En visite officielle au pays de la téranga du 11 au 13 février 2020, Justin Trudeau a trinqué avec le Président Macky Sall à l’amitié sénégalo-canadienne et à la santé d’une coopération bilatérale séculaire, en ce sens qu’elle remonte à 1962. Cette coopération est marquée par des plaques de convergence et des visées communes dans plusieurs domaines : la préservation de l’environnement, le maintien de la paix, l’éducation, la formation, le secteur minier, la candidature du Canada au Conseil de sécurité de l’Onu, les échanges commerciaux, ou encore, l’investissement…
Divergence survient toutefois sur le traitement réservé à l’homosexualité. Une question au sujet de laquelle Macky Sall n’a pas manqué de prendre le contrepied de son convive qui plaide en faveur d’une évolution des lois au Sénégal. «Je suis toujours à la défense des droits humains et j’amène toujours ces enjeux-là partout où je vais. Le Président Macky Sall connaît très bien mes perspectives là-dessus, on en a parlé brièvement, mais surtout, on est en train de regarder à quel point le Sénégal est un leader en mati-re de démocratie, en termes de valeurs. On a tous du travail à faire encore, mais on a eu de très bonnes discussions là-dessus», déclare Justin Trudeau. Ce à quoi Macky Sall n’a pas manqué de répondre en émettant sur une autre longueur d’onde. «En effet, nous en avons parlé. Évidemment, je respecte son choix d’être défenseur des droits, je n’en suis pas moins un. Seulement, les lois de notre pays obéissent à des normes qui sont le condensé de nos valeurs de culture et de civilisation. Ces lois sont le reflet de cette vision, de notre manière de vivre et d’être. Cela n’a rien à voir avec l’homophobie. Le Sénégal est un pays de droit, c’est clair, c’est un pays qui respecte les droits de l’homme, mais c’est un pays qui a des lois qui interdisent… En tout cas ce que le code a indexé c’est en tout cas l’exhibition, les relations contre nature du point de vue de la législation. Mais ceux qui ont une orientation sexuelle de leur choix ne font pas l’objet d’exclusion», déclare Macky Sall.
Le président de la République laisse le débat entre les mains des générations futures et exclut, sous son régime, toute évolution de la législation concernant l’homosexualité. «On ne peut pas non plus demander au Sénégal de dire demain on légalise l’homosexualité et demain c’est les gay parades… Ce n’est pas possible parce que notre société ne l’accepte pas. Mais la société elle va évoluer, çà prendra le temps que ça prendra. Même dans les pays du nord ce débat n’est pas totalement épuisé. On ne peut pas avoir une vision globale du monde où tous les pays pensent la même chose et font la même chose, mais il est bon que les gens échangent, sensibilisent, les sociétés évolueront à leur rythme. Comme je le rappelle souvent, chaque pays a son métabolisme, et il travaille selon son système interne. Au Sénégal, nous sommes à l’aise avec nos lois sur ce plan et nous allons poursuivre cette politique. En tout cas, pour l’instant, c’est ça qui est en vigueur au Sénégal», conclut Macky Sall.