Proche du président Emmanuel Macron, François Bayrou, 71 ans, devra être jugé devant un tribunal correctionnel pour répondre des pratiques présumées du MoDem, le parti centriste qu’il préside et qui fait partie de la coalition présidentielle au Parlement.
M. Bayrou et d’autres responsables du MoDem sont soupçonnés d’avoir utilisé des fonds européens pour embaucher des assistants parlementaires qui auraient travaillé, au moins partiellement, pour le parti entre 2009 et 2014 au lieu d’aider des eurodéputés élus au Parlement de Strasbourg, dans l’est de la France.
Aux côtés de M. Bayrou seront notamment jugés d’autres cadres du parti centriste, dont un ancien ministre de la Justice de Nicolas Sarkozy, dans cette nouvelle affaire judiciaire embarrassante pour Emmanuel Macron et son équipe.
Soutien-clé de M. Macron depuis sa première campagne présidentielle en 2017, François Bayrou ne fait pas formellement partie du gouvernement mais occupe, dans l’exécutif, la fonction de “haut-commissaire au plan”, qui a pour mission de réfléchir aux grandes orientations d’avenir.
Selon les juges qui ont ordonné son procès, François Bayrou “apparaît comme le décideur et le responsable de la mise en place et du fonctionnement du système frauduleux” mis en place au sein du MoDem, d’après l’acte d’accusation consulté par l’AFP.
“Les députés européens, auteurs principaux des détournements opérés ont été les vecteurs de ces détournements, par l’emploi fictif d’assistants parlementaires au profit exclusif du parti politique”, soulignent aussi les juges.
Le préjudice pour le Parlement européen a été évalué à 1,4 million d’euros.
Début février, M. Bayrou avait récusé tout emploi fictif et autres “procédés” de détournement de fonds publics au sein de son parti.
En 2017, cette affaire l’avait contraint à quitter le poste de ministre de la Justice auquel venait de le nommer Emmanuel Macron.
Figure de la vie politique française depuis plusieurs décennies, M. Bayrou a été candidat à la présidentielle à trois reprises.