“Enrique Tarrio n’était pas au Capitole ce jour-là”, mais cela n’a pas empêché la justice américaine de lui infliger une peine de vingt-deux ans de prison “pour terrorisme”, résume Mother Jones. L’ancien chef du groupe d’extrême droite américain Proud Boys a été condamné mardi 5 septembre au plus lourd verdict prononcé jusqu’ici pour l’assaut contre le siège du Congrès américain. Avant lui, la peine la plus importante avait été administrée à Stewart Rhodes, fondateur de la milice d’extrême droite Oath Keepers.
“Vêtu de la combinaison orange des prisonniers”, Tarrio a “brièvement baissé la tête au moment où le juge a prononcé la peine, tandis que sa mère laissait échapper un sanglot dans la galerie derrière lui”, raconte The Washington Post.
Les avocats de la défense avaient tenté d’argumenter que leur client n’avait eu aucune prise sur les événements en raison de son absence de Washington le 6 janvier 2021. En effet, contrairement aux quatre autres membres des Proud Boys reconnus coupables en mai, et qui étaient physiquement présents lors de
l’assaut, l’ex-chef du groupe d’extrême droite se trouvait à Baltimore “après avoir été éjecté de la capitale quelques jours plus tôt par un juge local pour une autre affaire criminelle”, rappelle The New York Times.
Cette décision de justice lui enjoignant de quitter la capitale fédérale faisait partie des conditions de sa remise en liberté après deux jours de détention pour avoir brûlé une banderole “Black Lives Matter” appartenant à une église de Washington essentiellement fréquentée par des Afro-Américains lors d’une manifestation qui avait dégénéré en décembre.
Mais la “situation spécifique” de Tarrio n’a pas convaincu le juge Kelly, note le quotidien américain. Peu sensible aux remords exprimés à la barre par l’accusé, le magistrat a estimé qu’il était “le dirigeant ultime du complot”.
Il a “infligé cette sévère punition à Tarrio en raison du rôle de leader qu’il a joué ainsi que du grand nombre de membres des Proud Boys qui ont mené la foule au Capitole”, précise The Wall Street Journal.
La décision du juge reflète le “rôle central” joué par le groupe d’extrême droite dans l’assaut du 6 janvier, conclut Politico. “L’absence physique de Tarrio n’atténue en rien la gravité de ses actes, puisqu’il était plus un général qu’un soldat”, avaient fait valoir les procureurs dans leur argumentation écrite à l’appui de leurs réquisitions.
“La condamnation de Tarrio fait partie d’une prise de conscience nationale que nous devons continuer d’explorer si nous voulons un jour reprendre pied dans la démocratie”, estime de son côté le Miami Herald dans un éditorial. “La tentative de renversement de notre gouvernement doit être passible de lourdes sanctions, et c’est ce qui s’est produit mardi. Tarrio mérite chaque année de prison qui lui a été infligée”, conclut le quotidien floridien.