Kenyatta attise le feu, déjà 02 opposants tués (Kenya)

Entre imbroglio juridique et tensions dans les rues, la confusion règne au Kenya, trois jours après la décision de l’opposant Raila Odinga de se retirer de l’élection présidentielle du 26 octobre.

Le document attend depuis ce vendredi 13 octobre au matin la signature du président Uhuru Kenyatta. Voté mercredi au Parlement en procédure d’urgence, ce texte prévoit une série d’amendements à la loi électorale kényane. Des dispositions votées en l’absence de l’opposition et à seulement deux semaines de l’élection présidentielle du 26 octobre, qui doit rejouer le match du 7 octobre suite à l’annulation des résultats début septembre par la Cour suprême.

Parmi les amendements votés mercredi, l’un d’eux s’avère étrangement prémonitoire, sinon opportuniste. Il prévoit en effet que, si l’un des deux prétendants se retire de la nouvelle élection, le candidat restant sera déclaré président sans qu’il y ait eu de scrutin au préalable. Une configuration qui a justement pris forme mardi 10 octobre, avec le retrait de Raila Odinga.

« République bananière »

Rejoint par de nombreux diplomates occidentaux, l’ambassadeur américain Robert Godec avait fustigé deux jours plus tôt un changement des lois électorales « contraire aux meilleures pratiques internationales », de nature « à accroître les tensions politiques et à saper les perceptions du public sur l’intégrité du processus électoral ».

Du côté de l’opposition, on n’a pas de mots assez forts pour dénoncer ce texte, qui ferait du Kenya « une République bananière ». « Kenyatta s’assure que les lois électorales soient des lois favorables pour lui », a déclaré vendredi un représentant de Nasa, la coalition de l’opposition, lors d’une conférence de presse.

Après la décision surprise de la Cour suprême d’annuler le scrutin du 8 août, Raila Odinga avait conditionné sa participation à une modification en profondeur des règles et de la composition de la Commission électorale kényane (IEBC). Des requêtes auxquelles l’institution avait répondu mardi matin par une fin de non-recevoir. Quelques heures plus tard, le candidat de l’opposition décidait de se retirer de la course.

« Sa stratégie est finalement assez cohérente, analyse Pierre Jacquemot, chercheurs à l’IRIS et ancien ambassadeur de France au Kenya. Considérant que les mêmes causes produisent les mêmes effets, il a décidé de se retirer, en exigeant la tenue d’un nouveau processus électoral. »

Sauf que l’hypothèse d’un report du scrutin semble peu probable, compte-tenu du délai constitutionnel de deux mois pour organiser une nouvelle élection et de la promulgation imminente des amendements à la loi électorale.

Dès le 10 octobre, le président Kenyatta avait d’ailleurs donné le ton en déclarant sur son compte Twitter qu’il n’hésiterait pas, « même une minute, à signer les nouveaux amendements à la loi qui me seront présentés après le débat et l’approbation du Parlement ». Un empressement auquel s’ajoute à la signature vendredi d’un budget spécial de 12 milliards de shillings kényans (soit 98 millions d’euros) pour l’organisation du scrutin du 26 octobre.

La dose d’incertitude de l’IEBC

De son côté, l’opposition semble déterminée à jouer la même partition, quitte à s’appuyer sur la rue. Malgré l’interdiction du gouvernement, des manifestations ont éclaté vendredi dans les principales villes du pays. D’après plusieurs témoins interrogés par l’AFP, deux opposants ont été tués par balle lors de heurts avec la police à Bondo, une ville dans l’ouest du Kenya. Il s’agirait des premiers morts depuis les violences qui avaient suivi l’élection controversée du 8 août. La Commission nationale kényane des droits de l’homme avait alors recensé au moins 37 morts, dont 35 tués par les forces de l’ordre.

Une situation délétère, à laquelle l’IEBC a rajouté une dose d’incertitude, en assurant mercredi que le retrait de Raila Odinga n’avait pas été entériné. Ce dernier n’aurait en effet pas rempli le bon document. En outre, la Commission a indiqué prendre acte du jugement rendu mercredi par la Haute Cour de justice, qui prévoit que les huit candidats présents au scrutin du 8 août pourront concourir à celui du 26 octobre. Une décision à laquelle le président Kenyatta semblerait d’ailleurs vouloir faire appel, selon la télévision locale Citizen TV. « Au Kenya, les élections sont toujours un moment de règlement de comptes, analyse le chercheur Pierre Jacquemot. Si le statu quo perdure, les tensions risquent de s’exacerber. »

 

Avec Ja

5 Commentaires

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