Plateforme de concertation, de plaidoyer, de lobbying mais aussi d’actions à portée socio-économique, l’Association des femmes de l’Afrique de l’ouest (Afao) suit de près l’évolution de la covid-19 dans la sous-région ; plus particulièrement son impact sur les femmes. Sa présidente régionale, Khady Fall Tall, estime que les femmes sont les plus affectées par la pandémie du fait des obligations multiples qui leur incombent dans l’armature sociale – entre les tâches ménagères, la gestation ou encore les activités génératrices de revenus qu’elles mènent au profit des ménages. Elle évoque, à titre d’exemple, la fermeture de la circulation interurbaine ou encore la fermeture des loumas qui impacte sur les activités des femmes productrices et transformatrices de produits agroalimentaires. D’où le bien-fondé des mesures d’accompagnement déployées par l’Etat et des bonnes volontés, comprenant l’Afao, allant dans le sens de distribuer des kits alimentaires aux ménages. La présidente de l’Association des femmes de l’Afrique de l’ouest estime que la pandémie impose à l’Afrique un changement de paradigme. Un mal pour un bien si on en tire les enseignements idoines. Une occasion pour elle de remettre en question les prévisions des oiseaux de mauvais augure, et les visées paternalistes vis-à-vis du continent. Khady Fall Tall se réjouit que l’hécatombe prédite pour le continent ne se soit pas réalisée. Elle énonce même une certaine forme de résilience face à la pandémie, en dépit des moyens limités.
« La mal gouvernance tue le développement dans l’œuf »
De la même manière, la présidente de l’Association des femmes de l’Afrique de l’ouest apporte la réplique à ceux qui estiment que la pauvreté de l’Afrique est due à une « démographie galopante ». Bien au contraire, affirme-t-elle, la jeunesse et la fécondité du continent sont une richesse inouïe, pour peu que l’on sache en faire bon usage. Le problème de l’Afrique n’est pas la fécondité mais plutôt l’éducation. Il nous faut prendre impérativement prendre cette question à bras le corps pour évoluer. L’Afrique concentre les deux tiers des terres arables de la planète, elle dispose en bonne réserve de ressources que le monde entier convoite, il faut que nous parvenions à nous doter de bonnes ressources humaines pour inverser la tendance. Et cela ne peut se faire sans une mise à niveau de nos systèmes éducatifs note-t-elle en substance. Au demeurant, elle indique que si la Chine pèse aussi lourd aujourd’hui, c’est du fait de son assiette démographique. C’est aussi grâce à sa démographie que le Nigeria est devant au niveau de l’Afrique de l’ouest. Au-delà de ces questions, Ndèye Khady Fall Tall ne manque pas d’évoquer le substrat socio-culturel. Elle milite en faveur d’un retour à soi identitaire pour effacer des siècles d’acculturation. Insistant sur la question éducative, elle ajoute que tout doit être mis en œuvre pour sauver l’année scolaire en cours au Sénégal, d’autant que les autres secteurs d’activité sont en passe d’être “déconfinés”. En conclusion, la présidente de l’Afao ne manque pas de rappeler une triste réalité : la mal gouvernance chronique tue dans l’œuf l’initiative de développement.