Les rues de Gaza restaient désertes lundi 17 mai au matin après une nouvelle série de bombardements nocturnes par l’armée israélienne, alors que le Hamas et Israël sont restés sourds aux appels internationaux à la désescalade. Ces nouvelles frappes israéliennes surviennent alors que l’enclave palestinienne, contrôlée par le mouvement islamiste du Hamas, a enregistré, dimanche, son bilan quotidien le plus lourd depuis le début de ce nouvel épisode de violences : 42 Palestiniens, dont au moins huit enfants et deux médecins, sont morts dans des raids, selon le ministère de la santé. Il s’agit du plus lourd bilan quotidien depuis le début des violences : depuis le 10 mai, 198 Palestiniens ont été tués, dont au moins 58 enfants, et plus de 1 300 blessés. Côté israélien, dix personnes ont été tuées dont un enfant, et 294 blessées à la suite de tirs de groupes armés palestiniens depuis Gaza, dont le Hamas au pouvoir.
Ces groupes armés dont le Hamas ont tiré plus de 3 150 roquettes vers Israël depuis le début des hostilités meurtrières, dont une grande partie ont été interceptées par son système antimissile, a expliqué, dimanche, l’armée israélienne. Il s’agit du rythme le plus élevé de projectiles jamais tirés sur le sol israélien, a encore fait savoir l’armée. « L’intensité de ce conflit, c’est quelque chose que nous n’avons jamais vu auparavant », s’est alarmé Robert Mardini, directeur général de la Croix-Rouge.
Emmanuel Macron reçoit Abdel Fattah Al-Sissi à l’Elysée
Emmanuel Macron doit recevoir le président égyptien, Abdel Fattah Al-Sissi, lundi après-midi à l’Elysée pour un entretien bilatéral, afin de « soutenir la médiation égyptienne en cours » dans le conflit israélo-palestinien, en marge d’une conférence internationale d’aide au Soudan. « L’objectif de la France est de faire cesser la spirale de la violence et appeler à la retenue » au Proche-Orient, a expliqué l’Elysée.
Une médiation est en cours qui inclut l’Egypte, la Jordanie ainsi que l’Allemagne, avec le soutien de la France, a précisé le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, sur RTL. Mercredi, le ministre des affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, avait déjà dit devant le Sénat que la France soutenait une médiation égyptienne.
La crise actuelle a éclaté le 10 mai avec des roquettes tirées par le Hamas sur Israël en « solidarité » avec les centaines de manifestants palestiniens blessés dans des heurts avec la police israélienne à Jérusalem-Est. A l’origine des manifestations, la menace d’expulsion forcée de familles palestiniennes au profit de colons israéliens dans le quartier de Cheikh Jarrah. Les hostilités se sont étendues cette semaine à la Cisjordanie, autre territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967, où des affrontements avec l’armée israélienne ont fait 19 morts depuis le 10 mai, selon un bilan palestinien.
L’armée israélienne a mené aux premières heures lundi 17 mai une intense série de bombardements sur Gaza. Dans la nuit de dimanche à lundi, l’aviation israélienne a pilonné la bande de Gaza à des dizaines de reprises en l’espace de quelques minutes, provoquant des coupures de courant, a constaté un journaliste de l’Agence France-Presse (AFP).
Des centaines de bâtiments ont été endommagés, d’après les autorités locales, qui n’ont pas fait état de victimes dans l’immédiat. L’armée israélienne a fait savoir, lundi, dans un communiqué, avoir ciblé neuf maisons appartenant à des hauts commandants du Hamas et qui servaient pour certaines à « stocker des armes ».
Le Jihad islamique, deuxième groupe armé palestinien de la bande de Gaza, a annoncé, lundi, la mort d’Hossam Abou Harbid, l’un de ses commandants, dans une frappe.
« Il n’y a jamais eu de frappes d’une telle ampleur », a témoigné Mad Abed Rabbo, 39 ans, qui vit dans l’ouest de la ville de Gaza, faisant part de son « horreur » et de sa « peur ». D’après le ministère de la santé à Gaza – enclave pauvre de deux millions d’habitants sous blocus israélien depuis près de quinze ans –, plus de 40 000 personnes ont fui leur logement cette dernière semaine pour se cacher des bombardements israéliens. L’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens a expliqué y avoir ouvert une quarantaine d’écoles pour accueillir les déplacés.
L’immeuble abritant les locaux d’Associated Press et Al-Jazira à Gaza pulvérisé : « une cible parfaitement légitime » pour Nétanyahou
Le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou a, dans une adresse aux Israéliens, réitéré que l’opération allait encore « prendre du temps » et appelé ses compatriotes à limiter leurs « activités en extérieur ». « Notre campagne contre les organisations terroristes continue à plein régime », a-t-il affirmé.
Dans un entretien à la chaîne américaine CBS, il a aussi justifié la frappe ayant pulvérisé la tour de 13 étages abritant les locaux de la chaîne d’information qatarie Al-Jazira et l’agence de presse américaine Associated Press (AP). C’était « une cible parfaitement légitime », a-t-il déclaré, affirmant se baser sur des informations des services de renseignement. « Nous avons pris toutes les précautions afin d’être sûrs qu’il n’y aurait pas de civils blessés », a ajouté Nétanyahou.
Reporters sans frontières (RSF) a saisi dimanche la Cour pénale internationale (CPI) après plusieurs raids contre des locaux abritant des médias, considérant qu’ils pouvaient relever de « crimes de guerre ». L’armée israélienne a justifié la destruction de la tour de bureaux en affirmant qu’elle abritait « des moyens militaires » du Hamas, sans toutefois apporter de preuves à l’appui de ces dires.