terre se préparent à une réflexion profonde sur une pandémie mondiale dont on ne mesure pas encore l’impact sur l’état et l’évolution des sociétés contemporaines. Ce contexte de tensions intellectuelles et scientifiques est singulièrement favorable aux pays africains qui entrent les derniers dans la troisième guerre mondiale contre le coronavirus.

Cet évènement mondial, complexe par sa nature – sanitaire, économique, scientifique et politique – aura des conséquences énormes sur la marche de la gouvernance mondiale. L’hypothèse est relativement admise par toutes les communautés scientifiques. Ce moment constitue précisément une grande opportunité historique pour tous les pays du continent noir. L’Humanité est à un tournant de redéfinition des relations internationales et des règles du commerce international. Ce modèle de gouvernance n’a pas réellement créé les conditions d’un véritable développement de l’Afrique. Les  pays africains devraient rompre définitivement avec les modes de gestion des crises antérieures. Il ne s’agit plus de tendre la main ou de quémander des faveurs et des privilèges auprès de créanciers peu soucieux de la santé des populations, de l’éducation et du mieux- être des populations. L’Afrique doit agir ensemble pour réduire l’impact sanitaire et économique de la pandémie en terre africaine. L’élan de solidarité porté par les organisations politiques, financières et économiques sous régionales africaines constitue un indicateur du bon choix révélateur de la prise de conscience de l’impératif d’une sortie collective continentale de la crise mondiale.

Le piège que l’Afrique devrait éviter résidera dans la confection d’un quelconque plan de sortie de crise, à l’instar des autres remèdes post-coloniaux des partenaires techniques et financiers et du développement. Ces remèdes ont rendu possible la subordination de l’Afrique à la gouvernance mondiale par un processus d’endettement, de dépendance du marché financier international et des produits commerciaux des pays industrialisés. Le Nord a pillé les ressources du Sud par des mécanismes internationaux que les Africains ont acceptés. Le covid-19 a mis à terre ce système et sa gouvernance pendant ces trois derniers mois de l’année. Les Africains sont suffisamment avertis par les méfaits des processus de développement du continent noir, conduits par des partenaires ignorant les réalités sociales, culturelles et religieuses de l’Afrique.

Avancer vers de nouveaux horizons politiques est le prochain cap de l’Humanité. La mondialisation de l’économie et la financiarisation ont été rattrapées par les effets de la pandémie à l’échelle de tous les pays. La  mondialisation va probablement se modifier profondément dans son organisation, dans son commerce et dans ses modes de fonctionnement.

La Première puissance économique du monde peut naturellement perdre sa place dans un futur proche. Le futur dépendra fondamentalement des réponses scientifiques et techniques du développement. La volonté politique sera naturellement déterminante quant à l’issue de cette bataille mondiale éminemment politique. C’est peut-être ce moment que l’Afrique devrait saisir  pour réclamer un partenariat d’égale dignité et de souveraineté. L’erreur fatale des pays africains serait de croire que le monde actuel va changer ses règles sans une confrontation ouverte entre les intérêts des pays du Nord et ceux du Sud. Les projets de société, les visions et les approches du développement sont totalement différents entre le Nord et le Sud. En acceptant le modèle importé,  sans jamais le questionner pour l’adapter, les dirigeants du monde et de l’Afrique ont mis le continent dans un cycle produisant à intervalles réguliers des crises cycliques.

L’Afrique a l’opportunité pour une fois de modifier définitivement sa relation au monde en se tournant de manière décisive vers elle- même, son développement global et son avenir dans un nouveau contexte de la gouvernance mondiale post-covid-19.

 

 

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